Chapitre premier : Vers de nouveaux horizons

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Avril 1861, Baltimore, Maryland.

Un bruit de verre qui se brise retentit dans toute la propriété, me réveillant aussitôt. Alarmée, je me lève et cours vers la porte-fenêtre donnant sur le balcon de ma chambre. Je tire prudemment les rideaux et aperçois au dehors la lumière de torches. Des individus se dessinent à la lumière de celles-ci et de la lune haute dans le ciel. Je les vois s'approcher de la porte d'entrée ; ils sont armés. L'un d'eux tend le bras et une détonation se fait entendre, achevant de rompre le calme de la nuit et la tranquillité de notre propriété.

- Mademoiselle !

La voix affolée de Mary, l'une des domestiques, me fait sortir de la torpeur dans laquelle j'étais plongée jusqu'à présent. Elle vient me prendre par le bras.

- Ce sont des Confédérés ! Il faut vous mettre à l'abris tout de suite !

Elle m'entraîne sans attendre hors de ma chambre et dans le couloir du 1er étage, tandis que nos assaillants achèvent d'enfoncer la porte.

- Où est William ? Je demande.

- Monsieur n'est toujours pas rentré !

Les émeutiers, nous apercevant alors, se ruent vers nous tandis que l'un d'entre eux commence à se battre avec Thomas, notre majordome, en bas de l'escalier. Des bras me séparent de Mary violemment et je tente de me débattre en donnant des coups. L'homme qui tente de m'immobiliser me fait alors tourner vers lui et me gifle. Ma vision se trouble sous le choc mais je réussis à lui donner un coup bien placé, ce qui lui fait baisser sa garde et me permet de m'échapper. N'apercevant plus Mary, je me rue vers l'escalier poursuivie par mon attaquant, tandis que celui de Thomas le roue de coups. Je commence à craindre le pire lorsque de nouveaux arrivants pénètrent en trombe dans la maison.

- Eliza !

Cette voix me soulage instantanément et je cours me réfugier dans les bras de mon frère, William. Les hommes l'accompagnant maîtrisent immédiatement les Confédérés en sous nombre à présent. Ils les font sortir de la maison et Will m'entraîne dans le salon. Je m'assois et reprends peu à peu mes esprits.

- Cette situation ne peut plus durer, dit Will en faisant les cent pas autour de la pièce pour se calmer. Nous sommes beaucoup trop exposés aux menaces des Confédérés. Je refuse que tu...

Il s'arrête et me fixe. Je me doute qu'il ne peut détacher ses yeux de ma joue probablement rouge. Je me lève et le rassure :

- Je vais bien, Will. Cela me fait de la peine d'avouer que cette maison n'est plus sure, mais tu as raison...

Mon cœur se serre. Nous avons tant de souvenirs ici, heureux comme malheureux. Cette maison nous a vus tous les deux naître et elle a emporté nos parents, décédés à cause d'une fièvre. Plus que le confort, la richesse du mobilier ou encore l'immense jardin qui s'étend jusqu'aux abords de la forêt, ce sont bien les moments passés dans cette propriété achetée par nos parents suite à leur départ d'Angleterre qui me manqueront. Je reprends :

- Mais où irions-nous ? Nous avons vécu toute notre vie ici, et père et mère une grande partie de la leur après leur émigration d'Angleterre...

Une lueur traverse alors les yeux de Will.

- L'Angleterre... mais bien sûr ! s'exclame-t-il. Notre oncle et notre tante habitent dans une propriété tout aussi grande - et même encore plus - que celle-ci et ils ont toujours été en très bon termes avec nos parents. Je suis certain qu'ils t'accueilleraient chez eux.

Après les évènements de la nuit, cette nouvelle me réchauffe le cœur, moi qui suis passionnée par les voyages mais qui ne suis jamais allée hors des Etats-Unis.

IndéniablementDonde viven las historias. Descúbrelo ahora