Une présence paralysante

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C'était écrit.
Je voyais cette phrase, écrite sur papier. Je peinais encore à le réaliser moi-même, mais le voir, voir ces mots clairs, nets et précis, déclenchèrent chez moi une nouvelle vague de larmes.
Comment ? Comment je pouvais vivre en voyant toutes les personnes qui sont mortes et toutes celles qui ont souffert de l'apparition des démons, alors que mon existence en dépend ?
J'avais peur.
Je ne voulais pas mourir. Mais est-ce que je méritais vraiment de vivre ?
      - Les mots et les idées qui t'ont été implantés ne pourront jamais être effacés. Ce sont des cicatrices qu'il te faudra apprendre à accepter.
Kazaro-san...
      - Tu as le droit de vivre (t/p), ne laisses personne te dire le contraire...
Papa...

Désolée Kazaro-san.
Je ne crois pas mériter de vivre, mais je refuse de laisser derrière moi tout ce que papa et vous m'avez dit, et je crois en vous.
Papa a dit que je méritais de vivre, alors je refuse d'abandonner.
Je ferais tout pour que mon existence mette fin à celle de Kibutsuji. Je n'ai pas le droit de perdre avec tous les cadavres qui s'empilent derrière moi. Je ferais regretter à ce monstre de m'avoir mise au monde ! Je refuse de mourir avant d'avoir vengé mon père et tous les morts qu'il y a eu depuis un siècle.
Je vous jure que je n'abandonnerais pas...

Je continuai à écrire, les larmes ne coulant plus. Je me sentais mieux ; mettre toutes mes craintes dans cette lettre à mon maître m'apaisait et me soulageait.
Lorsque j'eus fini, je confiais la lettre à mon corbeau qui s'envola par la fenêtre. Je rejoignis la chambre où les trois garçons ronflaient, Nezuko et Tanjiro blottis l'un contre l'autre. Je m'allongeai entre la jeune fille et Zenitsu, complétement épuisée. Dans son sommeil, elle se retourna et me saisit la main.
Nezuko...
Je serrai la main de la jeune Kamado en souriant.
Je ne laisserais personne te faire du mal.

     - Vous êtes rétablis.
Après cinq jours passés à la maison des glycines qui, d'après nos corbeaux, accueillaient tous les pourfendeurs en guise de remerciements après avoir été sauvés par le passé, nous avions tous les quatre totalement récupéré. Je pouvais de nouveau me servir de mes deux bras et mes deux jambes sans aucune douleur.
Enfin ! Ça fait du bien !
J'étais en train de prendre en main mon sabre pour vérifier de l'état de ma poigne lorsque le corbeau de Tanjiro et le mien pénétrèrent là où nous étions réunis tous les cinq.
     - Nord-nord-est ! annonça celui du garçon, Rendez-vous au nord-nord-est !
     - Tous les quatre direction le mont Natagumo ! cria mon oiseau encore une fois trop prêt de mon oreille, Direction le mont Natagumo !
     - Oui ! Par pitié épargne mes tympans je comprends très bien !
     - ON SE DÉPÊCHE !!!

Nous revêtîmes nos uniformes de pourfendeurs et, après avoir remercié notre hôte de son accueil, nous partîmes en direction de ce mont, sous les cris d'Inosuke et de Zenitsu.

     - Stop ! Arrêtez-vous !
Le jeune homme blond venait de nous crier cet ordre alors que nous approchions maintenant de la montagne et de la forêt qu'elle abritait.
     - Qu'est-ce qu'il y a Zenitsu ? demanda Tanjiro.
     - On y est presque !!! Je flippe !!! cria-t-il en se recroquevillant sur lui-même.
     - Pourquoi il est par terre ce type ? demanda Inosuke avec mépris, Il me dégoûte.
     - TU PEUX PARLER FACE DE SANGLIER !!! protesta le désigné en nous pointant du doigt, Je suis parfaitement normal ! C'est vous les cinglés ! Vous ne sentez rien émaner de cette montagne ?!!
Je n'écoutais plus les plaintes de Zenitsu. Mon regard était rivé sur la forêt.
Je sens leur présence de si loin...
Une marque de démon enveloppait la montagne d'une pression écrasante qui me faisait trembler. Une brise glacée me gifla la joue et je crus sentir une main à cet endroit ; une main froide et dénuée de chaleur.
C'en est forcément une...
     - Zenitsu.
Le jeune homme baissa le volume de ses plaintes et je senti le regard des trois garçons sur moi.
     - La peur qui t'anime est effectivement des plus normales qui soit, dis-je, les poings serrés, les démons sont terrifiants. En un instant, ils peuvent détruire tellement de vies heureuses que s'en est effrayant. En une seconde, les proches avec qui on riait gisent dans une mare de sang, sans que tu ne puisses rien faire.
     - Tu es faible.
     - Mais il est possible de mettre fin à toutes ces souffrances. Les démons ne sont pas invincibles, on peut les tuer. Et, en ce qui me concerne, je refuse de rester les bras croisés lorsque des innocents sont en danger. Je ne les laisserais plus gagner.
Je senti une main se poser sur mon épaule et vis Tanjiro à côté de moi, sourcils froncés. Sans nous concerter, nous acquiesçâmes en même temps et nous précipitâmes dans la forêt, Inosuke sur nos talons.

KIMETSU NO YAIBA : Les liens tissés par le temps (Girl Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant