II

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Le silence règne dans l'appartement. Une faible odeur de tabac froid émane du cendrier posé sur la table, a quelques centimètres à peine d'un petit sachet en plastique rempli de pilules colorées. Je viens de le trouver dans la poche de la veste que je portais hier soir, sans doute un coup de ce fou aux cheveux roses.

- Comme si j'allais en reprendre...

Je dis ça, mais ça doit faire déjà plusieurs minutes que je suis assise, incapable de le quitter des yeux. « Juste une ». Cette petite phrase tourne en boucle dans ma tête.

Je ferme les yeux, comme une tentative désespérée pour enfouir cette idée loin, très loin dans mon esprit avant qu'elle ne devienne un désir auquel je ne puisse plus résister.

Le bruit d'un klaxon retentit, comme un rappel violent à la réalité et je me redresse, faisant tomber ma chaise au sol dans un fracas assourdissant.

- Qu'est-ce que je raconte putain.

Je passe mes mains sur mon visage, récupère le sachet et le jette dans les toilettes avant de tirer la chasse.

- Voilà, bon débarras.

Mais, comme si le sort avait décidé de s'acharner contre moi, j'entend la sonnette de mon appartement retentir avec insistance.

- Si on ne vous ouvre pas, c'est qu'y a personne bande de couillons !

- Bonten, ouvrez !

- J'suis pas là !

Dépitée et toujours en pyjama, je me place devant la porte, essayant de deviner au bruit qu'ils font combien ils sont. Au hasard, j'aurais dit deux, mais en fait, ils ont l'air d'être au moins trois, que des mecs. Ou s'il y a une fille, elle ne parle pas.

- Bonten ou...

J'ouvre la porte en trombe, ils m'ont définitivement gâché la journée.

- Sans déconner, on est dimanche, vous avez que ça à foutre de venir emmerder les gens qui sont en repos ? Et puis c'est quoi le Bonten ?

Trois hommes sont debout devant moi, me regardant avec un mélange entre l'étonnement et indifférence.

- Quoi, vous avez jamais vu une fille en pyjama ?

- T/p T/n ?

- Non, j'm'appelle Jean Bernard.

Aucune réaction... Génial...

Je m'appuie contre l'encadrement de la porte, de plus en plus convaincu que j'aurais dû rester au lit ce matin.

- Bon, vous me voulez quoi ?

- Le chef veut te voir.

- Ah, cool pour lui, mais vous voyez, j'ai d'autres trucs de prévu aujourd'hui, y'a la nouvelle saison de Sweet Home et j'ai un pot de glace au congèle.

- On ne discute pas les ordres du chef.

- Bah du coup si.

J'allais refermer la porte, mais l'un d'eux m'en empêche pendant qu'un autre me met un sac sur la tête.

- Je crois bien que vous n'avez pas le choix mademoiselle.

Alors que je suis plongé dans le noir total, je sens que l'un des hommes m'attrape par la taille et me jette littéralement sur son épaule, me coupant le souffle et faisant remonter mon déjeuner qui, malheureusement pour moi, reste coincé dans ma gorge accompagné d'un horrible goût acide.

- Putain elle est lourde, pourquoi, c'est moi qui la porte ?

- Parce que c'est à toi que le boss a demander de la ramener, franchement, je capte pas ce qu'il lui trouve a cette nana.

𝓓𝓻𝓸𝓰𝓼 𝓢𝓮𝔁 𝓪𝓷𝓭 𝓖𝓾𝓷Où les histoires vivent. Découvrez maintenant