6 : 00 a.m

377 51 24
                                    

Ils mettent bien vingt minutes, contournent la colline de Nantan jusqu'à s'arrêter face à un portail en bois au pied de la bute.

Katsuki se tourne vers Shoto, lui sourit avant de passer les battants, grimpant les marches de pierres plates qui délimitent le sentier. En haut, se trouve un bâtiment ouvert. Plusieurs statues de Bouddha sont installées ici et là. Une lanterne se balance depuis une poutre à l'entrée. Les toits incurvés, pointant vers le ciel pour renvoyer les mauvais esprits de là où ils viennent ; les couleurs brunes et rougeâtre, mêlant bois, argile et poudre de brique ; les tuiles noires et les parures d'or. Une porte coulissante est ouverte face à eux, ils croisent une femme qui prend le chemin inverse au leur.

Le temple de Nanyo-ji se dresse fièrement devant eux.

Katsuki s'avance dans le temple, se dirigeant directement à l'opposée de la bâtisse. Toujours derrière lui, Shoto le suit, le nez levé vers les multiples décoration qui la composent. Il est presque surpris de s'arrêter, devant un petit banc de bois sombre, juste au bord de la colline. Il offre une vue imprenable sur l'ensemble de Nantan et à l'instar de son ami, il dépose son sac au sol avant de s'asseoir à ses côtés.

Sur la gauche, un petit niwaki étend ses branches, ses aiguilles rencontrant les feuilles, –vertes à cette période de l'année –, de l'érable japonais qui le surplombe de deux ou trois mètres. Shoto ne peut s'empêcher de le dévisager.

— Nous ne sommes pas au milieu de nul part, n'est-ce pas ? demande-t-il dans un souffle.

Mêlé à celui du vent, ce dernier se perd autour d'eux pendant quelques secondes. Atterrissant dans les tympans de Katsuki, celui-ci sourit, prit la main dans le sac.

— J'habite en bas, à de petites rues d'ici. Mais tu sais, on n'est jamais vraiment perdu quand on voyage à l'aveugle. L'arrivée n'est inconnue que par celui qui ne la visite pas.

— C'est un bel endroit, je l'admets.

Les lèvres de Katsuki s'incurvent, un mélange d'amusement et de satisfaction.

— Et ? commence-t-il. Comment as-tu trouvé le trajet ?

Son attention captée, Shoto le regarde un moment, croisant ses chevilles sous les planches du banc. Ses épaules s'affaissent légèrement tandis que son dos se courbe dans une position moins retenue, plus détendue. Qu'est-ce qu'il peut bien lui répondre ? C'était un trajet comme un autre, comme celui qu'il fait habituellement lorsqu'il rentre à Ōtsu. Un peu plus long cependant et avec la certitude que la capitale de Shiga n'était pas son arrêt. Et puis, même s'il ne se l'avoue pas encore, il a passé plus de temps à observer les doigts de Katsuki, posés sur la tablette accrochée au siège. Jamais une main ne l'avait attiré à ce point. S'il en avait eu le courage, il aurait levé la sienne pour emmêler leurs phalanges et les garder bien serrées entre elles jusqu'à la fin.

— C'était long.

Là, tout de suite, il ne peut rien dire de plus alors qu'à nouveau, ses yeux trouvent ceux de Katsuki, et que l'index de celui-ci rencontre soudainement l'extrémité du majeur de Shoto. Dans sa cage thoracique, le cœur de l'adolescent rate un battement. Affolé, précipité. Il n'en comprend même pas la cause. Ce n'est pas comme si c'est la première fois qu'ils se tiennent la main.

— Tu le referais ? questionna Katsuki dans un murmure.

Sur le même ton, Shoto lui répond :

— Je ne saurai pas où aller...

— Si je suis avec toi, tu viendras ?

La réponse ne se fait pas attendre.

— Oui.

Katsuki sourit, ne trouvant pas d'idée de réponse qui peut être aussi plaisante à l'oreille. Chatouillant le creux de ses côtes, de son estomac.

Ils ne parlent pas pendant de longues minutes. Non pas d'un silence qui nous rend mal à l'aise, mais plutôt d'un silence qui exprime mille mots. Une discussion, écho à des centaines d'autres qui ne retentissent jamais dans les cieux. Ce genre de silence qui veut dire tout et rien à la fois. Un courant d'air chaud et d'air froid. Glaçant les lèvres qui ne se meuvent pas, réchauffant les cœurs de ceux qui partagent cet instant secret, commun à une minute écoulée.

Ils restent l'un à côté de l'autre, observant le déclin de l'étoile solaire dans le ciel. Shoto passe la plupart du temps à détailler les feuilles à cinq piques de l'érable, le regard de Katsuki coincé sur ses épaules. Lorsque les yeux vairons du garçon tombent à nouveau sur une statue de pierre, il se rappelle alors l'endroit dans lequel il se trouve.

— J'ignorais que tu étais bouddhiste, dit-il à la cantonade.

Katsuki hausse les épaules.

— Ce sont plus mes parents. Je n'ai jamais connu plus impliqué dans une philosophie que mon père. Je ne le suis pas vraiment dans mon cas. J'adhère à certaines valeurs mais sans plus.

Cela l'amuse. Plusieurs fois, dans le passé et dans son entourage, cette question était revenue. Il lui est à chaque fois répété que c'est parfois étrange de l'imaginer bouddhiste alors que son visage exprime colère et mépris malgré lui.

— Tu... Tu viens souvent ici ? demande Shoto, hésitant.

— Le plus souvent, avant un voyage. Seul surtout. Mais je viens aussi avec ma famille. Même s'ils n'y croient pas tellement, ils m'accompagnent juste. Il m'arrive de venir comme cela aussi, par simple envie ou pour des évènements. D'ailleurs si tu veux, on pourrait revenir ici pour l'équinoxe de printemps ! Qu'est-ce que t'en penses ? Tout le temple sera décoré pour l'occasion, c'est super beau !

Shoto hoche la tête légèrement, acceptant sa proposition. Cela ravit son ami dont le visage s'illumine. Au même instant, un vent frais traverse leur corps, provoquant un frisson coordonné. Bien que le soleil ait tapé toute la journée, rien ne garantit que les températures de saison perdent un rythme annuel.

Katsuki se lève, tend sa main à son ami. Ce dernier s'en empare et s'y appuie afin de se redresser à son tour. Il ne dit rien en revanche lorsque la paume qui tenait la sienne s'éloigne. Il est juste un peu plus attristé.

Cette fois-ci côte à côte, ils reprennent le même chemin, dans le sens inverse, et sur les tons d'une conversation légère.

Un bon quart d'heure plus tard, lorsqu'ils s'approchent d'une maison mitoyenne à la façade terne, le garçon aux cheveux blonds est coupé au milieu de sa phrase par la voix cassée d'un inconnu. À la fenêtre, un collégien lui fait un signe de la main.

— Kacchan ! s'écrit ce dernier.

•••••••••

Bonjour ! Comment ça va ?

On apprend des choses sur Katsuki aujourd'hui ! Ce n'est que le début en plus héhé. Quand j'ai écrit le chapitre, j'ai essayé d'imaginer un Katsuki bouddhiste puis j'ai compris que ça relever de l'ordre du surnaturel xD 

D'ailleurs, le bouddhisme n'est pas la première religion pratiquée au Japon. C'est en réalité le Shintoïsme qui domine ! 

Le temple (Je n'ai pas grand chose à dire après xD C'est pas le temple le plus connu de la ville, au grand contraire...) :

Le chapitre vous a plu ?

Ops! Esta imagem não segue nossas diretrizes de conteúdo. Para continuar a publicação, tente removê-la ou carregar outra.

Le chapitre vous a plu ?

Des bisous, Koala. 

Prochain arrêt [TodoBaku]Onde histórias criam vida. Descubra agora