Chapitre 2 - Annonce Royale

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Je marchai encore deux longues minutes dans ce tunnel qui me semblait sans fin, puis je me rendis compte que je ne voyais plus l'écureuil devant moi. J'inspirai et expirai doucement pour ne pas céder de nouveau à la panique et demandai dans un souffle, sans cesser d'avancer :

— Où es-tu, p..

Le sol se déroba alors sous mes mains. Je compris pendant que je tombais que le tunnel devait être en hauteur, car j'en avais trouvé la sortie et que j'allais probablement mourir écrasée par terre.

Je hurlai à nouveau quand j'entrai brutalement en contact avec une surface glaciale. La chute que je venais de faire me brûlait le dos. De l'eau s'engouffrait dans ma bouche, me faisant suffoquer. Je me débattais et gesticulais dans tous les sens en essayant de remonter à la surface, mais, n'ayant aucun point de repère dans cette étendue d'eau sombre, je n'arrivais pas à déterminer dans quel sens je devais aller.

Pourquoi y avait-il un lac si près de chez ma mère ? J'étais pourtant convaincue que le plus proche était à quelques kilomètres.

Un peu sur ma gauche, une masse imposante s'enfonça dans l'eau, faisant remonter des centaines de minuscules bulles que j'aperçus en ouvrant péniblement les yeux. Cet individu m'attrapa par le bras et me fit remonter à la surface. Je pus respirer à nouveau en crachant de l'eau et inspirai longuement pour rattraper mon précédent manque d'oxygène.

La personne nagea sans me lâcher jusqu'à me ramener sur la terre ferme. Je me hissai sur du sable... rose ? Mais où allait le monde ?! et m'assis de mon mieux en toussant toujours, sous le choc.

À côté de moi, un adolescent aux cheveux d'un roux assombri par sa baignade improvisée se releva et se tourna vers moi. La première chose qui me frappa en le regardant, ce fut la longue cicatrice rougeâtre, qui semblait assez ancienne, partant du bas de son front gauche et qui s'étirait jusqu'à sa pommette.

Autour de nous, un groupe de quelques personnes nous observait, anxieux. Une brune aux yeux d'un bleu captivant me demanda quelque chose d'une voix inquiète. Je ne la compris pas pour la simple raison qu'elle ne parlait pas français. Il me semblait avoir saisi un mot de sa tirade, mais comme elle l'avait dit trop vite, je ne pouvais rien affirmer.

En réalité, la langue qu'elle avait utilisée m'était vaguement familière. Peut-être était-ce ma mère qui me l'avait apprise ? En tout cas, les amis du garçon m'ayant sauvée de la noyade la parlaient avec l'aisance qu'avaient les natifs – une cadence bien trop rapide pour que je ne puisse tout saisir du premier coup.

J'allais rapidement me remettre à paniquer si je n'arrivais pas à communiquer correctement avec ces gens.

Ils échangèrent quelques mots entre eux, perplexes. Je crus comprendre les mots « apparition » et « bizarre ». Je me réjouis quelque peu de m'adapter aussi vite à cette langue chantante mais pâlis en réalisant que ces personnes ne parlaient pas du tout français. Vraiment. Et cela le plus naturellement du monde. Des touristes ? Ils étaient des touristes ?

Ils se remirent à discuter à voix basse, mais comme ils ne m'adressaient pas la parole, je ne cherchais pas à tout écouter.

À ce moment, je mis à tousser de nouveau et commençai à trembler à cause du froid. Un léger vent venait de se lever et avec mes vêtements qui me collaient à la peau, car ils étaient trempés, cela n'arrangeait pas mon cas.

Un garçon brun qui devait avoir mon âge et qui n'avait pas dit un mot depuis mon arrivée exceptionnelle retira son manteau noir et me le posa sur les épaules

Merci, soufflai-je dans leur langue qui était nettement plus jolie et musicale que le français, provoquant leurs regards surpris.

— Je commençais à croire que tu étais...
Le roux à la cicatrice n'articula pas suffisamment le dernier mot, mais j'étais déjà fière d'avoir compris la plus grande partie de la phrase. Je supposais qu'il souhaitait dire « muette » ou « sourde ». Ou « débile », allez savoir.

GayleriWhere stories live. Discover now