Chapitre 32

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Incapable d'entrer dans la base par les moyens "rapides", j'emprunte le chemin dans la montagne où est abrité notre base, accompagné des bruits de pas de mon animal dans cet espaces restreint.

"L'empereur n'est pas la cause de tout ça"... Elle veut dire que ce n'est pas lui qui a voulu utiliser le lavage de cerveau ? Que quelqu'un d'autre tire les ficelles ? Je comprends définitivement rien, mon esprit se brouille. Mon animal s'arrête pour me faire remarquer que nous sommes à la fin du chemin et à l'entrée de la base, arrivant dans une ouverture où juste après se trouve le lieu d'apparition des personnes utilisant une bille noire.

Mais... Quelque chose cloche, et je me dépêche de descendre de mon animal, tout en le laissant présent... C'est trop calme, il n'y a pas un bruit, pas une présence, rien de vivant, comme si ce lieu avait été abandonné.

-{Le début de l'assaut pour libérer Lorian était à 15h, et là il est 18h... Cela ne fait que trois heures, et aucune personne n'est là.}

Les bâtiments pas éclairés, aucun bruit d'épées qui se rencontrent, des tirs de flèches totalement morts, j'ai la désagréable sensation d'être entré dans une illusion de la base.

-Guette les environs, compagnon.

Le tigre grogne amicalement en signe de réponse, et plie ses genoux pour rester discret. Avec moi, on s'aventure dans les recoins de la base entre les bâtiments afin de trouver une possible personne... Mais rien, pas un chat, ni même une plume d'ange, ou bien une flèche perdue, comme si en un claquement de doigts, ils avaient disparu.

Entre deux bâtiments, je décide d'aller directement au lieu de rassemblement des hauts gradés de la rébellion, mais mon tigre me montre autre chose : L'hôpital, et avec un peu de logique je me dis qu'il y aura forcément quelqu'un qui pourra m'éclairer sur ce silence mortel, capable de déprimer n'importe qui.

Arrivé devant l'entrée, la porte d'entrée qui est censée s'ouvrir automatiquement reste fermée, mais pas verrouillée. Je l'ouvre moi-même en forçant légèrement, et rien que l'accueil est dépourvu de personnel, les lumières éteintes, un silence comme dans un crématorium. Mon tigre renifle les environs, mais ne sent rien, je lui demande d'aller chercher plus loin alors que je reste vers l'entrée pour réfléchir.

-{Serait-ce une copie identique de la base, et dans ce cas je me suis trompé de montagne ? Non, c'est impossible, je suis avec eux peu après leur création. J'ai emprunté ce chemin bien avant la Grande Bataille... Mais où sont-ils ?}

Mon tigre revient, une tête exprimant la tristesse et la pitié, me faisant comprendre que le lieu était vide, et c'est bien la dernière chose que je refusais de croire jusqu'à maintenant. Je dissipe mon animal et part pour le bâtiment de rassemblement.

A peine j'enfonce la porte fermée du bâtiment, la réception est dépourvue de personnel, il n'y a personne, aucun garde, pourtant la lumière artificielle est allumée...

Je grimpe les escaliers jusqu'au premier étage, le lieu de réunion entre les 4 Bêtes et les capitaines, la salle est totalement vide, les pièces d'échecs positionnées comme lors de la stratégie pour libérer Lorian... J'ai un peu du mal à y croire, qu'ils ne soient pas passés par là, ou bien ils n'ont pas pu arriver à temps à la base ? Un ennemi les a retardés ?

Cette théorie serait la plus probable, car ils n'ont laissé aucun mot, chose impossible pour Lucie, la connaissant suffisamment. Mais... Qui serait assez fort pour retenir Samael, Lyoco, Auréa, Lucie, Mona, James et le reste de l'équipe ? Ça me parait juste... Pas impossible, mais je connais personne capable de faire ça, à part tous les Pléiades réunis, mais non car ils étaient là pour m'arrêter.

Totalement désorienté et commençant à remettre en question mes souvenirs les plus récents de ma dernière visite, je grimpe à l'étage réservé aux capitaines, sans vraiment savoir ce que je cherche à trouver là-bas.

J'arrive devant la porte de la chambre à Lucie, l'ouverture ouverte à moitié, et personne à l'intérieur. Par précaution j'entre calmement pour chercher ne serait-ce qu'un mot qui aurait pu rester, mais le résultat est totalement prévisible, rien du tout.

