Chapitre XXI - Chambre d'hôpital

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-Laissez-moi la voir.

-Non.

Drago s'approcha d'un air menaçant vers Dorian et cracha :

-Vous n'êtes pas son père. Je veux la voir. Immédiatement.

-Je ne pense pas que votre visite lui fera du bien. Elle a besoin de repos.

-Elle a reçu cinq visites depuis ce matin, alors fermez-la avant de raconter des conneries.

-Drago !

Le jeune homme se retourna et fit mine basse face à son père qui venait d'arriver. Il jeta néanmoins un regard meurtrier à Dorian avant de reculer pour laisser place à Lucius.

-Mon fils souhaiterait juste s'enquérir de la santé de votre cousine. Rien de plus. 

Son sourire empli de sous entendu le fit hésiter. Il se situait plus haut dans sa hiérarchie du travail, il ne voulait pas se voir perdre quelques avantages de son poste pour le caprice d'un gamin. À contrecœur, il laissa passer Drago.
La chambre était plongée dans l'obscurité. Les rideaux étaient fermés, filtrant la lumière vive du soleil. Sur le lit d'hôpital, une mince figure était assise, courbée sur les draps emmêlés. Des mèches de cheveux cachaient ses yeux vitreux. Sa peau était pâle, presque transparente.

-Pansy ?

Il n'osa pas parler trop fort, de par le silence magistral qui régnait dans la pièce. Comme elle ne régissait pas, il s'assit sur la chaise positionnée à côté de son lit et ramena une mèche derrière son oreille. Son regard continuait de fixer le vide, comme si elle souhaitait de tout son cœur y faire partie.

-J'avais fini par m'y faire, souffla-t-elle au bout de plusieurs minutes.

Ses lèvres étaient sèches. Parler lui avait pris tellement d'énergie.

-T'y faire à quoi ? demanda-t-il doucement.

-Au fait que j'allais avoir un enfant.

Soudain, un sanglot parut la briser en deux. Drago alla pour la serrer dans ses bras quand elle le repoussa avec sa main.

-Non, dit-elle d'une voix cassée. Pars. Je n'ai pas envie d'être avec toi.

-Tu ne m'as rien dit à ce sujet. Ça faisait des mois que tu savais.

-Je ne suis pas obligée de te rendre des comptes à chaque fois qu'il se passe un truc dans ma vie.

-Mais ça c'était important !

Elle tourna la tête et lui lança un regard noir.

-Je pense que tu as autre chose à faire que te préoccuper d'une pauvre gamine de seize ans enceinte de quelques mois.

-Tu parles de quoi ?

Ses yeux parlèrent pour elle. Elle fixa son avant-bras comme si elle arrivait à voir à travers le tissu de sa veste.

-Ah. Tu sais.

Ce fut la seule chose qu'il réussit à dire. Un petit rire secoua le corps faible de Pansy.

-Ouais, je sais. Grande nouvelle, je ne suis pas idiote.

Le regard de Drago se fit sombre. Le rire se transforma en toux déchirante qui lui donna envie de vomir. Le jeune homme l'aida à se recoucher avec des gestes si tendres qu'elle en fut surprise. Il se pencha au-dessus d'elle et lui offrit un baiser. Elle eut tellement envie d'ouvrir ses lèvres et se laisser entraîner. Tellement. Seulement, elle était fatiguée, et l'embrasser lui rappelait toutes les erreurs qu'elle était en train de commettre. Alors elle scella ses lèvres et ne lui permit pas de continuer plus loin. Il se redressa, le visage troublé.

-C'est fini Drago, articula-t-elle d'une voix rauque. Ça a assez duré.

-Tu ne peux pas... tu ne peux pas me dire ça.

Elle releva faiblement un sourcil.

-Et pourquoi ?

-Parce que je t'aime.

Alors son cœur explosa en mille morceaux. Non, il n'avait pas le droit. Pas ça. Pas après tout ce qui s'était passé, pas après toutes les choses qu'elle lui avait caché juste parce qu'elle pensait qu'il n'en avait rien à faire d'elle. Il n'avait pas le droit. Non.

-Tu t'y es pris trop tard apparemment.

Un goût amer s'était installé dans sa bouche. Elle avait du mal à respirer sous la douleur. Tout ce qu'elle voulait, c'était se blottir sous ses draps et mourir ainsi, plongée dans l'obscurité, avec ses larmes comme seule compagnie.

-Je t'en supplie, tu...

-Et Astoria ? Tu m'as trompée pour elle, c'était qu'elle valait le coup non ?

La culpabilité le fit baisser la tête.

-J'ai fait une immense connerie.

Un silence prit place. Le type de silence que Pansy avait du mal à supporter, chargé de sentiments cachés.

-Tu es sorti avec moi uniquement pas obligation.

Ce n'était pas une question.

-Non.

-Menteur, cracha-t-elle avec haine. Tu voulais me faire plaisir à ta manière. Tu savais que j'étais amoureuse de toi depuis le début, alors tu t'es dit que quelque mois en tant que petit ami allait me faire du bien. Puis quand ton père t'a annoncé qu'on allait passé notre vie ensemble, tu as tout arrêté.

-Non, non tu fais fausse route.

Ses yeux commençaient à être embués de larmes. Il s'empara de sa main et la serra si fort qu'elle eut un peu mal.

-Tu comptes tellement pour moi, déclara-t-il avec une voix rauque. Quand j'ai embrassé Astoria alors que je sortais encore avec toi, je l'ai fait uniquement pour savoir si ce que je ressentais pour toi était spéciale ou non. Je me suis rendu compte que tout était différent avec toi. Tu étais plus douce, tu mettais plus de passion aussi, plus de force. Tu m'aimais réellement. Mais quand je suis rentré au Manoir, tu étais là. Je n'ai pas eu le courage de t'expliquer.

-Parce qu'il n'y avait pas d'explications. On n'embrasse pas une autre fille pour s'assurer de ses sentiments.

Il ferma les yeux et laissa couler une fine larme qui coula le long de sa joue puis de son cou.

-Je suis désolé, articula-t-il.

-Tu peux l'être. Je m'en fiche.

-Pansy, s'il te plaît, tu...

-Tu n'as que ce que tu mérites, Drago Malefoy. À toi, je n'ai jamais dit non. Je t'ai tout donné. Jusqu'à moi même, jusqu'à mon propre cœur. Tu as tout brisé. Notre confiance, notre relation, notre histoire. Moi. On ne répare pas une âme en lui disant désolé.

-Alors qu'est-ce que je peux faire ?

Il semblait au bord du précipice. Près à se jeter dans le vide pour la récupérer, pour l'aimer. Pansy ne doutait pas de ses sentiments. Drago était comme ça, il se rendait compte des choses trop tard. Seulement, elle en avait assez de souffrir. Il lui rappelait ce qu'elle venait de perdre, et tout les mensonges qui était en train de remplir son cœur. Dans ses yeux, elle voyait son fils qui venait de mourir. Il aurait pu lui ressembler, s'il avait vécu assez longtemps dans son ventre.

-Partir.

Il resta quelques minutes sans parler, à la fixer comme s'il l'espérait la voir changer d'avis. Les yeux de Pansy était secs. Elle avait déjà tout donné. À l'intérieur d'elle, le vide qu'avait laissé son bébé était en train de l'emplir tout entier. Pourtant, l'envie d'éclater en sanglot ne lui manquait pas.

-Tu ne m'aimes plus ?

-Je t'aimerai toute ma vie. Mais on ne peut plus continuer comme ça. Il faut qu'on arrête, ou l'un de nous deux va tomber au fond du trou et ne va plus pouvoir remonter. Et comme la chance m'a toujours suivie, celle qui va se perdre va être moi.

-Je te promet de ne plus te...

-Arrête. Tais-toi avant de prononcer des promesses que tu ne pourras tenir. Pars. S'il te plaît. C'est la seule chose que je te demande.

Si elle restait avec lui, il finirait par la briser tout entier. Tout ce qu'elle faisait était limiter les dégâts. Se retenir, se reprendre, loin de lui. Alors peut-être, après, elle accepterait de lui donner une seconde chance. Peut-être.
Il lâcha sa main. Le froid qu'il laissa dans ce geste lui donna des frissons. Il recula de quelques pas, se retourna vers la porte puis au dernier moment fit volte-face.

-De qui était l'enfant ?

Pansy déglutit difficilement.

-On a du te le dire déjà.

-Je n'y crois pas.

Dans le coin de son œil, une larme naquit. Ça lui faisait tellement mal. Mentir était si douloureux.

-Crois ce que tu veux. Blaise était mon petit-ami, j'ai couché avec lui des centaines de fois.

-Plus qu'avec moi ?

Sa gorge se noua.

-Au revoir, Drago, chuchota-t-elle.

Il l'observa une dernière fois puis quitta la pièce. Pourtant quelque part en elle, elle avait espérait qu'il n'en fasse qu'à sa tête et qu'il reste.
La volonté de le voir était plus forte que celle de rester vivante, à croire.

𝓝𝓸𝓼 𝓯𝓵𝓮𝓾𝓻𝓼 𝓸𝓷𝓽 𝓯𝓪̂𝓷𝓮́ [Dransy] - 𝔒𝔲𝔯 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant