Chapitre 17

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Un mois après avoir envoyé l'invitation à son mariage au Gouverneur Swann, Elizabeth n'avait toujours pas reçu de réponse et cela l'inquiétait. Elle aurait tellement aimé que son père soit près d'elle, qu'il puisse surmonter sa rancœur concernant sa trahison et puisse voir de ses yeux que sa fille était heureuse...

— Maman ?

Elizabeth tourna la tête et Thibault s'approcha d'elle, un peu hésitant.

— Je vous dérange ?
— Non chéri, ne t'en fais pas... Je pensais simplement à mon père et à son absence. Il ne viendra pas, je dois me faire une raison à présent.
— Il faut plusieurs semaines de voyage pour venir ici, rappela le jeune garçon. Peut-être que votre lettre vient seulement d'arriver ?
— Peut-être, mais je me souviens de quelle manière il nous a jetés hors de la maison, Jack et moi... Il m'a chassée de chez moi, Thibault, de ma propre maison. Tout ça parce que je suis tombée amoureuse d'un pirate.
— Il vous aime, je le sais, vous parlez de lui avec tellement d'amour qu'un homme pareil ne peut pas être méchant.

Elizabeth esquissa un sourire. Elle leva une main et repoussa une mèche bouclée du front du jeune garçon.

— Le Gouverneur Swann est un homme d'une extrême gentillesse, mais la mort de ma mère l'a profondément blessé. Il ne s'est jamais remarié et nous avons même quitté l'Angleterre pour une île au fin fond des Caraïbes... Malgré tout, mon père est un homme bon qui sait où sont ses priorités et je sais que même s'il est remonté après moi, il parviendra à surmonter tout ça un jour ou l'autre. Je le connais.

Thibault sourit doucement puis quitta la chambre d'Élizabeth. Dans le couloir, il tomba nez à nez avec Jack et son sourire s'affadit aussitôt.

— Bonjour, Capitaine... dit-il en passant rapidement.

Jack haussa un sourcil et le suivit du regard puis soupira et s'approcha de la porte de la chambre qu'il partageait avec sa compagne.

— Toujours pas de nouvelle de votre père ?
— Non... Je me demande s'il va même accepter de lire la lettre...
— Ne vous mettez pas les tripes en l'air pour ça, chérie, nous avons encore bien des années pour nous faire pardonner et je suis presque sûr que dès qu'il saura qu'il a un petit fils, sa rancœur va s'envoler comme par magie !

Elizabeth sourit puis secoua la tête et proposa à Jack qu'ils passent la journée ensemble. Il accepta mais, alors qu'ils quittaient la chambre, il se souvint de Thibault.

— Le petit a peur de moi, je me trompe ? demanda-t-il.
— Disons que le fait que vous ne l'ayez toujours pas autorisé à vous appeler par votre nouveau titre le perturbe un peu. Je pensais que vous vouliez des enfants, Jack...
— Et c'est vrai, mais je ne pensais pas devoir en adopter un d'abord... C'est compliqué à gérer, Lizzie, ce petit gars m'est tombé dans les bras sans crier gare ; du jour au lendemain je me suis retrouvé avec un fils de treize ans sorti de nulle part dont ma femme s'est entichée... Comprenez que ce n'est pas si facile à digérer.
— Et je le comprends, moi-même j'ai parfois du mal à me faire à l'idée que j'ai un enfant, un enfant qui a l'âge d'être mousse sur un navire...
— Laissons lui le temps de se remettre de ce qu'il a enduré avant de le remettre sur un bateau, sourit Jack. Mon père est tellement content d'avoir un petit-fils qu'il le gardera volontiers avec lui quand nous voudrons repartir sur les mers.

Elizabeth esquissa un sourire. Ils quittèrent ensuite la maison et entreprirent de déambuler dans le dédale de passerelles et d'allées dont était composée Tortuga.
La villa des Teague-Sparrow était située à l'écart du piton rocheux où s'accrochait les maisons des matelots et des gens normaux qui vivaient ici. L'île était en fait un énorme rocher et Tortuga était installée dans une crique, agrippée à la falaise. Sur le plateau, il y avait de l'herbe à perte de vue, des fermes avec des animaux et d'autres maisons de capitaines et tout le monde savait que le commun des mortels n'était pas autorisé dans ce quartier.

⏳ Capitaine E. SparrowWhere stories live. Discover now