Chapitre 2

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Ruben

Quelques jours plus tôt...

Je suis devant la porte du club à faire entrer, l'un après l'autre, tous ces pervers. Putain, j'en ai ma claque de faire le vigile depuis des mois. Heureusement que c'est ma dernière soirée... Demain je retrouve mon poste de flic au commissariat du Queens.

Depuis 8 mois, je joue au connard qui n'en a rien à foutre de ce qui se trame sous ses yeux. Au connard qui n'en a rien à battre que de pauvres filles soient réduites à vendre leur corps ; que ces mêmes pauvres filles soient battues et violées parce que des désaxés ont payé pour assouvir leurs fantasmes de dépravés. J'me débecte.

Depuis 8 mois, je note les noms, je photographie les visages, j'analyse les différentes allers et venues. Je remonte la pyramide, doucement mais sûrement jusqu'au sommet. J'ai dû batailler et casser quelques gueules pour m'imposer et qu'on me fasse confiance. Mais cela en valait la peine. Je suis respecté et on me fout une paix royale. Aussi, mon efficacité m'a permis d'approcher la plus haute tour du réseau.

J'ai besoin de faire une pause. J'appelle Rudy pour qu'il vienne me relayer à l'entrée. A son regard vicieux, je devine qu'il a encore mit ses salles pattes sur une danseuse. J'en peux plus de ces gros dégueulasses !

A l'intérieur, je rejoins le bar et m'assois sur un tabouret. C'est Brenda qui est de service ce soir.

-          Qu'est-ce que j'te sers beau brun ?

-          Comme d'hab. lui réponds-je

Elle me verse un Jack sans glace. Je le porte à ma bouche et apprécie la brûlure de l'alcool quand il coule dans ma gorge. J'observe la salle autour de moi. Une dizaine de danseuses fait le show. Elles exécutent des danses lascives ; certaines avec des barres de pôle dance, d'autres avec des chaises. Leur seul point commun, elles sont uniquement vêtues d'un string aussi minimaliste qu'un timbre-poste.

Les hommes se massent devant ces sirènes de la nuit. Certaines ont plus de succès que d'autres. On le devine au nombre de billets insérés dans leur lingerie. Le club a un succès d'enfer. Mais il a aussi sa face cachée. D'autres hôtesses conduisent quelques hommes derrière un épais rideau de velours pourpre. C'est le coin de la finition. Elle est plus ou moins vicieuse... tout dépend de qui passe de l'autre côté.

J'en ai assez de ce spectacle. Je retourne à mon poste. 8 mois que je ronge mon frein et que je garde les poings dans mes poches pour ne pas griller ma couverture. Ce n'est pourtant pas les occasions qui ont manqué d'éclater leurs sales tronches de pervers.

Je reprends mon poste et renvoie Rudy à l'intérieur. Une berline noire avec chauffeur approche. La tête pensante du réseau vient montrer le bout de sa truffe. Il sort sa carcasse de la voiture et s'approche de l'entrée. Il en impose ce Dimitri Povchek. Un russe à l'ancienne qui n'hésite pas à torturer et tuer sans le moindre remord. Il est à la tête d'un empire où règnent la drogue, les armes et la prostitution.

-          Salut Boss ! fais-je en le laissant passer.

-          Bonjour Ruben.

-          Paco vous attend dans la salle habituelle. Je continue. Et il a une petite surprise pour vous.

Il a un sourire carnassier sur les lèvres. Le pervers narcissique dans toute sa splendeur.

-          Rousse la surprise. Dis-je en lui rendant son sourire.

Sale enfoiré !

Quand je suis sûr qu'il a passé le rideau, j'en profite pour m'éloigner du bâtiment et aller me griller une cigarette. Je sors mon portable à l'abri des regards et envoie : « Qui veut la peau de Roger Rabbit ? »

Après coupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant