Amethys Layne - Tome 2 (en cours)

Lazy, lazy day.

NATE

Pendant que le beurre crépite, je jette un oeil sur l'écran de mon smartphone. Le rectangle lumineux affiche le dernier SMS reçu en date. Zoé me raconte qu'elle a passé la nuit chez Jordan, elle me parle aussi du chien qui ronfle mais son message est trop long pour s'afficher entièrement.

Je plonge la louche au coeur du saladier et prélève un peu de pâte que je transfère sur la poêle fumante. Le cercle chantonne et titille mes narines de son odeur chaude. La crêpe épaisse se trouve rapidement pleine de bulles. Je glisse la spatule par-dessous et cuit la partie crue avant de la disposer dans une assiette en ardoise.

L'histoire entre Zoé et Toby n'aura pas durée longtemps. Cet enfoiré de première a merdé avec une nana durant son stage. D'après lui, ça aurait été le coup de foudre et il n'a rien pu faire. Bien trop accaparé par mes sentiments contraires à l'époque, je n'ai pas eu le courage de lui flanquer la rouste de sa vie. Et au fil du temps, j'ai bien compris que Zoé n'avait aucun mal à s'en remettre. Elle se la coule douce avec un serveur à bouclettes blondes depuis plusieurs semaines. Elle est heureuse, quoi qu'un peu agacée par son animal de compagnie.

Edgar est un sharpeï croisé qui possède un surpoids non dissimulé. D'après ma petite-soeur, il est au régime depuis des lustres mais rien n'y fait, la « boulette », comme elle le prénomme, ne perd pas un gramme.

Une pile de pancakes est disposée sur le plan de travail quand Amethys débarque au salon en se tortillant pour s'étirer, la bouche grande ouverte et les cheveux en bataille. Après un bâillement qui n'en finit plus, elle expire un long soupir et se frotte les yeux vivement.

— Si tu continue, tu vas perdre la totalité de tes cils.

J'avance vers elle et encercle mes bras autour de sa taille. Je pose les lèvres sur son front chaud.

— Bien dormi ?

— hmm. Pas assez.

Elle s'installe sur un tabouret, sa mâchoire s'ouvre de nouveau.

— C'est de ta faute.

Elle fronce les sourcils en fixant le sol et grogne d'une voix pâteuse.

— J'avais besoin de savoir si Ragnar allait retrouver sa femme. Je l'aime pas l'autre.

— Moi non plus, ricanè-je.

Un mince sourire égaye sa mine, elle croque dans son petit-déjeuner en observant le levé du soleil. Quelques courageux joggers profitent de la marée basse et des premiers rayons. L'eau est teintée d'une palette orangée et de petites vagues s'écrasent à leurs pieds. Un groupe de mouettes s'égosille avant de disparaitre de l'autre côté de la plage. J'ai entrouvert la baie-vitrée tout à l'heure pour profiter au mieux du calme reposant.

— Où en est cette peinture ?

Un mug fumant en main, je scrute le chevalet en bois, sur lequel repose un croquis hachuré.

— J'ai commencé les tracés, je ne vais pas tarder à y apposer les couleurs.

— Je suis certain qu'il sera magnifique.

— Je suis ravie de ne pas travailler aujourd'hui. Peut-être que je m'y attellerais.

Elle remplie le lave-vaisselle puis nettoie le bois couvert de miettes.

— Tu as repensé à ce qu'il s'est passé hier soir ?

— Oui.

— Et donc ?

— Je ne connais pas ce mec.

— Peut-être un client ?

Elle pince les lèvres en hochant la tête de gauche à droite.