Chapitre 7

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Pdv E :
Après avoir amené Rose en retard à l'école et être allé la rechercher, je décidais que nous pouvions rentrer à la maison pour faire des crêpes et y passer l'après-midi. Elle n'avait pas école la deuxième moitié de la journée du mercredi et bizarrement, c'est quand je m'occupais d'elle que j'étais le plus heureux. Je ne me sentais pas seul, elle me faisait rire. De plus, Mary était à la fois ma sœur et ma meilleure amie, il était donc normal que je lui rende ce service qui n'était en aucun cas une corvée.

Une fois nos chaussure retirées et un gros pull enfilé, Rose s'installa sur le canapé, une bande dessinée à la main. Elle semblait si petite dans le sweat que je lui avait mit... et pourtant, du haut de ses 8 ans, elle était la plus grande de sa classe. J'accroche mon plus beau tablier : un magnifique tissu vert sur lequel est écrit un jeu de mot vraiment nul, « Wok N'Roll »... c'est pour ça que je l'aime bien. Puis me mit immédiatement au travail. Je sorti toute une ribambelle de saladiers et d'ustensiles en tout genres, la recette de la pâte à crêpe et me mis à mélanger les ingrédients, à les peser, ...

Je sentis alors une présence dans mon dos, je pris une grande inspiration, me retourna vivement et, d'une vitesse fulgurante, j'abattis mon doigt plein de pâte sur ce petit bout de nez. En voyant sa tête encore sous le choc, je ne pu m'empêcher de rire aux éclats. Rose ne tarda pas à me rejoindre dans cet élan de bonne humeur.

« - Hahaha, tontooooon ! J'ai tout fait pour être la plus discrète du monde !
- Tu ne l'es pas encore assez pour vaincre le grand dragon que je suis ! »
Je la pris dans mes bras, la souleva et la fit tourner dans la cuisine, son visage était si lumineux...

Soudain, je m'imagina que cet enfant était le mien et que si je me retournais, je pourrais voir Livaï lisant sur le canapé. Quoi ?!? Mais pourquoi lui ? Je ne comprend pas... mon esprit aurait plutôt eu tendance à rêver de Mike que de cet homme que je connais à peine.

« Qu'est-ce qu'il y à tonton ? »
Je n'entendis cette petite voix que de très loin, comme un simple murmure. Puis, mes idées se remirent en place et je revins sur Terre. Les yeux de Rose me fixaient avec une intensité légèrement déstabilisante, me rappelant le regarde de Naile, son père et mon meilleur ami. Nous étions un beau trio, lui, Mary et moi, et les voir se rapprocher puis se marier était la plus belle chose qui pouvait m'arriver.

« Ne t'inquiète pas ma puce, le gros monstre tout moche est juste content de s'occuper d'une petite princesse ! »

Je m'accroupi et vint lui déposer un bisou sur la joue et elle se mit à glousser comme une idiote en enfouissant sa tête dans mon épaule.
Si seulement Ackerman était là...
N'importe quoi Erwin, ressaisis-toi putain !

L'après-midi se déroula dans une merveilleuse ambiance, et c'est lorsque la couleur du ciel commença à décliner que la petite cessa de remuer dans le canapé. Sa bouche était légèrement entrouverte et un petit filet de bave en découlait. Cela aurait pu passer pour quelque chose de dégoutant mais moi je trouvais ça drôle. Je pris donc la pause à ses côtés et fit une grimace lorsque l'appareil photo s'activa. « Je la ressortirais à sa majorité » pensais-je avec un léger sourire sadique.

Vers 19h, la sonnette retentit dans toute la maison. Je vint ouvrir et découvrit le visage fatigué de ma meilleure amie. Je la fit entrer, lui mit un plaid sur les épaules et une tasse fumante dans les mains. Nous restions ainsi un certain temps à discuter. Cela faisait longtemps que je ne lui avait pas parlé de cette façon. Je voulais avoir de ses nouvelles et la rassurer. Elle a peur pour Rose. C'est son unique fille et est assez fermée comme enfant, elle va peu vers les autres et a peur de leur parler. De ce fait, elle est considérée comme l'enfant « fantôme » de sa classe. Etre avec moi lui fait du bien et c'est réciproque. Mary est inquiète et l'absence de Naile n'arrange pas les choses. Et pourtant, elle devait s'y attendre en se mariant avec un militaire...

Après une longue heure de discussion, je me dirigea vers le canapé, souleva la petite encore endormie et accompagna Mary jusqu'à sa voiture. J'y déposa Rose, referma la portière et pris ma sœur dans les bras avant de lui dire au revoir.

La porte claqua en se refermant et le silence s'abattit à nouveau sur moi. Bon, je me vais pas me laisser abattre ! Je me fis donc un petit repas, alluma la cheminée et sorti mon livre préféré sur l'étude des psychoses chez l'adulte. Un livre traitant de la psychiatrie et merveilleusement bien écrit. Si j'avais pu, j'aurais aimé être psychiatre mais mon père voyait les choses autrement. En tant que professeur d'histoire, il ramenait toujours l'étude de la psychiatrie aux horreurs de la Shoah. De ce fait, il considérait ce métier dégradant pour une personne ayant réussi à faire médecine. Je ne suis pas en train de dire que je n'aime pas ma profession mais je pense seulement que ce n'était pas celle qui m'était destinée.

La chaleur des flammes m'entourait agréablement et je sentais mes paupières tomber mollement. Je me leva donc et me dirigea vers ma chambre. Dès que j'atteignit mon lit, je me laissa tomber dessus et m'évader dans un monde plein de rêves.

Je réveil sonna, ma semaine se déroula sans accros. J'allais à l'hôpital, je rentrais et je dormais, cela pendant 6 jours d'affilé. J'aimais travailler beaucoup pour ensuite me reposer quand l'heure était venue. Et c'est pour cela qu'à partir de ce soir, soit mardi, je ne retravaillerais pas avant samedi. C'est tellement agréable de se dire que j'ai enfin trois vrais jours de repos. D'autant plus que ce soir je retourne voir M.Ackerman. Je n'ai cessé de penser à lui et la simple idée de le revoir me rend nerveux. Il m'a surement déjà oublié mais le revoir, ne serait-ce qu'un instant, me rend terriblement heureux. Son air blasé me manque !

Erwin voyons, qu'est-ce que tu racontes ? C'est peine perdue avec Livaï ! Tu devrais plutôt te concentrer sur Mike. Oula, je commence à me parler à moi-même... je deviens fou, IL me rend fou.

Je me dépèche de rentrer chez moi pour me doucher et me changer. J'ai beaucoup dormi la nuit dernière afin d'être en pleine forme ce soir. Finalement, je passe plus d'une heure à me préparer. Je ne suis pas satisfait de ma coiffure mais me vois dans l'obligation de m'y soumettre. Je met une simple chemise blanche rentrée dans un pantalon droit. J'accroche mon collier favoris, c'est une pierre verte qui m'a été offerte lorsque j'étais allé au Niger pour une mission humanitaire. Une fois prêt, j'enfile mon long manteau noir et me dirige, légèrement stressé, vers le théâtre.
Cette fois-ci, j'ai pris la décision d'y aller à pied pour n'avoir aucun regret après la prestation.

La musique vient du coeur [eruri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant