Partie 2 : Chapitre 10

542 43 50
                                    

Chapitre 10 : À table les vérités !

L'orage ne s'était pas calmé, au contraire, il s'était envenimé. Pour quelles raisons l'aurait-il fait d'ailleurs ? À en croire son souffle déchaîné, tant que les arbres en perdaient presque leurs branches, le temps était tout aussi en colère que les adultes présents à table, en ce moment même.

Peu de temps après que la dépendance fut plongée dans le noir, en réalité juste après que Bokuto fit sourire Akaashi, le téléphone de celui-ci s'était mis à sonner. Il s'agissait d'Aya ; comme par hasard, s'était dit Keiji en voyant le numéro. Il avait décroché avec mollesse, en revanche il ne s'était pas attendu à ce que la voix de sa mère soit autant remplie de joie en lui téléphonant. Apparemment, elle avait été si enthousiaste que son engouement avait dépassé le combiné, comme le montrait si bien les traits tirés de surpris du portrait de Bokuto. Cette moue était d'ailleurs assez mignonne, avait pensé Akaashi, une microseconde. Quelques minutes plus tard, ils avaient affronté la tempête, rentrant trempés dans la maison principale, divinement chauffée par la cheminée.

Et donc maintenant, les voilà à table, autour de laquelle une tension encore jamais ressenti jusqu'à ce jour régnait en maitre. Seul le sifflement du vent et les coups des rafales sur les vitres rythmaient ce silence acide. À côté de Keiji, juste en face d'Emi, Bokuto déglutit péniblement sous cette atmosphère rude en émotion. Pfff, vivement que les Noces d'argent passe rapidement, car il avait le sentiment que cette ambiance massage déteignait sur sa bonne humeur lumineuse. Même la main de Keiji posait sur sa cuisse, d'ordinaire signe de soutien, voir d'affection, là signifiait uniquement la retenue qu'éprouvait le brun d'assaillir son amie d'enfance. Genial... Emi, quant à elle soutenait les éclairs lancés par son meilleur ami, avec une désinvolture déconcertante. Et ce, non sans en jeter quelques uns à Bokuto, qui tressaillissait d'effroi, bien qu'il tentait de faire bonne figure. Il gigota un peu sur sa chaise, signe de son embarras évident, avant de commencer à manger, après un Bon appétit relativement timide ; auquel seul Ichiro répondit. Si tout à l'heure, Kotaro était prêt à en découdre, là, maintenant, tout de suite, il ne voulait qu'une chose : finir de manger au plus vite.

En même temps, qui voudrait affronter Aya, la matronne surprotectrice et ultra-conservatrice, et Emi, la meilleure amie au caractère digne d'un volcan en explosion quand elle se sentait trahit ? Certainement pas Bokuto !
Pour en finir au plus vite, il fit légèrement abstraction des regards hautains braqués sur lui :

— T'as pas faim ? Demanda le hibou, qui, sembla-t-il, tentait d'alléger cette atmosphère lourde.

Voilà ! Si Akaashi répondait à la négative, retour à la dépendance. Aya ne forçait jamais son fils à manger. C'était gagné d'avance ! Interieurement, Kotaro jubilait.

— Non, j'ai perdu l'appétit... largua Keiji, ses iris rageurs pointés sur la pompier, sa main se resserrant amèrement sur le jean du volleyeur.

Quel humeur de chien... songea cependant Kotaro, grimaçant discrètement, étant donné qu'il envisageait déjà une fin de soirée sous les foudres de son compagnon.
Il n'y avait pas a dire, Keiji connaissait Kotaro sur le bout des doigts, mais la réciproque était également fondée. De fait, Kotaro avait apprivoisé chaque facette de sa personnalité taciturne. Aux premiers abords, le volleyeur l'avait bien remarqué, Keiji se paraîssait d'un masque impassible. Une petite protection pour que seul des personnes determinées à le connaître ne fie pas à se visage insensible, comme Koraro. De fait, au bout d'un peu plus de six ans à partager un amour fou, l'As des Black en avait vu des vertes et des pas mûres, de la part de l'homme qu'il considérait moins émotif que lui. Quel boulet, s'était-il insulté durant toutes les fois où il avait oublié que son homme, malgré ses airs "Rien ne m'atteint", éprouvait également des sentiments. En général, Keiji était une bombe à retardement, tandis que lui, Bokuto, rouspétait clairement lorsque quelque chose ne lui convenait pas - sauf en présence des parents Akaashi. Et malheureusement, ce soir, Bokuto avait l'intime conviction que la bombe allait être larguée... Selon lui, valait mieux qu'elle éclate une fois seuls dans la dépendance, et pas à table, sinon les dommages collatéraux risquaient de toucher beaucoup trop de victime.

Noce d'ArgentDonde viven las historias. Descúbrelo ahora