Juin - 1.

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— Mauvaise nuit ?

Victor acquiesça faiblement et étouffa un bâillement. Il s'écroula un peu plus sur la table, grommelant contre son insomnie. En face de lui, Arthur sourit aimablement et lui tendit un gobelet :

— Tiens, ça devrait t'aider. Attention, c'est chaud.

Le brun tendit la main et attrapa le gobelet. Victor l'examina d'un regard rapide et huma les bonnes fragrances d'un chocolat chaud bienvenu. Il se redressa, souffla dessus et l'approcha de ses lèvres.

— Hum, c'est brûlant ! gémit-il.

— Je te l'avais dit, lança Arthur.

Victor soupira en reposant sa boisson. Il la contempla d'un air absent. Au moins, elle avait eu le mérite de le sortir de l'état léthargique dans lequel il se complaisait depuis son arrivée au lycée. Il repensa avec dépit à son lit et aux heures de sommeil qu'il avait perdues.

— Je connais ça, dit Arthur. Je n'ai pas un très bon sommeil...

— Je vois...

Victor se massa tranquillement les tempes, sentant la migraine pointer le bout de son nez. Il jeta un coup d'oeil à son cadet. Les deux garçons s'étaient croisé par hasard au détour d'un couloir, et comme ils avaient une heure de libre, Arthur lui avait proposé de se joindre à lui. D'abord peu décidé, Victor avait fini par accepter.

— Je... Je voulais te parler d'un truc, en fait...

— Ah ? Je t'écoute.

— Je... Je voulais juste savoir... comment allait Yann. J'ai croisé Pauline tout à l'heure, mais... Je... Elle est un peu effrayante, rit doucement Arthur, gêné.

— Effrayante ? s'amusa Victor. C'est vrai que moi aussi, elle me fait peur parfois !

Un frisson lui passa dans le dos quand il se souvint de cette prise de catch qu'elle lui avait faite un jour en apprenant qu'il avait mangé le dernier bonbon. Effroyable.

— Mais elle n'est pas si méchante, t'inquiète.

— Qui n'est pas si méchante ?

Un nouveau frisson fit trembler tout son corps. Il chercha du regard son compagnon d'infortune qui lui confirma silencieusement ce qu'il avait déjà compris. Victor se retourna doucement. Quel cauchemar...

Pauline, qui le toisait de toute sa hauteur, les sourcils diaboliquement froncés, posa une main peu rassurante sur l'épaule de l'imprudent.

— Euh... Personne... bégaya Victor.

— Je préfère, mon chou, sinon...

Le concerné n'avait pas besoin d'entendre la fin de la phrase pour savoir ce qu'il se passerait ensuite... Il déglutit difficilement. Arthur, à ses côtés, n'en menait pas large non plus. Blême, l'élève de première ne bougeait plus.

— Enfin bref ! sourit la jeune femme, se parant de nouveau d'un visage angélique. Je voulais te voir. Je viens de croiser Alex dans les escaliers et j'avais complètement oublié que je devais aller la voir ce soir. Du coup, je vais pas pouvoir te ramener.

— Ah... Euh... Ok. De toute façon, je comptais passer voir Yann, ce soir, avant de rentrer.

— Tu sais qu'il a besoin de repos...

— Ouais, je sais. Mais il me manque trop...

La pression sur son épaule se fit plus amicale. Pauline acquiesça, puis fit un petit sourire au plus jeune :

— Yo, Arthur, lui lança-t-elle.

— Sa... Salut Pauline, répondit-il. Tu vas bien ?

— Ouais, ça peut aller. Et toi ?

Lie tes raturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant