— Peu importe le temps que je passerai ici, je ne me ferai jamais à cette puanteur ! Comment les gens peuvent-ils être aussi sales ? T'as senti comment ça puait la merde aux chiottes ? Berk, j'en ai encore des frissons ! N'ont-ils pas d'amour propre ? On ne laisse pas des toilettes dégueulasses.
Cela faisait bien une minute que Luce râlait alors que les deux amies rentraient de leur séance vaisselle. Canne à la main, torchon sur l'épaule, la jeune femme avait fait fuir un couple en montant le ton et en envoyant sa main valser dans les airs.
— La prochaine fois, reste dans la tente alors.
— Pour passer pour l'impotente ? Certainement pas ! répliqua la brune sèchement.
Claire se mordit la lèvre pour ne pas répliquer qu'elle commençait à l'énerver. Certes, depuis sa perte de vue, la vie de Luce avait changé et elle n'allait pas dire à son amie qu'elle faisait du boudin. Seulement sa cécité n'était pas une excuse pour être détestable comme elle l'était en ce moment. Enfin, pas à 100% du moins !
— Tu as peut-être besoin de te reposer un peu...
— Je ne suis pas une enfant ! Pas comme les mongoles de la tente d'à côté qui ont fait la fiesta toute la nuit !
— Je ne dis pas que tu es une... Oh bon, laisse tomber ! soupira Claire en secouant la tête.
Luce qui venait de perdre son compte de pas à cause de sa conversation avec son amie et surtout l'agacement qui brûlait en elle comme le feu des Enfers, s'arrêta soudainement.
— A droite, l'informa Claire.
Cela acheva d'énerver Luce. Elle pinça les lèvres et une ride sur son front apparut, signe ultime qu'elle était sur le point de péter un câble. Les souvenirs de l'accident sur la plage, associés au manque d'hygiène des sanitaires et à la discussion que son amie avait essayé d'avoir à propos de Dorman, ça faisait trop. Bien trop pour elle.
— Je le savais ! rétorqua-t-elle en montant le menton, empoisonnée par son ego.
— Bien sûr, répondit Claire en roulant des yeux.
Luce reprit la route, suivie de près par Claire, qui ralentit cependant au bout de quelques secondes. Était-ce leur punition pour avoir volé des sucreries des années auparavant dans un petit magasin pour relever un défi de collègues de la fac ? Pourquoi les deux idiots de la plage tournaient autour de la tente de leurs voisins ?
— Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu t'arrêtes ? demanda Luce. Il y a une invasion d'abeilles géantes tout droit devant nous, c'est ça ? ironisa-t-elle.
Claire laissa échapper un petit rire qu'elle voulut détendu, mais bien évidemment, son amie sut lire en elle comme dans un livre. Luce semblait bien décidée à faire la fête du sarcasme, et que ça plaise ou pas à la châtaine, ne fut pas ce que retint la jeune femme.
— Tu me fais flipper là !
— Luce...
La jeune femme ne put finir sa phrase car un ballon, surgit de nulle part, venait de cogner dans la jambe de l'énervée.
— Qui est-ce qui s'amuse à attaquer les gens ? cracha cette dernière.
— Pardon m'dame ! s'écria une voix enfantine à quelques mètres d'elle.
Les copains du garçon maladroit, qui se tenaient à ses côtés, ne semblaient pas plus partants que lui pour aller récupérer leur bien. C'était un effet que faisait Luce lorsqu'elle affichait une mine fermée. Avec ses sourcils foncés et ses traits qui pouvaient autant devenir doux que durs, elle avait vite fait d'impressionner les gens.
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Baisers salés (Terminée)
RomanceÀ vingt-sept ans, sans attache particulière, loquace déconneur et bien souvent immature, Ange cache un secret qu'il aimerait oublier à tout jamais. Un secret qui l'a amené à changer du tout au plus, en prenant le risque de se perdre lui-même. Depuis...