𝓓𝓻𝓸𝓰𝓼 𝓢𝓮𝔁 𝓪𝓷𝓭 𝓖𝓾𝓷

I

Lorsque le dernier client quitte la supérette, je me laisse retomber sur ma chaise, jetant un rapide coup d'œil à mon portable.

- Aller, encore une petite heure.

Dans l'espoir de me redonner un peu de courage pour terminer cette solitaire soirée de travail, je mets mon casque et allume ma playlist pour partir ranger les rayons.

Après avoir rempli le rayon de shampooings, je remarque la présence de plusieurs hommes en train de déambuler dans les rayons en discutant bruyamment. Face au bruit qu'ils font, un autre client, un vieil homme, s'approche d'eux :

- Excusez-moi jeunes gens, pourriez vous parler moins fort s'il vous plaît, on vous entend depuis l'autre bout du magasin.

Celui qui semble être le chef du groupe se penche vers le vieil homme et, sous mes yeux ébahis, crache sur sa chemise.

- Dégage le vieux, tu te fais honte.

L'homme reste silencieux, sous le choc face au manque de respect des trois hyènes trop occupé à se moquer pour remarquer que tous les clients avaient assisté à la scène.

Il me reste trente minutes avant de finir, je pourrais laisser couler tout ça, ils finiront bien par passer à autre chose, mais mon sens de l'éthique me pousse à retirer mon casque et à me mettre face au trio de charognard.

- Messieurs, veuillez sortir s'il vous plaît.

- Et si on veut pas ?

- Je ne vous demande pas votre avis.

Le « chef » se penche vers moi et tout comme il y a quelques minutes, crache sur mon haut.

- Dégage bouffonne, retourne à ta caisse.

Je sors un mouchoir de ma poche pour ressuyer le crachat que j'étale généreusement sur sa propre veste.

- Tiens, je te rends ça, maintenant si vous voulez bien partir, vous gênez les clients.

Le regard du lama se remplit de colère, mais, au moment où il allait me frapper, trois autres hommes dont les looks colorés piques aux yeux entrent à leur tour dans le magasin.

C'est le type avec la méduse violette sur la tête qui prend la parole, les bras croisé et un sourcil relevé :

- Sans déconner qu'est-ce que vous foutez les gars ?

- Chef ! Cette connasse nous a insulté !

Il pointe du doigt la tache de crachat sur sa veste.

Le plus grand d'entre eux, un mélange entre un travailleur de bureau, un coton tige et la vache Milka s'approche de moi, il sent le tabac froid et la sueur.

Il demande, ses yeux me scrutant comme s'il voulait voir jusqu'au tréfonds de mon âme :

- Jolie fille avec une langue de vipère ?

- Langue de pute monsieur.

Garde ton calme, la journée est bientôt fini, dans vingt minutes, je suis dans mon lit avec une bonne série et de la glace...

Coton tige man recule, sans pour autant me quitter des yeux.

- Mademoiselle, veuillez excuser le Bonten pour cet incident, ces hommes ne savent pas se tenir et ils seront punis pour ça.

- Quoi ? Mais monsieur, c'est elle qui...

- Silence.

Les trois types se font tout petits, recroquevillés sur eux même, on a l'impression qu'ils voudraient disparaître. Pourtant, malgré cette scène plus que drôle, ce qui occupe mon attention pour le moment, c'est le troisième bonbon, un mec aux cheveux aussi rose que son costume qui donne l'impression de sortir tout droit d'un mauvais Barbie, il ne m'a pas lâché des yeux depuis son arrivé ce qui, je ne sais pourquoi, a tendance a me rendre anxieuse.