Chapitre 4

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— Papa ! Oh, mon cher papa !

Elizabeth se jeta dans les bras du Gouverneur Swann à peine eut-elle posé le pied dans la maison de son enfance.

— Elizabeth ! Ma chérie !

Le Gouverneur la serra dans ses bras puis la repoussa et posa ses mains sur ses joues. Il la fit reculer et la regarda de haut en bas.

— Pour quelqu'un qui a passé des mois sur un navire, tu as l'air d'aller bien, dit-il.
— Oh, nous n'avons pas été en mer tout le temps depuis que j'ai quitté le couvent, répondit la jeune femme. Heureusement...
— Hm, oui, oui, mais viens donc me raconter tout ça autour d'un bon repas !

Le Gouverneur prit sa fille par le bras et l'entraîna avec lui. Elizabeth se retourna alors et s'excusa en silence auprès de Gibbs et Anamaria qui l'avaient accompagnée. Elle fit signe au Majordome et celui-ci s'inclina.

— Veuillez me suivre, tous les deux, dit-il aux deux pirates. Mademoiselle Elizabeth vous retrouvera quand elle aura terminé avec son père.

Gibbs et Anamaria hochèrent la tête et suivirent l'homme dans les tréfonds de la grande maisons anglaise.

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— Tu t'attendais à ce qu'on soit reçus à la table du Gouverneur ? demanda Anamaria en reposant son verre de vin.
— Non, quand même, répondit Gibbs. Mais qu'il nous... salue, au moins ?
— Je t'en prie, Josh, on est des pirates et pour tous ces gens, on devrait se balancer au bout d'une corde, soupira Anamaria. Pourquoi tu crois que Lizzie a demandé à Jack de rester sur le Pearl ?

Gibbs grommela et vida son verre de vin.

— Au moins, on a un bon repas, dit-il.
— Certes, dans les cuisines, mais un bon repas. Dites, Cuisinière, on peut avoir du rab ?

La femme aux fourneaux se tourna vers eux et plissa le nez avant de hocher la tête. Exécuter les demandes de deux pirates qui n'avaient sans doute pas croisé la route d'un bout de savon depuis des semaines ne lui faisait pas du tout plaisir, mais elle n'avait pas le choix. Même silencieux, un ordre de leur jeune maîtresse restait un ordre...

.

— Allez, ma chérie, raconte moi tout, à présent.

Elizabeth sourit à son père. Dans son souvenir, il était un peu plus rondelet que l'homme qu'elle avait sous les yeux, et elle savait que c'était de sa faute s'il avait maigri... Il avait dû passer les derniers mois à s'inquiéter pour son unique enfant, enlevée dans son couvent après neuf mois d'enfermement...

— Vous n'êtes pas sans savoir que j'ai été victime d'un coup monté, n'est-ce pas ? demanda alors la jeune femme.
— Oui, ce malotru de Barbossa... grogna  Swann. Quelle honte... Tout ça pour régler ses comptes avec Sparrow !

Elizabeth serra les lèvres. Un serviteur s'approcha alors et leur servit du vin. Il s'éloigna ensuite et un autre approcha avec les plats.
Tout en se servant, puis en mangeant, Elizabeth raconta les longues journées qu'elle avait passées dans la maison de Barbossa, échafaudant des plans tous plus irréalistes les uns que les autres pour s'enfuir.
Quand elle en arriva au moment où, persuadé d'être dans le vrai, Barbossa lui avait ramené "son" bébé, le Gouverneur sembla vouloir poser une question.

— Oui, répondit Elizabeth à la question silencieuse. Barbossa a cru corps et âme à une rumeur qui disait que vous m'aviez envoyée dans un couvent en Angleterre pour que je puisse avoir le bébé que je portais... Ce qui est, bien entendu, totalement faux.
— Oui, car tu ne peux pas avoir d'enfants.

Elizabeth haussa un sourcil étonné et son père jeta un coup d'œil vers les domestiques. La jeune femme compris. Son père savait que l'histoire de la stérilité de sa fille était inventée, mais personne d'autre n'était au courant et personne d'autre ne devait le savoir...

— Qu'avez-vous fait de l'enfant ? demanda soudain le Gouverneur.
— Quand nous avons pu rejoindre Londres et nous trouver un endroit sécurisé, nous avons confié le bébé à un orphelinat. J'ai donné de l'argent à une jeune femme pour qu'elle s'en occupe et j'espère qu'ils ont retrouvé ses parents, à l'heure où nous parlons...

Le père de la jeune femme hocha la tête. Il posa alors ses couverts, son assiette terminée, et Elizabeth soupira en l'imitant.

— Tu ne finis pas ton assiette ? demanda le Gouverneur.
— Non, je suis trop nouée pour manger plus, père...
— Nouée ? Allons, pourquoi donc ? Tu es rentrée, il ne t'arrivera plus rien désormais...

Elizabeth resta silencieuse.

— Tu ne comptes quand même pas repartir... Si ? demanda alors son père.
— Père, je suis désolée, mais ma vie n'est plus ici désormais... répondit alors Elizabeth. Je... Je suis tombée amoureuse de Jack, je l'aime et j'ai envie de passer quelques temps avec lui...
— Tu... l'aimes ?

Elizabeth baissa le nez. Son père repoussa alors son assiette et un silence s'installa.

— Père, je suis vraiment désolée, dit alors Elizabeth. Je ne supporte plus cette vie de poupée de porcelaine... J'ai envie de voyager, de rencontrer des gens, d'apprendre leur langue et leurs coutumes... Et ce n'est pas en restant à Port-Royal, mariée à un Commodore, que je pourrais le faire.
— Donc tu penses que la solution est de devenir un pirate ? demanda son père.
— Je crois oui... Je sais que les pirates ne sont pas des personnes honnêtes, qu'ils pillent et tuent parfois pour avoir de l'or ou même à manger, mais...

Elizabeth se tut et soupira. Weatherby Swann la regarda alors attentivement et plissa le nez.

— Combien de temps restes tu ? demanda-t-il soudain.
— Aussi longtemps que vous supporterez de voir un navire pirate dans la rade...

Le Gouverneur tourna la tête et observa le Black Pearl, ancré au loin dans la rade de l'île. Ses voiles étaient affalées et il se balançait doucement au gré de la houle.

— Veux-tu que je fasse préparer ta chambre ou bien vas-tu aller à l'auberge ?
— Je vais aller à l'auberge, répondit Elizabeth. Jack...

Swann serra les lèvres.

— Hm... Oui... "Jack"...
— Père, ne soyez pas en colère, je vous en prie, dit alors Elizabeth en fronçant les sourcils. Il me traite très bien et il m'aime lui aussi et...
— Mais sait-il qu'il n'aura jamais de descendance avec toi, ma fille ? demanda le Gouverneur.

Elizabeth baissa le nez. Elle regarda autour d'elle et nota que les serviteurs étaient partis. La jeune femme décida de ne pas répondre. Elle se leva de table en s'excusant et s'approcha d'une fenêtre.

— Lizzie, pardon, chérie, je... dit alors son père.
— Papa, je... Je ne sais pas encore si ce que je partage avec Jack pourra prendre cette direction un jour, mais si c'est le cas, j'espère que vous ne m'en empêcherez pas...
— Ma fille... Crois-tu vraiment que ta mère aurait voulu que tu t'acoquines avec un pirate ? Je veux dire, nous avions prévu que tu épouserais un jour un homme riche qui pourrait t'offrir une vie simple...
— C'est ce que j'avais, père, répondit la jeune femme. Mais je m'ennuyais avec le Commodore... Je ne l'aime pas, je ne l'ai jamais aimé, mais Jack, lui...

Weatherby Swann soupira et son visage devint triste. Elizabeth baissa le nez, les mains dans le dos, puis soupira. Elle annonça alors qu'elle retournait en ville, que s'il voulait lui parler, qu'il envoie un coursier...

⏳ Capitaine E. SparrowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant