Première nuit

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     Ce serait vous mentir de vous dire que je n'ai pas recommencé. Depuis un mois, au moins trois fois par semaines, j'appelais Stiles et l'emmenais pour passer une nouvelle nuit torride dans la même chambre d'hôtel qui nous voyait sans arrêt revenir. Échangeant baisers, et caresses, elles se terminaient toujours trop rapidement. Aussitôt fini, il se rhabillait et me laissait seul pour le reste de la nuit. Et quand on ne se voyait pas, nous compensions en discutant par texto, bien que jamais d'informations personnelles ne soient échangées entre nous. J'avais beau continuer de le voir, j'étais juste devenu un client régulier, mais il ne s'embarrassait pas de me parler de sa vie. Ce qui comptait, c'était qu'il me donnait le sexe et que moi je lui donnais l'argent. Echanges de bons procédés. D'ailleurs, heureusement, depuis que nous avions mis en place ce quotidien il s'était débarrassé de sa fâcheuse manie de me voler mon argent. En même temps, j'en dépensais tellement dans ses services qu'il n'avait plus du tout besoin de m'en chaparder. 

     Ce soir encore, après s'être effondré dans nos draps à bout de souffle, je le vis s'asseoir au bord du lit à la recherche de ses vêtements. Il attrapa son caleçon et se leva pour l'enfiler, se tournant vers moi en réarrangeant ses cheveux.

     - Sûr qu'on ne refait pas un deuxième tour avant que je parte?
     - Sûr. Si tu veux qu'on continue de se voir aussi souvent, je ne peux pas dépenser trop en une fois.
     - TU veux qu'on se voit aussi souvent. A t'entendre, on dirait que c'est moi le client.
     Il rit, ramassant son pantalon et enfilant une jambe après l'autre. Il referma son bouton, tirant son téléphone de sa poche pour vérifier ses textos.
     - Dis moi Stiles.
     - Hm?
     - Tu donnes ton numéro de téléphone à tout tes clients?
     - Non, seulement à ceux qui me font bonne impression.
     Il rangea son téléphone à sa place, puis il ramassa son t-shirt pour l'enfiler à son tour.
     - Et je t'ai fais bonne impression moi alors?
     - T'as mon numéro non?
     Je souris, hochant la tête à cette pertinente remarque. Je m'approchai alors du rebord du lit, lui attrapant le poignet pour l'amener de nouveau vers moi, l'y faisait poser un genou pour se pencher au dessus de moi. Il plaqua sa main sur mon visage, m'écartant de sa vue d'un air râleur.
     - Si tu me dis que tu veux un deuxième tour finalement, tu vas aller te faire foutre, et pas par moi. Je suis déjà rhabillé.
     - S'il te plais Stiles, passes la nuit ici pour une fois.
     Il haussa un sourcil, surpris de ma doléance et se releva immédiatement en ramassant sa chemise. Je m'assis sur le matelas, ne comprenant pas son rejet.
     - Quoi tu ne veux pas?
     - Je t'ai dis d'aller te faire foutre si tu voulais encore baiser ce soir Derek.
     - Non, non ce n'est pas ce que je t'ai demandé. Je t'ai demandé de passer la nuit ici.
     - Quelle différence?
     - Je veux dormir avec toi, pas faire de sexe.
     Il laissa tomber sa chemise par terre, croisant les bras avec un air plus perdu que tout ceux qu'il m'avait déjà lancé auparavant.
     - On peut savoir ce que tu me chantes encore Derek?
     - J'ai envie qu'on dorme ensemble. C'est pourtant simple.
     - T'es au courant que je suis une pute au moins? Non parce que c'est quand même dingue que tu penses que mon travail consiste aussi à faire des petits câlins. Je dois aller me trouver d'autres clients moi je te rappelle.
     - Je te paierai.. 
     Il frappa son visage du plat de la main, se mettant à tourner en rond dans la pièce. A en voir sa réaction, c'était la première fois qu'un de ses clients lui faisait une telle demande. Il s'arrêta, joignant les mains devant lui en essayant d'analyser la situation.
     - Laisse-moi reformuler. Tu veux me payer pour passer la nuit avec toi, pas pour coucher avec moi mais juste pour dormir?
     - C'est ça.
     - D'accord, t'es complètement con.
     - Mais pourquoi ! On s'en fiche de ce pourquoi je te paye, tant que le temps passé avec moi est totalement décompté à la fin non?
     Il dû s'asseoir pour encaisser les kilos de conneries qu'il venait d'entendre. Il me fixa, devant certainement sonder mon âme pour vérifier si je n'étais pas définitivement cramé. Puis il soupira et retira à nouveau son t-shirt.
     - Ça vaudra toujours mieux que de me faire sauter par un petit vieux qui a besoin de tirer sa crampe avec un minet pour se faire une seconde jeunesse.
     - Alors c'est bon tu restes?
     - Ouais, mais je te préviens je vais te facturer cher.
     - Tant pis. J'ai envie que tu restes avec moi.
     Il retira le reste de ses vêtements, me rejoignant dans notre lit. Il resta allongé sur le dos, à l'écart. Il ne savait vraiment pas où se mettre. Je ris légèrement, amusé de voir que le malaise avait changé d'ôte.
     - On peut savoir pourquoi tu ris Derek?
     - Approches Stiles c'est ridicule là.
     Je le pris contre moi, et il posa instinctivement sa main contre mon torse. Après un temps d'adaptation, il se laissa finalement blottir un peu plus, se détendant légèrement.
     - Je me sens ridicule Derek.
     - Mais non.. Arrêtes et détends-toi un peu..
     - J'ai jamais connu un client aussi barré que toi, et pourtant Dieu sait que j'en ai vu.
     - On pourrait arrêter de parler de ton boulot pour ce soir Stiles?
     - Je suis encore entrain de travailler techniquement. De quoi on pourrait parler d'autre de toutes façons
     Je réfléchis à un sujet de conversation, et en repassant en revue les questions que je m'étais déjà posé à son propos, je m'arrêtai sur une qui me rendait particulièrement curieux.
     - Je t'ai vu une fois travailler sur ton ordinateur au café. Qu'est-ce que tu fais dans la vie en dehors de ça?
     - Ce que je fais dans la vie? C'est super privé ça non? Tu veux pas me demander autre chose?
     - Allez fais un effort..
     - Bon, bon. Très bien.
     Il haussa les épaules, commençant à caresser mon torse sans vraiment s'en rendre compte. Il soupira, se mettant dans une position un peu plus confortable, appuyant sa joue contre mon épaule alors que ma main s'ajouta à ses cheveux en les faisant jouer autour de mes doigts.
     - Je suis étudiant en intelligence artificielle en troisième année.
     - Mais c'est super impressionnant ça !
     - Si tu le dis.
     - Et ça consiste en quoi?
     - En gros dans mon domaine, je dois faire en sorte que l'intelligence avec laquelle je travaille soit capable de faire de la reconnaissance d'images. Pour ça elle s'aide d'une banque de données que j'alimente et en fonction de ce que je lui dis sur ces données elle repère les similitudes entre toutes pour établir ce qu'elle voit. Si je lui donne assez d'images, elle sera en mesure de déduire l'élément que je lui dis de reconnaître. C'est un peu comme faire des captchas mais en plus professionnel.
     - C'est quoi des captchas?
     - C'est les images que te fais reconnaître Google pour vérifier que tu n'es pas un robot tu sais.
     - Oh !
     - Donc, par exemple, pour reconnaître un chien, elle va devoir reconnaître que ses oreilles sont des oreilles, que son museau est positionné de telle ou telle façon, ou déduire que vert n'est pas une couleur existante dans les variétés de pelages possibles. Tu vois?
     Il leva les yeux vers moi pour s'assurer que je suivais mais tomba seulement sur mon expression subjuguée. Jamais je ne me serais douté que le petit prostitué du coin de la rue soit en fait un génie des IA. Surtout qu'il avait une manière d'expliquer qui rendait le tout particulièrement facile à comprendre, c'était très pédagogue. Même si évidemment je me doutais qu'il simplifiait beaucoup le tout pour que je sois en mesure de me figurer dans les grandes lignes ce sur quoi il travaillait.
     - Euh, détends-toi Derek. C'est pas aussi fou que ça en a l'air.
     - Mais tu travailles dans une discipline honorable et avec beaucoup de débouchées. Comment ça se fait que tu te retrouves à vendre ton corps à côté?
     - Le matériel que j'utilise coûte très cher et est à mes frais. Rien que mon ordinateur doit être capable de supporter mes programmes ainsi que toutes mes données, mes cours et.. Enfin bref, avec le peu de revenus de mon père pour m'aider à payer mes études et le prix de mon loyer mêlé à celui de mon matériel, il m'a vite fallu une solution pour joindre les deux bouts.
     - Je vois.. Et ta mère elle ne t'aide pas?
     Il marqua une pause dans ses réponses, semblant troublé de ma dernière interrogation. Je devinai donc que j'avais abordé un sujet qu'il aurait mieux fallut éviter. Mais avant que je n'en change il me dit.
     - Ma mère est morte quand j'étais petit. Mon père ne s'en étant jamais remis et donc n'a pas fais de second mariage, on n'a jamais eu de deuxième revenu pour subvenir à nos besoins depuis.
     - Je suis désolé Stiles.
     - Ne le sois pas. C'est la vie.
     - Ma mère aussi est morte.
     - Ah oui?
     - A vrai dire, mon père et ma sœur aussi. Dans un incendie. Seule ma sœur Cora et moi-même avons survécu.
     - Oh je.. Je suis désolé..
     - Ne le sois pas. C'est la vie.

     Je lui souris, puis me permis l'audace de déposer un léger baiser sur son front. Le rouge nous monta tout deux aux joues alors que nos regards ne se quittaient maintenant plus. Un déglutit se fît entendre dans ma gorge tandis que mon cœur s'accélérait dans ma poitrine. Stiles comprit la situation, se redressant sur les coudes pour venir joindre nos lèvres avec une douceur que nous n'avions pas encore échangé jusqu'ici. Ma main se glissa sur sa joue, lui rendant son baiser. Il n'y avait aucune perversité dans nos intentions cette fois-ci, juste une compassion pathétique mutuelle qui nous avait mené à un moment de tendresse l'un envers l'autre. Il rompit finalement le baiser, regardant calmement mes lèvres en caressant mon visage.

     - Finalement.. C'est pas si mal de travailler pour quelques câlins..

     Il s'assit sur mon bassin, enlaçant ma nuque en liant à nouveau nos lèvres alors que mes mains s'animèrent contre son dos, partageant une étreinte rassurante. Nos caresses et nos baisers durèrent longuement, ne franchissant jamais la barrière du sexuel, avant de finalement nous endormir l'un contre l'autre sans avoir quitté nos bras.

Hooker Stiles ( Sterek Fanfiction FR ) [R18]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant