Gabrielle

Premières expériences

Les jours passaient et Gabrielle ne cessait de l'appeler Pâquerette. Violette en était mortifiée, elle en vint même à avoir honte de son prénom que pourtant elle adorait. A chaque fois que la journaliste l'appelait ainsi, elle baissait les yeux. Violette, qui avait rêvé de rencontrer Gabrielle était terriblement déçue. Elle ne la voyait pas ainsi, elle ne l'avait pas imaginée aussi arrogante et froide. Elle avait été tellement heureuse lorsqu'elle avait appris qu'elle allait travailler avec elle, à présent, tout ce dont elle rêvait, c'était de rentrer chez elle.

Lorsque Violette arrivait, Gabrielle lui donnait ses ordres de la journée et ensuite elle ne lui parlait plus. C'était très pesant pour la jeune femme qui ne savait pas comment agir. Elle faisait de son mieux pour exécuter ses ordres, rapidement et en silence.

Un jour, en pleine après-midi, Gabrielle aboya à Violette :

- Il y a des photocopies à faire.

Violette l'avait regardé sans comprendre. Gabrielle lui tendait un paquet de feuilles qu'elle prit timidement. Elle murmura :

- Je... je n'sais pas où est la photocopieuse.

Gabrielle lui avait alors répondu sèchement, comme si c'était une évidence :

- Dans le couloir. Devant les escaliers. Dépêche-toi, je n'ai pas la journée.

Violette était sortie du bureau, toute tremblante. Elle regardait dans le couloir pour s'assurer qu'il n'y avait personne quand elle entendit crier :

- LA PORTE !

Violette ferma donc vivement la porte et elle avança prudemment jusqu'aux escaliers. Elle regarda l'énorme machine sans savoir quoi faire et un homme la bouscula.

- Tu te décides ? J'ai pas le temps, moi.

Une femme en tailleur passa près d'eux et elle arrêta doucement l'homme.

- André, calmes toi.

- Quoi ? demanda-t-il, un brin énervé.

- C'est la nouvelle, murmura la femme. La stagiaire de Gabi.

- Ah merde.

Elle écarta André et elle s'approcha de la jeune fille. Elle effleura doucement ses épaules et elle la poussa doucement sur le côté. Elle s'adressa à André :

- Fais tes copies, André.

L'homme fit donc ses photocopies et la femme tourna Violette vers elle. Elle leva doucement son visage, d'un geste maternel :

- C'est quoi ton prénom ?

- Violette...

- Salut Violette. Moi c'est Marine. Tu es la stagiaire de Gabrielle, c'est ça ?

Violette hocha la tête, les larmes aux yeux.

- Ne pleure pas, Violette. Ne lui montre pas que ça ne va pas, elle va te détruire.

- Elle... elle...

- Elle est très dure, répondit Marine. Elle ne t'apprécie pas. Elle jure sans cesses et elle ne fait que t'aboyer ses ordres.

- Je peux pas...

- Il faut que tu résiste, Violette. Il faut que tu sois forte et que tu lui montre qu'elle a tords.

- J'arriverais pas...

- Tu ne vas pas au moins essayer ?

Violette approuva. Elle regarda à nouveau la photocopieuse, ne sachant que faire. Elle soupira.