Prisme

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(Stiles) " Je rend enfin mon projet cet après-midi ! Je laisse le téléphone à la maison pour éviter toute perturbation. Souhaite-moi bonne chance ! Et je propose qu'on se retrouve au café ce soir, ok ? :) J'ai hâte de te voir jte jure ! Mon petit cul tient plus en place~ Bon allez je go me débarrasser de cette merde. A ce soir ! "

     Ce fut le dernier message que je reçus de Stiles. Je ne m'embarrassai pas à répondre, sachant que de toutes façons il ne verrait pas mon petit mot. J'étais évidemment plus qu'excité de pouvoir enfin le retrouver ! Mais j'étais aussi particulièrement nerveux. Ma sœur n'était même pas là pour me soutenir dans ma tourmente, elle passait la journée, et probablement la nuit, chez Lydia. Je tournais en rond dans mon salon doré par le soleil traversant la vitre, dévoré par l'impatience. Heureusement que je pouvais compter sur ma journée de travail pour m'aider à passer le temps ! Et puis je devais m'y rendre à pieds maintenant, une bonne marche allait certainement me faire du bien. L'air frais, tout ça. 
     Ce qui ne marcha pas du tout. Arrivant devant mon lieu de travail, je ne pu m'empêcher de regarder sans relâche notre café quotidien qui nous accueillerait au soir pour fêter la fin de son projet autour d'une bonne boisson. Et probablement ensuite faire un détour par la chambre d'hôtel qui ne nous avait pas vu revenir en ses murs depuis un bon moment.
     Le sourire aux coins des lèvres, je rentrai dans mes bureaux, me faisant faire remarquer par tout mes collègues que j'avais incroyablement bonne mine aujourd'hui. C'était le cas car je me voyais particulièrement incapable d'effacer l'expression heureuse de mon visage. 
     Arrivé dans mes locaux, je regardai à nouveau la façon dont tout était rangé bien à sa place. Je croisai les bras, mordant ma lèvre pour y chasser le sourire qui s'y trouvait, le remplaçant par une bouche tordue d'embarrassement. Tapant légèrement du pied, je me fis la remarque que ce bureau était beaucoup trop triste en comparaison de mon humeur. Je venais de mettre le doigt sur l'erreur dans cette pièce, elle n'avait aucune couleur. 
     Je me saisis d'un carton et commençai à tout retirer, m'étant motivé pour tout réorganiser. Déplaçant les meubles et changeant les éléments, j'essayai de donner un aspect beaucoup plus agréable à la pièce. Je fonçai même dans le bureau des fournitures pour essayer de me procurer de nouvelles affaires. Classeurs, pochettes et stylos, tous rassemblés donnant les nuances de l'arc-en-ciel. Ramassant quelques plantes posées par-ci par là, je vins les disposer un peu partout dans mon bureau pour y ajouter un peu de verdure. C'est alors que je fus frappé par la touche manquante, repensant au projet de Stiles qu'il devait rendre aujourd'hui. Un ordinateur.  A force d'entendre le jeune brun me parler de ses cours que je faisais semblant de comprendre, je m'étais finalement demandé "mais pourquoi pas?". Je m'étais débarrassé de ça depuis longtemps dans mon bureau, m'étant toujours dis que je détestais la technologie parce que je n'y saisissais absolument rien. Mais c'était l'occasion ou jamais d'essayer de m'y remettre non?
     De retour aux fournitures, je me mis à fouiller la pièce à la recherche d'une tour ainsi que d'un écran. Erica, passant devant la porte pour se rendre aux archives, s'arrêta avec surprise pour me regarder tirer de sous la poussière un vieux moniteur qui souleva beaucoup trop de poussière lorsque je soufflai dessus. Elle rit et reprit son chemin, m'abandonnant à mon exploration. Je ramenai le tout à mon bureau, installant ces derniers éléments à leur toute nouvelle place.
     Contemplant mon travail qui m'avait prit toute la matinée et posant fièrement les mains sur mes hanches, je hochai la tête avec satisfaction, trouvant tout de suite la pièce beaucoup plus à mon goût. La bonne humeur qui m'habitait m'avait servi de motivation pour donner une nouvelle vie à cet endroit, et je ne regrettais pas un seul instant d'enfin m'y être mis.

     - Arf je ne comprends rien !

    Et oui, avoir voulu me relancer sur un ordinateur ne changeait pas le fait que j'étais nul pour les utiliser. Tapant sur les touches et cliquant un peu partout pour essayer de me sortir de ce merdier, j'abandonnai tristement mes efforts pour me concentrer sur mes dossiers manuscrits. L'après-midi se passa dans la frustration doublée de mon impatience qui commençait à crever le plafond. Les aiguilles ne semblaient pas avancer, pire, elles donnaient même l'impression de reculer. Je n'arrivais plus à me contenir.
     Voulant absolument amoindrir mon calvaire, je quittai le travail en avance pour aller faire deux ou trois achats à l'épicerie. Dans mon panier se tassèrent donc un paquet de sucettes et un bouquet de fleurs. Pas de mon initiative, il était tombé dans mes mains et je n'allais tout de même pas le reposer. Quand même.

     A présent, j'attendais à ma place habituelle, enchaînant les cafés, ce qui n'aidait absolument pas à me maintenir calme. Fixant les passants se précipiter d'un bout à l'autre de la vitrine, tirant tous une tête qui traduisait leur quotidien répétitif et sans couleurs. Je fis tilt de quelque chose à cet instant. C'est en balayant la salle du regard que je me rendis compte qu'effectivement j'étais la seule personne à sourire de tout le café. Est-ce que tout était toujours aussi insipide autour de moi? Ou est-ce que je m'en rendais compte seulement maintenant? Je faisais partie de ces visages tristes et inspirant l'ennui avant? Je croisai les bras, m'arrêtant sur cette réflexion.
     Mes yeux olive se posèrent alors sur le bouquet, illustration même des dites couleurs auxquelles j'avais fais allusion juste avant. Je le pris entre mes mains, en détaillant chaque pétale, chaque cœur, la disposition des brins, profitant de l'odeur que le tout dégageait lorsque je l'agitais sous mon nez. C'était le bouquet de fleurs que j'avais acheté pour Stiles. C'était lui, c'était Stiles. Je comprenais tout maintenant. C'était Stiles qui m'avait donné envie d'être curieux alors que rien ne m'intéressait jamais. C'était Stiles qui m'avait fait comprendre que même si le monde n'était pas rose il était bon de profiter de ce qu'on avait. C'était Stiles qui m'avait aidé à me relever après mon accident. C'était Stiles qui me donnait le sourire chaque fois que je voyais son nom s'afficher sur l'écran de mon téléphone. C'était Stiles qui me donnais envie d'être une meilleure version de moi-même. C'était Stiles qui avait teinté ma vie qui jusqu'ici n'était qu'un triste camaïeu de gris. C'était Stiles mon prisme de couleurs. C'était Stiles la flamme qui m'avait toujours manqué.

     L'heure du rendez-vous s'affichant désormais sur mon écran, je me mis à attendre pour de vrai l'arrivée du garçon tant désiré. Dix-sept heures pétante. J'attendis. J'attendis. J'attendis.. Et j'attendis.... Encore... Les aiguilles de l'horloge suspendue au dessus de la porte du café ne cessaient d'avancer et Stiles n'arrivait toujours pas. J'essayais de me rassurer, me disant qu'il finirait bien pas venir. Avait-il seulement décidé d'une heure précise pour notre rencontre? Pas du tout. Je devais seulement avoir une notion différente de "ce soir". Il n'était que dix-huit heures, il n'y avait pas de quoi paniquer.
     Alors j'attendis. Encore. Et encore. Dix-neuf heures déjà. Je jetai un coup d'œil à mon téléphone pour ne voir s'y afficher aucun message. Je me mordis la lèvre, hésitant à envoyer un sms. Puis finalement.

(Derek) " Je t'attends. Dis-moi quand tu arrives d'accord? "

     J'attendis une réponse. Encore. Encore. Mais toujours rien. Pas un signe de vie de la part du jeune homme qui commençait à sérieusement se montrer en retard. Déjà vingt heures. Je décidai d'appeler son téléphone, mais il sonna dans le vide et me redirigea vers sa messagerie. L'heure suivante, je lui passai trois coups de téléphone qui aboutirent au même résultat.
     A vingt-et-une heure, je quittai ma place avec peine, le café sur le point de fermer ses portes. Je repartis avec mon bouquet à la main, fané par le temps et la déshydratation. Un dernier regard se jeta vers l'emplacement entre les poubelles, mais personne n'y attendait.Traînant les pieds, je me ramenai jusqu'à la maison, n'ayant plus qu'une seule envie : enfouir ma tête sous mon oreiller et attendre que le monde ne s'effondre autour de moi. Stiles m'avait posé le pire lapin qui soit.

     C'est tard dans la nuit, vers environ une heure du matin, que mon téléphone s'excita sur ma table de chevet, me tirant d'un sommeil pénible et pleins de mauvaises ondes. Lassé, j'attrapai l'appareil pour l'amener à mon visage, me cramant bien les yeux avant de me faire surprendre par le nom s'y affichant. Stiles. Je décrochai, grommelant avec irritation.

     - T'as intérêt à avoir une bonne excuse pour avoir bousillé d'abord ma journée et maintenant ma nuit Stiles.
     Mais aucune réponse ne se fît entendre. Seule une respiration lourde et douloureuse fît écho à ma voix. Je fus tout à coup pris de peur, me redressant assis dans mon lit.
     - Stiles?
     - ...
     - Stiles !
     - Derek..
     La voix de Stiles était encombrée de sanglots et il semblait même avoir du mal à parler. Sa respiration ne se calma pas, étant même maintenant accompagnée par ses dents que j'entendais claquer à l'autre bout du fil.
     - Stiles qu'est-ce que tu as? Tu m'inquiètes, ça va?
     - Pitié.. Par pitié Derek.. Viens me chercher..

Hooker Stiles ( Sterek Fanfiction FR ) [R18]Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt