CHAPITRE I

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ㅤㅤㅤㅤㅤㅤㅤㅤSIEG PRÉFÉRAIT SE FAIRE DISCRET, à cette époque

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ㅤㅤㅤㅤㅤㅤㅤㅤSIEG PRÉFÉRAIT SE FAIRE DISCRET, à cette époque. Peu importait à quel point il était fier d'avoir obtenu son brassard rouge de citoyen d'honneur, une partie de lui avait toujours l'impression qu'il faisait tache ; sa couleur sanglante ressortait bien trop par rapport à sa chemise blanche, à son goût, comme si le porter n'était qu'un rappel d'à quel point il était monstrueux, ayant déjà anéanti plus d'un pays grâce à sa capacité de shifter.
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Depuis la mort de M. Xaver, l'ancien détenteur du titan bestial, le blond se permettait de porter les lunettes de ce dernier, pas seulement en souvenir mais également en l'honneur de sa figure paternelle. Il considérait sincèrement cet homme bienveillant comme le père qu'il n'avait pas eu, vouant une haine inégalable à son véritable géniteur. Plus il grandissait, plus il le détestait et comprenait à quel point sa souffrance n'avait rien de normal - se surprenant même à songer au fait que tous les eldiens n'avaient pas connus un malheur comparable au sien ou un traumatisme aussi marquant, pendant l'enfance.
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Mais qu'en était-il de cette petite fille solitaire ?
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Il l'appercevait tous les jours. La modeste école primaire qui se situait dans Revelio se trouvait être plutôt proche de sa maison à lui ; lorsqu'il rentrait après de longues journées en dehors du camp, Sieg remarquait les nombreux groupes d'enfants qui sortaient du bâtiment laid. Il n'avait pas passé énormément de temps dans cette école lui-même - ayant été poussé à rejoindre la formation des futurs guerriers par ses propres parents, au jeune âge de sept ans. La petite lui avait rappelé sa camarade Annie au début, à cause de sa démarche ennuyée et sa tendance à rester loin de ses congénères. Son regard azur qu'il avait accidentellement croisé une fois, pendant quelques secondes avait aussi quelque chose à voir avec cette mystérieuse ressemblance. Malgré tout ça, elle avait également un air de Pieck, ses cheveux de jais étant très négligément coiffés en une queue de cheval, ses cernes faisant visiblement partie apparente de sa bouille et enfin, son allure voûtée, son corps maigre donnant l'impression qu'elle pourrait tomber d'épuisement à tout moment. Tous ces détails ne pouvaient que lui faire remonter des souvenirs de son amie.
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Cette Annie-Pieck - avec un nez en trompette - intriguait Sieg plus qu'autre chose. Il avait une impression de déjà-vu en la regardant. Qui était-elle ? Pourquoi restait-elle autant à l'écart des autres ? Avait-elle besoin d'aide ou était-elle juste un peu associable sur les bords ? Était-elle détestée par ses camarades ? Se faisait-elle harceler ? L'actuel détenteur du titan bestial ne pouvait stopper cette curiosité qui pourrait être vue comme dérangeante par d'autres personnes. En plus d'y percevoir ses compagnons à travers ses gestes, cette enfant lui avait tout l'air de n'être qu'une version plus jeune de lui-même. C'était une façon bien égocentrique de voir les choses, mais il ne pouvait pas s'empêcher d'y croire : cette fillette devait vivre un calvaire similaire au sien.
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Mais quand bien même son désir d'en avoir le cœur net poussait presque ses jambes à se diriger vers le mystérieux personnage, l'esprit du jeune adulte restait plus conscient du fait qu'il ne devrait pas agir de la sorte. Ce serait faire preuve d'immaturité, d'après l'argument de son cerveau, même si le besoin de remettre cette idée en question était présent lui aussi.
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Alors, pour des raisons évidentes, Sieg passait son chemin à chaque fois que la possibilité de parler à la petite fille s'offrait à lui. Même ce jour là.
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      Elle semblait prête à verser des larmes, cette fois-ci. Créant encore plus de distance entre elle et ses camarades, elle ne faisait que de lents petits pas pour se diriger, sans doute, vers son chez-soi. La gamine se frottait les yeux toutes les cinq secondes, ces derniers, rouges et gonflés, se défendant contre la menace des larmes et des sanglots bruyants, se battant pour retenir leur chagrin. Même avec la distance raisonnable qui les séparait, le titan bestial était capable de percevoir une tristesse sans pareille, à la surface de ses prunelles, jadis, gelées. La glace de ses yeux fondait, se transformant en un océan de malheur. Impuissant, il n'avait fait que la laisser partir, se préparant néanmoins à lui adresser la parole dans les jours suivants.
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