Marjorie

chapitre 31 : tourner la page

26 mai, 10 : 08, villa de Trevor Farrugia

Dans la cuisine de Trevor, Marjorie s'était mélangée volontiers à toutes les femmes de la maison qui s'affairaient à préparer le repas. Elle était à peine arrivée avec Jonathan qu'elle l'avait abandonné au bord de la piscine, auprès de Nicholas et Bill pour aller retrouver Abigaëlle, Roanna et Béatrice sa mère qui se battaient toutes contre le petit ami d'Abigaëlle, Doug. Ce dernier, son bichon havanais sous le bras et un verre de cognac dans la main insistait pour avoir une friandise pour son toutou mais toute la clique féminine que composait ces femmes n'était pas prête à lui céder un seul morceau de viande.

— Pas de chien dans cette cuisine, tonna Roanna pour être entendu.

— Tu l'as entendu chéri, Paprika va devoir attendre l'heure du dîner comme tout le monde.

Abigaëlle réussit à le sortir de la cuisine et elles purent reprendre là où elles s'étaient arrêtées.

— Ah tu tombes à pique Marjorie, ta mère a besoin d'aide pour la salade.

— Allez, enfile ce tablier et dépêche toi de lui venir en aide sinon ce ne sera pas une salade qu'on mangera mais bien des salades, fit Roanna en éclatant de rire.

Béatrice leva les yeux au ciel et lâcha son couteau avant d'essuyer ses mains sur son tablier. Marjorie la rejoignit et lui fit la bise puis pris le relais, étonné que sa mère se mette enfin à faire la cuisine.

— Depuis quand tu cuisines maman ? C'est papa qui le fait d'habitude.

— Je... j'essaye de nouvelles choses.

— Alors tu ferais mieux d'apprendre à couper un oignon. À ce rythme là tu vas vite de retrouver sans doigt.

Abigaëlle et Roanna pouffèrent de rire.

— Bonjour, fit une jeune femme qui apparut dans la cuisine au côté de Trevor.

Son visage de poupée et son carré noir qui lui arrivait à la nuque n'étaient pas inconnus à Marjorie. Elle reconnut aisément la femme de l'agence immobilière qui avait tapé dans l'œil de Trevor, Natacha. Cette dernière, un brin timide n'osait pas lâcher le bras du Receveur, sans doute impressionnée et quelque peu intimidée par la présence de la mère de son compagnon.

— Maman, Abigaëlle, Béa, je vous présente Natacha, ma... petite amie. Marjorie tu la connais déjà, elle s'est occupée de nous à l'agence immobilière.

— Mais ne restez pas là mon enfant, approchez, s'exclama Roanna qui se voyait déjà célébrer le mariage de son fils.

Natacha n'eut pas à en faire des tonnes pour essayer de se faire accepter puisque toutes les femmes présentes dans cette pièce avaient su la mettre à son aise, sauf Marjorie qui ne parlait pas beaucoup. Dans la réserve, elle préférait s'appliquer à faire ce qu'elle aimait le plus et c'était devenue d'autant plus plaisant depuis que ses mains ne tremblaient plus, en tout cas, pas tant qu'elle ne pensait pas à Duncan et au calvaire qu'elle avait pu vivre à ses côtés.

À table, pendant le repas, entourée de son père et de sa mère, Marjorie lançait des signaux d'alerte à Jonathan pour qu'il vienne la sortir de cet interrogatoire. Depuis qu'ils s'étaient retrouvées, ses parents ne l'avaient pas laissé respirer un seul instant, l'assaillant de question de tout genre et la question du jour était de savoir où elle vivait et avec qui, sujet sur lequel Marjorie n'avait pas spécialement envie de s'étendre. Connaissant sa mère, elle se serait précipitée sur le téléphone pour tout raconter à Jay. Bavarde, Béatrice n'avait pas sa langue dans sa poche.

— Maman, je t'en prie. Arrête avec ces questions.

Elle se leva de table, prétextant aller chercher du pain dans la cuisine. Pas du tout prête à abandonner la discussion de sitôt, Béatrice fût plus rapide que Jonathan et suivit sa fille. Tout le monde était au courant qu'elle fréquentait quelqu'un mais qui ? Là était le grand mystère. Seuls Abigaëlle et Trevor connaissaient l'identité du mystérieux amoureux et ils étaient tenus aux secrets. Alors au risque de s'attirer les foudres de la belle rousse, ils n'avaient pas intérêt à divulguer cette information qu'elle seule se gardait le droit de révéler.