Phillippe Mendes

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M. Mendes s'avança dans l'entrée, et apparu, bientôt, dans l'embrasure de la porte de la salle à manger. Charlie le fixa, en sentant ses yeux commencer doucement à se mouiller. Il était grand, quelques rides de la cinquantaine parcouraient son visage, il avait ce teint pâle que Charlie avait toujours arboré, sans jamais le retrouvé chez sa mère, qui, elle, avait un splendide teint de pêche, toujours un peu rosé. L'homme était blond platine, et ses cheveux commençaient à prendre une teinte blanche grisâtre. Il était habillé d'un costume noir, une chemise blanche parfaitement repassée et des chaussures en cuir, noires, soigneusement cirées. M. Cortesia arriva juste derrière lui, après avoir déposé le manteau et le sac de son employeur, respectivement sur les crochets du couloir devant la porte d'entrée, et dans le bureau de M. Mendes dont la porte se trouvait juste adjacente à celle donnant sur la rue, et dans lequel Charlie avait été interdite de poser le moindre pied. Phillipe fixa, à son tour, sa fille, d'un regard si froid qu'il trahissait à la perfection toute l'anxiété qu'il tentait de cacher au plus profond de lui. Il croisa finalement les même yeux bleu nuit qu'il voyait chaque jour dans son miroir, il resta, un instant, tétanisé face à se visage quasi pareil au sien. Ce fut M. du Lac qui vint brisé ces retrouvailles crispées.

« _ C'est à cette heure que vous rentrez, monsieur ? » questionna-t-il pour détendre l'atmosphère.

Ce fut sans succès, M. Mendes coupa simplement contact visuel avec sa fille et alla pendre place à côté de son fils pour diner, sous le regard blessé et déçu de cette dernière. Le repas se termina sans le moindre mot, ni regard. Charlie alla aider M. Cortesia pour la vaisselle et le rangement, dans la cuisine, M. Mendes s'était déjà enfermé, comme à son habitude, dans son bureau, pour travailler sur divers chose que Charlie ne comprendrait même pas, se dit-elle. Tim passa le reste de la soirée dans sa chambre, quant à M. du Lac, il était rentrée chez lui, il avait simplement décidé de diner, exceptionnellement chez les Mendes ce soir, pour ne pas laisser sa collègue gérer ces retrouvailles houleuses, seule. Même si la soirée avait été, objectivement, catastrophique sur ce point, Cole se dit que finalement, ça n'avait pas été pire que ce qu'il avait pu prévoir. Charlie se coucha, ce soir-là, pour la première fois dans sa nouvelle chambre, elle se glissa dans ses doux draps violet pastel, qu'elle finirait peut-être par apprécier au fil du temps, espéra-t-elle, silencieusement, enfouis dans son grand lit, seule, dans cette nouvelle ville, terriblement seule, incroyablement seule, pour toujours et à jamais seule.

Le lendemain matin, elle fut tirée des bras de Morphée par son téléphone qui sonnait, elle décrocha et sauta du lit en entendant la voix de Peter à travers le combiné. Elle se leva avec hâte et tenta de se réjouir du retour de ce dernier dans sa vie le plus silencieusement possible. Elle se rendis dans le jardin pour discuter de tout et de rien avec lui, puis finit l'appel par un simple sourire qu'elle savait, pertinemment, déjà sur les lèvres de Peter, même de l'autre côté de l'Atlantique. Elle resta, un instant, rêveuse, sur son banc en pierre, encore humide de la rosée du matin, quand une voix la tira de cette trans poétique.

« _ Qui était-ce ? » questionna une voix qu'elle ne reconnu pas.

Elle releva la tête et son sourire disparu instantanément lorsqu'elle vit son père de l'autre côté de la baie vitrée, grande ouverte, vêtu d'un long peignoir en soi bleu marine, tenant une tasse de café dont la vapeur s'échappait en petit filament, virevoltant dans une gracieuse danse au-dessus du récipient. Elle n'avait même pas reconnu la voix de son père, elle serra ses petits doigts autour de son téléphone à cette pensée. Elle se releva et s'avança prudemment vers lui.

« _ C'était juste un ami de New York. Répondit-elle, finalement, après qu'elle minute.

_ Oh ! s'étonna Phillipe, un sourire malicieux au visage, on sait maintenant d'où Charlie le tient. Et on peut connaître le nom de cet ami ? demanda-t-il, amusé.

Slizy n' PouffyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant