000 || PROLOGUE

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Et vous tendez le bras, encore, encore, sans jamais vous arrêter

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Et vous tendez le bras, encore, encore, sans jamais vous arrêter. Que cherchez-vous à effleurer ? La faille ? L'infini ? Vous vous surpassez, mais votre objectif est erroné. De tout ce que vous souhaitez, il ne reste rien que je n'aie déjà détruit.

- Humains, Ashe Peterse


***


En vérité, je vous le dis ; vos jours et vos nuits ne seront plus jamais les mêmes. Vous avez caché, dissimulé, menti ; mais aujourd'hui, vous en payez le prix. Les enfers sont là. Ils toquent à votre porte. Entendez leurs ronronnements, leurs tapages sur vos caisses. Entendez leurs cris de douleur, d'agonie, souffrez de ne plus pouvoir fermer l'œil. Prenez peur, car vous n'avez plus rien sous la main. Désormais, vous êtes comme ceux que vous avez méprisés. Vous êtes ceux sous la chaussure. Impuissants. Prenez peur, chers singes, car oui, vous êtes impuissants. Votre contrôle, celui que vous n'avez cessé de brandir, n'a jamais été aussi illusoire. Vos limites sont là, singes, elles se dressent et sont prêtes à vous annihiler. Vos limites sont là, singes, elles vous rient au nez. Elles attendent. Quoi ? Le Grand Changement. Un jour, tout se repliera, rien n'aura plus de sens, tout en aura un et vous verrez. Pour l'instant, ignorants, profitez des heures. Celles qui suivent, celles que vous attendiez tant, ne seront que désolation. Heures rouges, rouges de sang, du sang vous avez camouflé par les moyens les plus sordides, du sang qui coulera à flot. Rouge, sanguinolent. Vos meurtres sortiront du sol, le monde que vous avez estimé votre périra. Il s'affaissera sous le poids des masses que vous lui avez fait porter. Et le monde périra, doucement, lentement. Le monde périra, je vous le dis. Entre deux jupes du temps se dressera le changement, se dressera l'Humanité.

- Enfers, Ashe Peterse




Lorsque son frère chasse, il n'a d'yeux que pour sa proie

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Lorsque son frère chasse, il n'a d'yeux que pour sa proie. Tout autour - même elle - cesse d'exister. Il se tend comme un arc, le regard fixe, presque fou, les jambes ancrées dans le sol humide. Ses lèvres se plissent quelques secondes, figées de concentration. Puis, il avance d'un pas large, soigneusement calculé. C'est à ce moment-là qu'il disparaît dans sa bulle. Qu'elle remarque à quel point il a changé.

C'est à ce moment-là qu'il commence à lui faire peur.

L'attention qu'il déploie autour de lui est impressionnante. Tout son corps est sensible aux bruits qui les entourent, jusqu'au plus moindre des chuchotis. Ses mains, calleuses à force de s'entraîner, lui paraissent aiguisées. Sa carrure, souple, est d'une agilité impressionnante. Tout chez lui semble fait... fait pour tuer. Tuer. Si elle, en bonne incapable, n'en a pas la force, lui en a fait un art. Chaque lame qu'il dégaine, chaque balle qu'il charge... Elle perfore sa cible. De part en part. Et non pour blesser, mais bien pour éteindre de manière définitive.

C'est à chaque fois le même processus, mais le regarder faire a quelque chose d'excitant et... de terrorisant. C'est pour ça qu'il ne passe un jour sans qu'elle ne l'accompagne. C'est pour ça qu'elle est là aujourd'hui. Parce que, même si le choc est si fort qu'il annihile ses pensées, elle ne peut s'empêcher d'être à l'affût de la prochaine fois. Il y a quelque chose d'à la fois plaisant et dégoûtant dans la mort.

Son frère sort sa dague de lancer d'un geste vif, si précis qu'elle en frissonne. Toutes ses pensées s'évanouissent pour se concentrer sur lui. Silencieux telle une tombe, il lève le bras, ses muscles dorsaux roulant sous son treillis. Et quand l'arme s'échappe dans un sifflement, il lui tourne le dos, presque ennuyé. Elle, la regarde, hypnotisée, faire cinq tours parfaits avant de se nicher dans le cou de la cible. Un cri étouffé résonne dans les bois. Le sang jaillit à flots. Ce n'est qu'une question de secondes avant qu'il ne meure.

Elle se détourne de la scène. Son frère, lui, ne sourcille même pas. En moins d'une minute, tout est bouclé ; son fusil est autour de son cou, sa seconde dague rangée. Déjà, il se remet à marcher sur les feuilles mortes. Comme si de rien n'était. L'indifférence - peut-être même le dégoût - qui anime son être lui donne la chair de poule. Elle y est habituée, mais quelque chose est différent, cette fois. Elle le sent. C'est brusque et spontané, comme un cri strident. Un cri qui lui ouvre les yeux. Elle essaie d'avancer, cependant ses jambes émettent une résistance. Les battements de son cœur s'accélèrent.

- Ax ?

Il stoppe brusquement sa marche et son profil taillé dans la pierre lui apparaît. Elle reconnaît son apparence. Non, ce n'est pas ça, le problème. Le problème, c'est son regard. Toujours aussi sombre que l'onyx, toujours aussi incisif que dérangeant, mais quelque chose manque. Lorsqu'il lui fait pleinement face, tendant une main vers elle, elle recule. Leurs pupilles se heurtent, et elle comprend. Vide. Son regard est vide.

Elle a l'impression de sonder un abîme, ou alors de fixer un puits sans fond. Il semble ne pas, ne plus avoir de joie en Axton. De peine. De colère. De tout.

D'Humanité.

Cet homme n'est pas son frère.
Pas le Axton qu'elle a connu.

Un flash la frappe et elle revoit la citation marquée sur la première page de son bouquin favori. Et ici bas, j'ai perdu mon Humanité. Elle aurait dû saisir plus tôt. L'aider. Mais non : elle reste figée, le regardant sans vraiment le regarder. Rien ne fait sens. C'est un inconnu, mais elle le connaît. Il n'a pas pu changer, pas à ce point.

Ses sourcils se froncent, l'agacement le gagne. Décidément, ces temps-ci, elle n'est jamais à la hauteur. Puis soudain, elle réalise qu'elle ne voudrait, pour rien au monde, le mettre en colère. Alors, elle hausse des épaules crispées, fait taire toutes ces voix. Elle prend sur elle. Et la marche reprend.

Lorsqu'ils passent près de l'homme mort, elle prend soin de ne pas croiser son regard. Au fond, elle se demande s'il est différent de celui d'Axton.

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⏰ Last updated: Jun 20, 2021 ⏰

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