M'aimeras-tu encore ?

Chapitre 42 : Partie de poker avec la vie.

Cela faisait quatre jours depuis l'appel d'Ángel et enfin, avec plus d'une semaine de retard sur la conclusion de Sergio en à peine quelques heures, la police scientifique en était arrivée à la conclusion suivante : c'était prémédité, quelqu'un avait vraiment tenu à faire enlever Paula. Mais bien entendu, comme d'habitude, ils ne savaient pas encore qui. Cela exaspérait d'ailleurs Sergio qui se demandait bien pourquoi ces gens étaient de la police alors que même des gamins auraient été plus rapides pour remonter le fil des adresses IP d'emprunt et des pare-feux.

Tous les jours, bien entendu, Raquel et Sergio se rendaient à l'hôpital pour aller voir Paula. La petite allait de mieux en mieux en vérité. Elle était la depuis déjà une bonne semaine à présent et les médecins estimaient qu'il était nécessaire de la garder une semaine de plus en observation. Ça n'avait pas posé problème à l'enfant qui s'était fait une amie dans l'hôpital, une certaine Carolina qui avait neuf ans. Cette dernière était là suite un malaise assez violent du fait qu'elle l'ait fait dans les escaliers de son école primaire. Résultat : traumatisme crânien assez sévère, un bras dans le plâtre et une cheville foulée. Tout ça car sa mère lui avait soutenu le matin même que non ce n'est pas parce qu'elle était tombée malade et qu'elle était épuisée qu'elle ne pouvait pas aller en classe. Mais bon, après une semaine passée dans les couloirs blancs de l'hôpital, Carolina pouvait sortir le lendemain. Enfin. Paula était un peu triste de perdre son amie mais celle-ci lui ayant promis de venir la voir et de se revoir après sa sortie avant son déménagement prévu dans trois semaines, Paula était plus sereine.
De son côté, Raquel était heureuse de voir que sa fille allait mieux. Elle semblait doucement se remettre et cela la rassurait beaucoup. Elle était retournée une fois au Hanoï avec Sergio et cette fois-ci, une table spéciale loin des caméras leur avait été gardé. Ils avaient pu passer une soirée normale comme un couple normal.

Parfois, Raquel se demandait à quoi aurait ressembler sa vie si Sergio n'avait pas été un braqueur de banque mais elle en arrivait toujours à la conclusion que de un, elle ne l'aurait probablement pas rencontré ou bien l'aurait évité le plus possible car elle ne se serait surement pas sentie à l'aise qu'on tente de venir la draguer... De deux, elle savait aussi qu'il aurait  été différent de celui qu'il était maintenant car toute conséquence ayant une cause première, ses expériences de vie auraient été bien différentes et son caractère ainsi que sa personnalité en auraient forcément pâtis d'une manière ou d'une autre. Hors, sa personnalité était justement ce qui l'avait attiré en premier et ce qui lui plaisait tant à présent. S'ils avaient été dans une autre vie, sûrement qu'elle n'aurait même pas pris la peine de lui parler, préférant fuir les présence masculine plutôt que de tenter de rester proche de l'un d'eux. Raquel en était donc arrivée à la conclusion que non, une vie de normalité ne lui aurait probablement pas convenu. Elle avait connu la norme et à présent, elle la trouvait profondément ennuyeuse. Avec Sergio, elle avait l'impression que chaque jour était différent et qu'aucun ne se ressemblait. Elle n'avait plus l'impression d'être prisonnière d'un film que l'on mettrait en boucle tous les jours. Elle se sentait à sa place à présent.

Pour Sergio, c'était à peu près pareil sauf qu'il était sûr que même dans une réalité alternative, Raquel lui aurait plu mais cependant, il n'aurait jamais, au grand jamais, osé l'aborder d'une quelconque manière. Il n'avait jamais été doué pour les relations humaines alors avoir réussi à vivre cinq mois avec la bande avant le braquage et parvenir à être en couple ainsi que rendre Raquel heureuse tenaient du miracle à ses yeux. Sa conclusion avait bien fait rire Raquel quand il la lui avait donné durant leur dîner au Hanoï, quand ils en avaient discuté ensemble à voix haute. En vérité, sans le braquage de Sergio, rien ne se serait passé entre eux. En arriver à cette conclusion les avaient tellement bouleversé d'une manière qu'ils ne sauraient expliquer qu'ils avaient prouvé à l'univers entier le soir-même combien ils pouvaient s'aimer.