Dilemme au Jollofland

Chapitre 21: Confie-moi ton cœur !

"Il suffit d'un instant. Un regard. Une rencontre. Pour bouleverser une existence. La bonne personne, le bon moment. Le caprice complice du hasard." Guillaume Musso, Central Park

Fatima Zahra KASSÉ

Le fameux dicton dit que la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit. Tant mieux pour moi dans ce cas, de toute façon, j'ai très peur des orages alors coup de foudre et compagnie, je peux très bien m'en passer.
Mais qu'en est-il de l'amour alors ? Peut-on rencontrer le grand Amour plusieurs fois dans une vie ? Grand Amour est d'ailleurs un bien grand mot. Reformulons ! Peut-on aimer plusieurs fois au cours d'une vie ?
Ceci est une très bonne question Fatima Zahra ! Pensais-je.

Ce que je vais dire n'engagera que moi mais j'ai toujours été convaincue que les amours les plus solides sont celles qui ont pris le temps d'être forgées, construites par l'expérience et pas mal d'épreuves, celles qui ont muries avec le temps.

Que les adeptes du coup de foudre se rassurent, je ne leur nie pas la solidité de leur amour ni même sa puissance mais dans ma conception à moi, l'amour ne peut pas surgir de nulle part, juste comme ça, comme par magie. Il est bien possible de tomber sous le charme d'une personne dès le premier regard mais quant à parler de l'amour le vrai, il faut du temps pour le construire.
L'euphorie du début finit forcément par tomber à un moment ou à un autre.
A l'entame d'une nouvelle relation, chacun essaie de mettre la meilleure version de soi sur la table et c'est tout à fait normal car on est dans une phase de séduction. Avec le temps cependant, les masques finissent par tomber... peut-être pas les masques finalement car on ne cherche pas forcément à paraître ce que l'on n'est pas mais les vrais « djikkos » (personnalités) ressortent et c'est composer avec ça, c'est-à-dire les défauts et qualités de l'autre qu'on pourra réellement construire un sentiment solide, capable de résister aux aléas de la vie et à l'épreuve du temps.

Je l'ai déjà dis et je vais le répéter car s'il y a une chose que mon métier m'a apprise par cœur, c'est que la répétition est pédagogique. Donc tout mon grand discours précédent est juste la conviction intime de Fatima Zahra KASSÉ, libre aux autres d'être en accord ou pas car après tout chacun sa conception, chacun son vécu et chacun ses arguments.

Par ce bel après-midi d'été, le soleil tapait encore très fort même après 17h. La chaleur est quasi étouffante et l'envie de farniente est le sentiment le mieux partagé en ce moment. Un de ces jours où l'on ne veut rien faire d'autre que de se trouver un coin tranquille et paresser en espérant un peu de fraîcheur bienvenue.

-Alors comme ça tu es médecin Khalil ? Demandais-je.

Ibrahim Khalil GUISSÉ est passé à la maison... disons que depuis un certain temps, il ne se fait pas trop rare à la demeure des KASSÉ. Mes parents l'apprécient beaucoup, il faut avouer qu'il est très charmeur et il a la conversation facile. Il peut rester des heures à discuter avec papa de Coran et de Hadiths, il est en effet très investi dans sa religion. Ils discutent aussi de politique, de sport, de santé et que sais-je encore.
Mère Khadija Rassoul quant à elle, fidèle à elle-même, ne manquait jamais de lui faire goûter à ses bons petits plats.
Un jour où maman lui avait servi ses fameux "accras" succulents à l'extrême, ce gros macho s'était permis de me sortir en s'extasiant la bouche pleine :

-Si tu cuisines aussi bien que ta maman, je t'épouse dans la minute qui suit. C'est une vraie tuerie ces petits beignets !

-Ça, c'est tout maman Khadija Rassoul ! Elle est un vrai chef cuisinier et surtout, elle cuisine avec son grand cœur, ce qui fait toute la différence ! Je suis certes sortie de son école mais jamais, je ne lui arriverais à la cheville. Il n'y en a pas deux comme elle ! ... Je suis désolée de te décevoir de ce côté là, il va te falloir revoir tes critères ! Lui avais-je alors rétorqué avec un grand sourire amusé.