Je finis par entrer dans ma propre chambre, avec un mouvement de bras à la limite de l'énervement, la colère de ne pas avoir ce qu'on veut sur l'instant. Je parcours ma chambre du regard tout en me déplaçant à l'intérieur, avec dans mon esprit un ultime espoir qu'il y ait une note pour moi... Que de déception, tout est comme la dernière fois que je suis sorti de cette pièce, aucun objet n'a été déplacé.

-{Bordel... Où es-tu, Lucie ?}

Mon mental se fissure, mon cœur se resserre, mes mains commencent à trembler, apeurées. Je m'avance vers mon lit pour m'asseoir dessus, plaquant ma main contre ma tête qui perd peu à peu de sa couleur.

-{Où je suis, en fait ?}

Je n'arrive même plus à être sûr de l'endroit où je suis actuellement, ni même si ma place est véritablement ici... Mon monde entier, je le remets en question en cet instant, de ce que je veux vraiment accomplir, ce que je veux faire...

Un ultime doute me traverse l'esprit, comme une flèche décochée qui fuse vers le centre d'une cible. Je me relève, mes jambes perdant de l'équilibre, je ferme mon poing droit avec toute ma confiance, que ceci ne soit qu'un mauvais rêve. Dans ce poing, j'y concentre mes émotions, ainsi que mon pouvoir des ténèbres en faible quantité, pour ne pas finir à l'hôpital...

-{Faîtes que je me réveille...}

Dans un dernier effort et une dernière étincelle d'espoir, j'amène mon poing vers mon visage, à ma joue droite et me frappe dans un grand bruit digne d'une enceinte musicale dans un concert de rock. Le choc m'est si violent que je suis projeté dans la direction de mon coup, comme une onde de choc, mais ce que je craignais arrive : Je ressentais de la douleur, le signe que je suis bel et bien vivant.

C'est terminé... Je n'ai plus aucun espoir... Mon cœur bat à un rythme irrégulier, mon cerveau crée des faux souvenirs de mes amis disparus, ou alors en train de mourir de la main de l'Empire, des Pléiades précisément... Yvel... Si je l'avais su, ton amie aurait pu te sauver, mais je l'ignorais... Tu étais la plus forte d'entre nous, même sans le maléfice de l'Empereur...

"L'Empereur n'est pas la cause de tout ça"... Qui me dit que c'est vrai ? Elle peut très bien avoir dit ça comme une fausse piste, sous l'excuse d'avoir dit ça en tant qu'amie de Yvel et pas en tant que Pléiade... J'ai bien moins confiance en Lambda qu'en Yvel, ou même Samael, même si ce dernier fait partie des 4 Bêtes.

Mes jambes lâchent prise, mon corps chute au sol, mais j'utilise mes bras pour amortir l'impact, mes forces se dissipent lentement, ma respiration est bien trop rapide. Je n'arrive plus à prononcer le moindre mot, comme si on me ligotait chaque partie du corps, sans que je m'en rende compte.

Sur la peau de mes mains, quelque chose la caresse, avec tendresse mais en même temps dépourvu de forme physique... De la brume, c'est ce que mes yeux voient, de la fumée recouvre le sol de la pièce. Je me dépêche de me relever, essayant de garder mon calme mais je ne sais pas du tout quoi faire.

-{Merde... !}

Un rire de petite fille, joyeux, atteint mes oreilles, semblant arriver de toute la brume. Mon premier réflexe aurait été de tirer mon épée, mais je ne l'ai pas avec moi. Je fais plusieurs tours sur moi-même, guettant la moindre apparition. La brume grandit pour atteindre mes genoux, avec encore le même rire de jeune fille qui revient.

Sans prévenir, quelqu'un sort de la brume, devant moi, se jetant sur moi. C'est si inhabituel que je n'ai pas le temps de me décaler, une jeune fille aux cheveux gris, une robe presque transparente, une peau douce et pâle, une silhouette mince, ses mains sur mes joues...

-Toi ?

-Bienvenue dans la Grâce.

A ses mots, la jeune fille souffle une vapeur verte de sa bouche qui m'atteint au visage. Les vapeurs entrent par mes narines et lentement, le sommeil me gagne.

Les Enfants SombresWhere stories live. Discover now