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Verlaine logea sa tête dans le cou de Rimbaud et n'y trouva pas le réconfort. Il aurait voulu passer ses mains dans ses cheveux, sillonner ses hanches à la recherche de sa chaleur. Mais il était emprisonné et Rimbaud ne lui trouvait aucun intérêt, il lui a rappelé à de si nombreuses reprises, après tout. Chagriné, Verlaine s'endormit dans cette position. Le cœur de Rimbaud s'emballa dans sa poitrine, il ressentait un sentiment si fort qu'il aurait voulu embrasser l'univers mais se rappela qu'on n'embrasse pas son ennemi. Alors que leurs bouches se cherchaient de jour en jour, l'univers grondait dans le ciel et Rimbaud sourit d'un air satisfait. Quand Verlaine se réveilla, Rimbaud avait pris sa décision.
-Je n'ai pas trouver tes clés, mais laisse moi quand même te libérer.
-C'est impossible, je ne m'aime pas assez pour me libérer! Paniqua l'autre en serrant les genoux.
-Je m'aimerai pour deux dans ce cas!
Il était assez fort pour tenir tête à l'univers mais pas assez pour avouer ses sentiments. Une fois Verlaine libre, Rimbaud éclata de rire. Une mèche entre ses deux yeux innocents, Verlaine semblait ne pas comprendre ce qui lui arrivait. Il inspecta ses poignets comme un adolescent qui découvre son corps. Rimbaud l'attrapa dans ses bras et étouffa les sanglots de l'autre contre son torse. Le ciel se fenda en deux, l'air grondait et l'univers se mettait en colère.
Rimbaud essuya les larmes de Verlaine et l'entraîna dans une course le long de la colline. L'herbe haute frôlait leur tibias nus, leurs chaussettes blanches et leurs sourires niais. Ils dansèrent sous la pluie, Rimbaud chanta des vers à tue-tête.
-Sur ma terre, j'ai un cœur pour toi, une vie pour nous et le ciel par terre!
-Tu es bête Rimbaud !
-Seul les gens bêtes sont heureux, Verlaine.
Verlaine n'était pas bête et Rimbaud l'était pour deux.
