Chapitre 43 - page 2

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À quelques distances, sur les remparts entourant le palais, une ombre se glissait dans le dos des gardes qui faisait leur ronde, passant à côté d'eux sans qu'ils la voient, une ombre qui, de loin, avait observé la Marquise, alors qu'elle se croyait parfaitement seule.

Cette ombre finit par s'en aller, repartant comme elle était venue, en se glissant le long des remparts, regagnant la cité en courant et sautant sur les toits, jusqu'à finalement arriver sur le balcon d'un hôtel particulier, au dernier étage du numéro 7 de la rue des Agates.

À l'intérieur, elle releva sa capuche et se débarrassa du masque de tissus qui lui couvrait le visage, puis libéra sa chevelure rousse, qu'elle avait nouée en boule derrière sa tête.

Elle alla jusqu'à la cheminée, où un homme l'attendait, assis dans un fauteuil, fumant sa pipe et affûtant un stylet.

Elle s'assit sur ses genoux, l'entoura de ses bras, puis l'embrassa, après quoi elle resta un moment à le regarder, suivant de son doigt la cicatrice qui lui fendait le visage.

– Je te préfère tout de même avec les cheveux bruns, dit-elle.

– Et moi, tu ne me déplais pas en rouquine, répondit-il en souriant.

Elle lui mit un petit coup de poing dans l'épaule.

– Plus aucune allusion à cette fichue couleur, menaça-t-elle. Je sais très bien à qui cela te fait penser.

– Mais voilà que la louve sort ses crocs acérés, s'en servira-t-elle contre moi ? S'amusa-t-il, un peu provocateur.

Elle fit basculer le fauteuil et alors ils roulèrent sur le sol, luttant, l'une pour l'étrangler, l'autre pour l'empêcher. Il finit par réussir à la maintenir, lui bloquant les bras en se tenant sur elle, alors qu'elle le fusillait sur regard.

– Profite bien de cet instant, car dès que tu seras endormi je t'étoufferais dans ton sommeil, rugit-elle.

– Et bien ! Mais alors ne seras-tu pas un peu triste ?

– Peut-être un peu, mais moins qu'en sachant que tu penses à une autre lorsque tu me regardes.

– Aucune autre, dit-il. Rien que toi, seulement toi, dit-il en la regardant intensément, la libérant de son étreinte.

Alors elle l'embrassa passionnément, tout en lui retirant sa chemise, et le serra contre elle en se laissant aller à ses caresses.

***

Un peu plus tard, alors qu'ils étaient retournés sur le fauteuil, lui fumant et elle assise en travers de ses genoux, sa tête posée dans le creux de son épaule, elle lui raconta tout ce qu'elle avait vu ce soir.

Elle détailla la structure du palais, lui apprit le nombre de gardes, leur fréquence de patrouille, la longueur des murailles, leur hauteur et enfin la difficulté qu'ils auraient à franchir les jardins entourant le palais sans se retrouver à découvert, à la merci des archers, qui les cloueraient au sol.

– Il est donc exclu de s'approcher à la manière des voleurs, car si toi tu as une chance, moi, je n'ai pas ni ton agilité ni ta souplesse, admit-il.

– C'est vrai. Ce serait pure folie. Cette Marquise Rivoal sait comment se protéger de façon efficace. Mais elle a peur. Il y a fort à parier que le nombre de gardes aura doublé d'ici demain, ce qui n'arrangera pas nos affaires.

– Certes. Mais, il y a peut-être d'autres approches à envisager. À moi aussi, la soirée a été aussi fructueuse et m'a donné l'occasion de réfléchir.

Un reflet dans la lame 🏆 (Roman)Where stories live. Discover now