Chapitre XV

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Voilà déjà plusieurs semaines que je suis enfermée dans cette demeure. Il n'y a que lui et moi pour combler le silence.

Je passe mes journées à être enchaîner avec lui en permanence. Je suis attachée à lui comme un aimant. Et ça lui fait sourire. À chaque fois que je regardais mes liens, il gloussait discrètement en mettant la main devant sa bouche. Il finissait par me dire que je lui appartenait et que je ne pouvais pas m'enfuir.

J'ai fini par abandonner tous espoirs de fuites. Je sais qu'il était très intelligent et je ne peux pas passer entre les mailles du filet. Il a mis des pièges dans toute la maison, notamment aux fenêtres. Dès que j'ouvre une porte ou une fenêtre, il y a un détecteur sonore qui l'avertit de ma position. Dans les secondes qu'il vienne, il débarque directement pour me surveiller.

C'est lamentable. Je suis lamentable.

Nous regardons les informations à la télévision. Ils ont abandonnés les recherches. Je suis classée sans suite. Je n'existe plus aux yeux de la société. Je suis un fantôme ou une défunte qu'on n'arrivera pas à retrouver. Le pessimisme a prit le dessus sur mon mental. Comportement classique devrai-je dire.

Néanmoins, je remarque quelque chose qui cloche. Ma mère n'a plus parlé depuis deux semaines aux informations. Ordinairement, ils interrogent les proches de la victime en permanence en quête de nouveaux indices. Hors, ce n'est plus le cas. Que fait-elle ? A-t-elle aussi abandonné les recherches ? Elle doit être submergée par les journalistes. Je la comprends en même temps. Chercher quelqu'un en vain doit être infernal à vivre.

J'entends Jin soupirer à côté de moi, manette à la main.

- J'en suis ravi qu'ils aient abandonné les recherches Rachel. Tu ne peux pas savoir comme je suis heureux. Il enfourche sa cuillère remplie de céréales dans la bouche.

Je regarde par dessus le canapé. Il pleut à sceau. Un vrai temps d'octobre.

- Pourrais-tu me rendre un service ?

- Ça dépendra de ce que tu me demandes.

- Est-ce que tu peux aller vérifier si ma mère va bien ?

Silence. Sa respiration s'accélère légèrement. Sa réaction est assez étrange. Je n'arrive pas à savoir si c'est positif ou négatif.

- Je verrai.

- Merci beaucoup.

- En contre-partie, je veux que tu sois beaucoup plus gentille avec moi et moins téméraire à me tenir tête.

Je hoche la tête en guise d'acquiescement. Il me lance un sourire satisfait. Il ne m'a plus frappé depuis des semaines, ce qui est assez réjouissant de sa part.

Durant tout ce temps, nous avons joué à pleins de jeux : cartes, uno, monopoly... Puis regarder des films également.

Sa compagnie ne me dérange moins qu'avant mais je sais de quoi il est capable. Et je ne lui pardonnerai jamais. Si j'ai l'occasion de le dénoncer, je le ferai sans remords. Mais je n'ai pas le choix que de suivre ce qu'il me demande.

Sa main vient se poser sur ma cuisse. Je sursaute sur moi-même en le regardant. Je arque un sourcil attendant qu'il me dise quelque chose.

- Je vais partir dans une vingtaine de minutes. Mon coeur se met à battre très fort dans ma poitrine. Je vais être seule dans cette maison. Je vais aller me défouler un peu.

- C'est à dire te « défouler un peu » ? Je retire sa main de ma cuisse ce qui lui réprimande une grimace.

- J'ai quelques petites choses à régler Rachel. Je ramènerai quelqu'un à la maison. Dès que je t'appellerai, tu viendras à la cave. Mon visage se durcit à l'entente du mot « cave ». Que compte-t-il faire encore ? Me torturer ? Torturer quelqu'un d'autre ?

Him Où les histoires vivent. Découvrez maintenant