Chapitre 4

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Jacob me prévint que des amis à lui allaient venir. Personnellement, je m'en fichais, je comptais rester dans ma chambre à ruminer cette première journée merdique. Après avoir vaillamment et difficilement terminé mes devoirs, je me retrouvai désabusée, sans rien à faire. Et comme je n'étais pas quelqu'un de paresseux, je me décidai à aller faire du skate en ville. Peut-être qu'en passant j'irais manger un truc. Je mis mes écouteurs, et sortit de mon cabanon. En même temps, Jacob et ses amis sortirent de la maison. Il y en avait trois, et ils étaient tous torses nus. Ils devaient avoir froid. Je leur fis un petit signe de la main et m'élançai sur la route, la musique pulsant à fond dans mes oreilles.

Je m'arrêtai pour me prendre un paquet de chips et un sandwich au magasin. Je m'assis sur le bord du trottoir, et engloutis mon repas. Tout de suite après, une envie de vomir me prit, et je me penchais avant de rejeter le contenu de mon estomac. Foutues hormones ! Je bus un peu, histoire de me rincer la bouche et le visage, et repris ma balade. La nuit tombait sur la ville, qui commençait à s'endormir. Comme il n'y avait presque plus aucune voiture, je me mis sur la route, et accélérai. Je faisais quelques figures, rien de très élaboré, mais c'était amusant. Jusqu'à ce qu'une voiture manque de me renverser. C'était en partie ma faute, avec les écouteurs, je ne l'avais pas entendu arriver. Pour l'éviter, je fis un dérapage et roulai sur le sol. Je ressentis presque tout de suite la douleur, j'avais glissé sur le bitume sur plusieurs mètres.

Des gens sortirent de la voiture, et se précipitèrent vers moi. Je me redressai en grognant, et cherchai mon téléphone, qui était, par bonheur, intacte. J'allumai la lampe pour éclairer la scène. Bizarrement, la voiture allait bien, elle était droite sur la chaussée comme si elle était juste garée. Quand on manque de causer un accident, on dérape et il y a des traces de freinage non ? Je laissai ça de côté et détaillai mon corps. Ce n'était rien de grave, juste une égratignure. Bon, j'avouai que c'était impressionnant, car il y avait pas mal de sang.

- Tu dois aller à l'hôpital, m'avertit un blond que je reconnus immédiatement.

- C'est bon, répondis-je, j'ai rien. Où est mon skate ?

Je le cherchai, et finis par le trouver dans les buissons. Je grimaçai à cause de mon bras, il fallait vite que je désinfecte tout ça. Je jetai un regard méfiant aux deux bruns, l'un costaud et l'autre plus maigre, qui me regardaient. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne les sentais pas ceux-là. Déjà, il y avait la réaction de Jacob tout à l'heure : il semblait furieux et prêt à se battre. Et leur manière de me dévisager, c'était gênant. Je n'avais aucune chance de m'enfuir, même en courant. Si je partais simplement, ils me laisseraient sans doute tranquille.

- Je suis sérieux, tu dois aller à l'hôpital, m'avertit le blond en m'agrippant mon bras valide.

Sa peau était glacée. Je me dégageai, hésitant à crier. Ça alerterait les voisins.

- On peut t'emmener chez nous, proposa le costaud, si tu n'es pas à l'aise dans les hôpitaux. Notre père est médecin.

- Même pas en rêve Mr.Muscle, dis-je. Je peux y aller toute seule, comme une grande.

J'étais acide. Le costaud leva les mains pour m'apaiser. Un coup d'œil à ses potes et ils se retirèrent, pour rentrer chez eux je suppose. Tant mieux. Je montai sur mon skate et me dirigeai tant bien que mal vers l'hôpital. Il n'y avait pas beaucoup de monde, et j'eus la surprise de trouver les trois garçons qui discutaient avec un homme. Comment étaient-ils arrivés si vite ? Même en voiture, c'était un peu... je soupirais et pestai quand je vis que le sang coulait sur le sol. Si c'était pas génial ça. Je cherchais la salle d'attente, mais avant que je n'aie pu faire le moindre pas, un docteur s'approcha de moi. Il était blond, aussi pâle que les trois autres. Je me fis la réflexion qu'ils n'étaient peut-être pas potes, mais frères. Si j'avais visé juste, je me retrouvais devant papa « homme-pâle ».

- Les garçons m'ont prévenu de l'accident. Viens avec moi, je vais t'examiner.

Je le suivis et il me fit asseoir sur un lit. Pourquoi diable les « hommes-pâles » restaient là ? Ils se sentaient forcément coupables, pour vérifier que j'allais bien. Je levai les yeux au ciel quand le médecin me demanda combien de doigts il avait.

- C'est bon, grognai-je, c'est juste une égratignure. On désinfecte et c'est terminé.

- Je dois m'assurer que vous n'avez pas de commotion cérébrale, me dit gentiment le docteur Cullen, si j'avais bien lu son nom sur la blouse.

Je soupirai mais ne protestai pas. Je me tournai vers les trois garçons, qui ne disaient rien.

- Quoi ? les agressai-je. Vous avez pas d'autres trucs à faire, genre, je ne sais pas moi, dégager de là ?

Le docteur revint avec du désinfectant, plein de bandages et une attelle. Je frissonnai au contact de ses doigts, qui étaient glacés. Avec un linge propre, il nettoya d'abord mon bras, puis, il désinfecta. Ça piquait, mais c'était supportable.

- Comment tu t'appelles ? Je ne t'ai jamais vu avant, entama le médecin.

- Anaïs, répondis-je simplement.

- Eh bien Anaïs, tu es bien courageuse, rit-il, j'en connais beaucoup qui auraient pleuré avec cette blessure.

Je levai de nouveau les yeux au ciel, il me parlait comme si j'étais une gamine de cinq ans. Une fois qu'il eut terminé, et qu'il eut mit l'attelle, il me demanda de le suivre jusque dans la salle des radios. C'était long, et je ne sortis de cet hôpital qu'après trois heures passées à faire des batteries d'examens. J'étais sur le parking, et je regardai l'heure sur mon téléphone. Si tard... je n'allais pas assumer dans quelques heures, pour partir au lycée. Et il était hors de question de sécher, je n'avais personne pour me passer les cours. Je posais mon skate, prête à rentrer à la maison, quand je fis de nouveau face aux trois Cullen. Bon, je voulais bien être gentille, mais fallait pas pousser le bouchon trop loin. Je croisai les bras et leur lança un regard noir.

- Quoi, encore ?!

- Tu veux qu'on te ramène ? demanda le blond.

- Ne m'approchez plus, les menaçai-je.

Je partis alors dans le noir, pour rentrer chez moi.

I'm the hybrideWhere stories live. Discover now