𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈

10 1 0
                                    

            À l'arrivée de ces trois personnes, plusieurs clients ont décidé de quitter la taverne, sans même terminer leurs chopes de bière. Quelques chaises tombèrent, car certains se hâtèrent de partir. Bien évidemment, aucune d'elles ne furent relevées, mais j'en avais l'habitude. Dans ce genre d'endroit, l'alcool affluait rapidement dans le sang, et même un regard innocent peut être pris de travers, ce qui dégénère vite en bagarre. Une chose était sûre, soit leur présence inquiétait, soit elle dérangeait au point que leur soif fut coupée. Le dénommé Erwin Smith pris place sur l'un des tabourets du comptoir et il fut rapidement rejoint par la femme qui les accompagnait. Cette dernière portait des genres de lunettes, je n'étais pas certaine que ce soit vraiment des lunettes. En revanche, si c'était le cas, c'était très original. Ce qui m'interpellait immédiatement chez elle, c'étaitce sourire qui ne l'avait pas quitté depuis qu'elle avait franchi la porte dela taverne.

"Je m'appelle Hange Zoe, dit-elle me tendant sa main, que je serrai, Nous sommes désolés d'avoir fait fuir la clientèle. C'est bon tu as terminé ?"

            Elle avait prononcé cette dernière phrase en se tournant vers le dernier homme qui les accompagnait. Il avait quitté l'entrée de la taverne, pour se diriger vers une table où trois clients étaient restés assis. Je ne les avais pas remarqués et ils semblaient espérer finir leurs bières avant de quitter les lieux. Cependant, cet homme aux cheveux noirs, qui s'était dirigé vers leur table, les observait avec un regard si sombre, que moi-même, j'aurais aimé quitter la taverne.

"C'est bon quatre yeux, tu permets ? avait-il renchérit sans la regarder, Dégagez bande d'ivrognes.

Tu parais encore plus renfrogné que quand tu vivais ici, remarqua l'un des hommes."

            Nous étions tous les trois témoins de ce qui allait se passer. Nous vîmes son visage s'assombrir encore plus et finalement, Hange se détourna en marmonnant "Il n'aurait pas dû dire ça". Quant à Erwin, il regardait toujours, comme pour être prêt à intervenir si la situation dégénérait, mais quelque chose me disait qu'il ne le ferait pas. Décroisant les bras, leur compagnon s'approcha plus encore de la table et les deux autres hommes assis le regardaient, tout en buvant leurs breuvages. Ils jetèrent néanmoins un regard noir à leur ami, qui avait répondu peu avant.

"Écoute moi bien, commença-t-il, Je n'ai pas vraiment envie de me salir les mains en te touchant, mais si tu veux finir ta bière, je peux t'aider et tu boufferas la chope en même temps."

            Je fus interloquée par ces paroles et menaces proférées envers un client. Étant la seule personne présente et donc responsable de la taverne, je lançais un coup d'œil à Erwin et Hange, attendant que l'un d'eux intervienne. Mais seule Hange me rendit mon regard, tout en haussant les épaules. Finalement, l'un des trois hommes se leva, lâchant la chope de bière.

"C'est bon, on va s'en aller. On veut pas plus de problèmes, on en a suffisamment en vivant ici. Rena on te paiera dans la semaine, annonça-t-il avant de partir, entraînant les deux autres."

            Ce qui venait de se passer sous mes yeux m'a tellement perturbée, que je n'avais pas réagi. Puis je me souvins que c'était à moi, qu'Erwin avait demandé si j'avais quelques minutes à leur accorder. En regardant de nouveau leurs capes, la couleur et le blason qui représentait des ailes me rappelaient quelque chose dont j'avais du mal à me souvenir. Les habitants des bas-fonds parlaient souvent d'eux et de leurs exploits au-delà des murs. Mon regard se posa sur le troisième soldat, qui venait de prendre place sur un troisième tabouret. Il regardait la taverne avec un air de dégoût.

