4/ Amis, soeurs ou peut-être âme-soeurs

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Eloma marcha rapidement, s'éloignant de l'arrêt du bus et encore plus de la scène de l'accident. Pourquoi cet homme l'avait-il tant perturbée ?

"Ce n'est qu'un étranger, rien de plus", se dit-elle pour se rassurer. Pourtant, quelque chose en elle résonnait encore de cette rencontre, quelque chose d'inexplicable dans ce regard vert troublant.

Elle se reprocha d'être si distraite de ne pas avoir fait attention en traversant la rue. Si Charles n'avait pas freiné à temps, cela aurait pu être bien plus grave. Elle se maudit pour son manque de vigilance.

Mais malgré ses efforts pour se calmer, son cœur continuait de battre la chamade. Elle se sentait bouleversée par cette rencontre inexplicable. Les pas d'Eloma la menèrent finalement à l'université et à peine arriver qu'elle aperçut sa meilleure faire son entrée.

- Tu n'imagines pas ce qui m'est arrivé en route, El ! s'exclama Noor avec enthousiasme.

Eloma sourit doucement, préférant taire l'incident de la ruelle. Elle aimait écouter les histoires de son amie, car à travers elles, elle pouvait ressentir les émotions et les aventures qu'elle n'osait pas vivre elle-même.

Salle D012/ COURS AVEC MONSIEUR MARTIN

- ...Qu'en est-il exactement de la délocalisation, en quoi consiste-t-elle exactement ? Une étude de l'Insee la définit plus largement ainsi : « Une première approche très large consiste à parler de délocalisation dès lors qu'il y a substitution d'une production étrangère à une production domestique pour satisfaire une même demande... »

- El ......El.....El..El tu m'écoutes ?

- hmmm ?? Oui oui bien sûr.

- Alors qu'est-ce que je disais ?

- BTS a sorti un nouveau concept photo. Jimin a l'air presque nu dessus et V a un air de criminel.

- C'est sûr que tu ne m'écoutais pas. Tu m'as répété exactement ça la dernière fois.

- Tu sais que je n'ai vraiment pas de préférence. J'écoute tout et n'importe quoi.

- Ce n'est pas le sujet et...

- No shuuuut!!!! écoute, l'interrompis-je.

- ...exemple du groupe WILHEM,  qui s'est hissée au rang de leader ces dernières années. Voilà une bonne entreprise où postuler pour vos stages ou alternances  et en cas d'embauche, avoir une vie assurée jusqu'à la fin de vos jours. Voilà , c'est tout pour aujourd'hui mais n'oubliez pas le partiel qui arrive. Vous allez en prendre chère si vous ne revisez pas, c'est garanti.

- Je parie que tu n'as pris aucune note No ?

- Quoi! Bien sûr que si. J'ai le titre, ça compte ?

- No, soufflais-je avec un faible sourire au coin des lèvres.

Après avoir rangé nos affaires, elle me tira par le bras.

- Allez viens, on va manger, ma ptite femme. Tu veux quoi aujourd'hui ?

- Pizza.

- Pff gloutonne va, fit-elle tout sourire.

Qu'est-ce que j'aimais la voir sourire.

No, ma Noor, je n'écoutais pas parce que je te connais sur le bout du doigt. Je dirais, sans aucun doute, que tu es la meilleure chose qui me soit arrivée. On s'est battues ensemble et je t'ai vue pleurer et faire même des compromis mais tant de fois pour moi. Je t'ai vue être une amie, une sœur, et aujourd'hui mon âme-sœur.

Toi, tu ne m'as jamais abandonnée. Non, toi non.

Tu sais, chaque jour, je le dis secrètement.

Merci No. Merci de m'avoir tendu la main.

Merci de m'avoir aidée à me retrouver.

Merci de m'avoir fait un câlin, plusieurs câlins.

Merci... de m'avoir sauvé chaque jour.

Ne t'en veux plus.

- N'importe quoi, lui répondis-je.

- C'est mon tour donc une pizza, et on partage. Mais il y a du monde, tu m'attends là. Humm?

- Ok, chef.

- Ah! j'oubliais, Pizza Peppéroni....

- Tomate-mozza. Tu le fais exprès ?

- Juste pour être sûr, lança-t-elle.

Elle s'en alla en trottinant et disparut après un couloir.

Je devais me faire une raison, je n'étais rien sans cette boule de vie qu'est Noor. Je n'aimais pas ça non plus, être en quelque sorte un fardeau pour elle depuis toutes ces années.

J'essayais, de toutes mes forces comme elle me l'avait demandé, comme je devais le faire. De toutes mes forces... de vivre.

La journée à l'université passa rapidement, entre les cours, les discussions animées avec Noor et les moments  solitaire d'Eloma. L'automne, avec ses feuilles qui dansaient au gré du vent, semblait les envelopper dans un cocon réconfortant.

En fin de journée, Eloma et Noor se dirigèrent vers la sortie de l'université. Les rues de Paris s'illuminaient sous les lumières tamisées du soir, créant une atmosphère chaleureuse et accueillante.

- On fait quelque chose ce soir ? demanda Noor.

- Je suis fatiguée, répondit Eloma. Je pense que je vais rentrer.

- D'accord, je vais boire un verre avec sebas . Je rentre vite !!

-Je te laisse du mafé mais fais attention

-Je t'aime , Noor lui fit un clin d'œil espiègle avant de s'éloigner en  courant vers le métro.

Eloma se retrouva seule, comme toujours, mais cette solitude ne l'effrayait plus autant qu'avant. Elle avait compris que c'était sa manière à elle d'apprécier le monde, en le regardant avec les yeux d'une spectatrice bienveillante.

Elle prit le chemin du retour, traversant les rues animées de Paris avec un mélange de calme et d'émotion. Les gens passaient à côté , elle était perdue dans ses pensées sans les remarquer. Et c'était exactement ce qu'elle préférait.

Eloma rentra chez elle, s'installa près de sa fenêtre et regarda la nuit tomber sur Paris. Les lumières de la ville s'allumaient peu à peu, et dans cette obscurité, elle se sentait étrangement apaisée.

Dans la solitude de sa chambre et avec cette pensée apaisante, Eloma se coucha, laissant la pluie bercer ses rêves. Et dans ses rêves, elle dansait avec des inconnus, mais comme à chaque fois, cette soirée finissait mal. Une douleur persistante la tourmentait, et une sensation de dégoût la rongeait.

SOUS LES GOUTTES DE PARISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant