Chapitre 22 : « Montre-moi comme tu m'aimes »

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Mew

— Qu'y a-t-il les garçons, quelque chose ne va pas ?

Mon regard se pose successivement sur ma mère, dont le léger sourire bienveillant semble m'encourager, nos managers, les sourcils froncés de perplexité face à nos mains liées, et enfin Gulf, l'air nerveux. Sa main serre la mienne étroitement, comme s'il craignait que je m'éloigne de lui.

Je suis encore sous le choc. Je ne m'attendais pas à la déclaration de ma mère. Je suis ému de son acceptation, mais aussi troublé qu'elle ait lu en moi avec tant de clarté. Mon amour pour Gulf est-il si transparent ? J'aimerais parfois le garder pour moi seul. Il est mon plus précieux secret : pour vivre heureux, vivons cachés dit l'adage, auquel je souscris sans réserve.

Les fantômes des scandales passés planent encore dangereusement sur mon cœur meurtri. Des blessures mal pansées, crevasses de souvenirs amers. Je sais la situation pourtant incomparable, mais je ne peux m'empêcher d'appréhender les réactions que susciterait l'annonce de notre couple. Je veux juste nous protéger.

Les yeux expressifs de Gulf me fixent en une supplication muette. Je sais à quel point il désire s'ouvrir sur notre relation à une poignée d'élus finement choisie, pour se soulager de ce fardeau de mensonges et ne plus se débattre sans cesse dans les toiles vénéneuses du secret.

Boss se racle la gorge, me rappelant au présent. Best, lui, semble éminemment soucieux. C'est à moi que reviens de prendre la parole. Gulf ne le fera pas, me laissant trancher sur ce qu'il convient de faire. Continuer à cacher l'évidence, ou laisser tomber l'armure ? Je contemple Gulf et mon cœur se gonfle. Il me donne de la force. Je lui disais la pure vérité plus tôt : il me change au quotidien, même si quelques-uns de mes travers persistent.

Une décision s'impose à moi. Je prends alors mon courage à deux mains et respire un grand coup :

— Boss, Best... Il faut qu'on vous parle, dis-je d'une voix assurée.

Gulf lie ses doigts aux miens, et j'ai l'impression de sentir son cœur battre à travers sa paume moite. Un timide sourire de reconnaissance étire ses lèvres.

— Qu'y a-t-il ? Je commence à m'inquiéter, moi ! Parlez, bon sang, tempête Best.

— On devrait peut-être aller dans un endroit plus tranquille ? propose Gulf d'une voix tremblante.

— Mais enfin, c'est quoi ce cirque ? Je vais faire une syncope avant même que vous ayez craché le morceau à ce rythme. Dites-nous, et on avisera ensuite, s'agite Best avec impatience.

— Bon, eh bien... comment dire... on ne voulait pas vous l'annoncer aussi abruptement, mais je crois qu'il est inutile de vous le cacher plus longtemps. Gulf et moi... on sort ensemble.

Je sens la main de ma mère presser mon épaule, réconfortante. Son parfum caractéristique m'apaise. Il n'y a rien à craindre de Boss et Best, je ne soupçonne chez eux aucune homophobie latente. Ils ont l'habitude de travailler avec des personnes LGBT. Ce n'est pas comme si c'était rare dans l'industrie du divertissement. Non, j'ai peur de tout autre chose... Qu'on nous reproche de mettre en péril notre carrière, et la leur par extension. Notre situation est une menace pour les affaires. Je ne le sais que trop bien.

— Pardon ? s'exclame Best, les yeux écarquillés. Gulf ? Qu'est-ce qu'il veut dire ?

— Eh bien... heu... Depuis quelques mois, on s'est rapproché, et on a fini par devenir un couple, confie-t-il en grimaçant d'embarras.

Boss est d'un calme olympien, seul un rictus amusé traduit le fond de sa pensée. Le contraste entre Best, incrédule et interloqué, et l'impassibilité bienveillante de Boss, est assez insolite.

I Just Know It's Love🌻Where stories live. Discover now