"Voici Livaï Ackerman, me présenta Erwin Smith, Caporal de notre Brigade. Pardonnez-moi, je n'ai pas eu le temps de vous demander comment vous vous appelez, mademoiselle ?

Rena Fraser. Enfin je ne comprends toujours pas pourquoi vous...

Fraser ? me coupa le Caporal Livaï, C'est ton nom de famille ?

Oui, pourquoi ce nom vous dit quelque chose ?"

            Je le regardais, attendant une réponse qui ne vint pas. Pour me donner de la contenance, je sortis trois chopes propres que je déposai sur le comptoir. La main d'Erwin m'arrêta dans mon élancée. Peut-être allais-je savoir le motif de leur présence ici.

"Nous ne sommes pas venus ici pour mettre la pagaille dans votre taverne, expliqua Erwin, Le Bataillon a été chargé d'enquêter sur une bande de malfrat qui serait descendu dans les bas-fonds, nous ignorons encore leurs motivations.

C'est le boulot des Brigades Spéciales à l'origine, mais ce ne sont que des bons à rien.

Ooooh Livaï, soit moins grincheux, intervint Hange, Dis-toi que c'est comme chasser du titan, mais en petite taille."

            Le Caporal croisa de nouveau les bras, lâchant un soupir, tandis que Hange accepta une boisson offerte. Erwin quant à lui, refusa, n'étant pas attiré par ce genre de boisson. Je n'osai pas en proposer au Caporal.

"Vous attendez quelque chose venant de moi ? Car je ne sais pas en quoi je pourrais vous être utile.

Nous souhaitons simplement recueillir un maximum d'informations sur cette bande. Il paraîtrait qu'ils pillent et brûlent des tavernes semblables à la vôtre.

L'établissement ne m'appartient pas, expliquai-je, Le propriétaire vient peu, mais j'ai entendu parler des pillages. Malheureusement, tout est encore assez vague."

            Normalement, je devrais les informer de la venue de ces hommes dans cette taverne. J'ignorais tout de même s'ils étaient à l'origine de ce qu'il se racontait ces derniers temps, mais je devais avant tout penser à ma mère et ma sœur, qui comptait toutes les deux sur moi pour ramener l'argent nécessaire à notre survie. Si du jour ou lendemain, je perdais mon travail à cause des magouilles de mon patron, je ne préfère pas imaginer ce que nous deviendrions.  Je pensais ensuite aux conséquences qui pouvaient en découler. Je serais la première à être suspecté, alors si je décidais de tout leur dire, il me fallait une garantie pour notre sécurité, négocier notre transfert en haut, quitter les bas-fonds. Par conséquent, je devais avoir plus de temps pour y réfléchir et pour en parler avec ma famille.

"Si vous me donnez un peu de temps, je pourrais laisser mes oreilles trainer ici et là, et vous faire un compte rendu.

Le temps n'est malheureusement pas de notre côté. Si nous revenons d'ici cinq jours, cela vous laisse suffisamment de temps ? me demanda Erwin."

            En principe, ce mois-ci, il devait y avoir une réunion à la taverne. Je n'avais aucune connaissance de la date exacte. Tout ce que je savais, c'était que cette réunion se déroulerait un soir très tard dans la semaine, jamais le week-end. J'avais devant moi, cinq jours et je n'avais qu'à espérer que la réunion tombe bientôt. Mon regard allait de Hange, qui buvait tout en attendant ma réponse, en passant par Erwin, qui en faisait autant, jusqu'au Caporal Livaï qui ne m'accordait aucune attention, mais qui, je le sais, attendait également. Finalement, je hochai la tête. Cette décision que je venais de prendre afin de les aider, venait d'être prise sans réfléchir, mais si c'était mon ticket pour quitter les bas-fonds, j'assumerais toutes les conséquences et prendrais en charge toutes les responsabilités.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Apr 18, 2021 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

You get me so highWhere stories live. Discover now