Chapitre 34

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Ruben

Devant mon mug de café, je me rappelle de mon étreinte avec Lina. Le moment était tendre et je me sens lié à elle par une force indescriptible. Je veux la protéger et lui procurer le bonheur qu'elle mérite. J'ai vraiment pris sur moi pour me détacher d'elle et la laisser. Mais elle a besoin de temps et j'attendrai jusqu'à ce qu'elle soit prête. Elle mérite que je me donne la peine.

Rasséréné par une nouvelle confiance, j'arrive au commissariat. Il y a longtemps que je n'ai pas été aussi serein en l'avenir. Je salue tout le monde haut et fort, sert des mains et mets des tapes amicales dans le dos.

- Qui êtes-vous ? Et qu'avez-vous fait de notre Monsieur Grognon ? me charrie Spencer.

Je le rabroue pour la forme. La bonne humeur est contagieuse et tout le monde prend part à la franche rigolade. J'apprécie de plus en plus travailler avec cette équipe. Ils ne me tiennent pas rigueur de mes sautes d'humeur et de mon caractère de cochon.

Au moment où je me dirige vers mon bureau, la sonnerie de mon téléphone retentit. Je viens de recevoir un message. L'expéditeur est inconnu. J'ouvre la pièce jointe et découvre une photo de Lina et moi. Elle a été prise l'autre soir. Nous sommes enlacés sur le trottoir. Lina a niché sa tête dans mon cou et je lui caresse le dos. Ce cliché me trouble. Je me remémore la sensation d'avoir tenu Lina au creux de mes bras. J'aime quand elle se laisse aller tout contre moi. C'est là qu'est sa place.

Cette photo n'est accompagnée d'aucun commentaire. Curieux. Qui a bien pu m'envoyer ce message ? Je n'aime pas ça et je sens qu'un truc cloche. J'enregistre la photo et la regarde une nouvelle fois avant de ranger mon portable dans ma poche.

Nous sommes appelés avec Spencer pour nous rendre sur le lieu d'un homicide. Un corps a été découvert par le tenancier d'un bar dans ses poubelles à l'extérieur.

Sur place, la scientifique est déjà sur le coup. Les collègues prennent des photos du lieu du crime et du macchabé. Je m'approche afin de constater l'étendue des dégâts. Je découvre un homme complètement défiguré. Le tueur n'y a pas été de main morte. Il a tabassé la victime avant de lui coller une balle entre les deux yeux. Il porte un costume très chic et a toujours sa montre hors de prix autour du poignet. Le vol qui a mal tourné est donc exclu. A y regarder de plus près, je remarque que le mec s'est acharné sur sa victime. Son visage est lacéré et sa bouche a été élargie jusqu'à ses oreilles. Le sourire de l'ange. Un vrai massacre. Heureusement que j'ai l'estomac bien accroché. Je ne peux pas en dire autant d'un collègue qui est en train de restituer l'intégralité de son petit dèj.

Je laisse mes collègues terminer de récolter les empreintes et le reste des preuves. Avec Spencer, nous allons interroger le patron du bar. Il nous explique qu'il ne connait pas du tout ce type. Il n'a rien à voir avec ses habitués. La victime devait sûrement fréquenter des endroits huppés.

- Je l'aurais remarqué s'il avait franchi la porte de mon bar, atteste le patron. Chez moi, c'est plutôt ouvrier et populaire, vous voyez ?

- Evidemment, reprend Spencer. Avant de découvrir le corps, avez-vous vu ou entendu quelque chose ?

- Non. Rien du tout. Je pense qu'il devait être là depuis un petit moment.

- Très bien. Si jamais un détail vous revient, n'hésitez pas à nous contacter.

- J'n'y manquerai pas.

Je retourne voir le responsable de la scientifique.

- Alors, vous avez trouvé l'identité de notre homme ? m'empressé-je de lui demander.

- Non. Aucun papier d'identité sur lui. Il n'a pas de portefeuille non plus. Vous allez devoir patienter que nous procédions à l'autopsie.

- Pas de problème. Appelez-moi dès que vous avez des infos.

En retournant rejoindre Spencer, mon téléphone émet un nouveau bip. Encore un message. Toujours l'expéditeur inconnu. Sur cette nouvelle photo, je découvre Lina en train de déjeuner avec Samia. Elles ont l'air heureuses et insouciantes. Encore une fois, il n'y a aucun commentaire. C'est vraiment bizarre. Je n'aime pas le sentiment qui m'envahit. Mes muscles se tendent presque instantanément. Il se passe un truc et je dois savoir ce que c'est. Ni une, ni deux, j'appelle Matthew.

- Salut mon pote ! grogné-je. Est-ce que tu peux te rencarder sur un truc pour moi ?

- J't'écoute.

- Depuis ce matin, j'ai reçu deux messages anonyme contenant des photos. Une de Lina et moi et une autre de Lina et Samia. J'aime pas ça.

- Ouais c'est bizarre. Tu peux me transférer les deux messages ?

- J'te fais ça tout de suite.

- Tu as pensé à quelque chose ?

- Rien de spécial pour le moment. Mais au cas où, garde ton téléphone auprès de toi.

- Ok. Je te fais signe dès que j'ai du nouveau.

J'essaie d'appeler Lina mais je tombe directement sur son répondeur. Fait chier. J'envoie alors un message à Seth pour lui demander si Lina est au bureau. Il me répond que oui et que la prochaine fois, il ne jouera pas les messagers. Sa remarque me fait sourire mais surtout, je suis rassuré de la savoir en sécurité. Je passerai la voir en fin de journée pour m'assurer qu'elle aille bien et la prévenir. On n'est jamais trop prudent.

Nous retournons au poste avec Spencer. Après avoir interrogé plusieurs personnes, nous devons retranscrire tout ceci sur nos fichiers. Ce n'est pas ce que je préfère dans mon métier mais c'est un mal nécessaire. Les messages continuent de me trotter dans un coin de ma tête. Même si je sais Lina à son bureau, je ne suis pas tranquille.

Je suis sorti de mes pensées par un appel.

- C'est Marty, de la scientifique.

- Alors, vous savez qui est notre homme ?

- Oui, ça n'a pas été très difficile finalement. Il était connu des services. Ses empreintes digitales ont parlé.

- Je suis tout ouïe.

- Il s'agit de Clément Bannier. Il se fait aussi appeler « Le Français ».

Putain, je connais cet enfoiré. Il était un habitué du club. Je l'ai souvent vu quand j'y étais infiltré. Avec son visage d'ange, on lui aurait donné le bon dieu sans confession. Pourtant, c'était lui le plus sadique avec les filles. Il aimait mutiler cette ordure. Au moins, il ne fera plus de mal. Il a été refroidi. Mais par qui ? Une fille qui aurait voulu se venger ? Il y aurait de quoi. Mais elles avaient bien trop peur pour se lancer dans une quête pareille. Qui d'autre aurait pu vouloir le liquider ? Ça ne sent pas bon du tout cette histoire. La personne qui l'a liquidé voulait faire un exemple. Le Français était un proche de Povchek et un de ses plus gros clients.

Mon portable se manifeste une nouvelle fois. J'espère que c'est Matthew qui m'apporte de bonnes nouvelles. Et si c'était encore un message anonyme. Cette fois, j'appréhende de le déverrouiller pour découvrir ce qui m'a été envoyé. Un frisson d'anticipation me parcourt l'échine. Un nouveau cliché s'affiche sur mon écran. Je découvre Lina qui gravit les marches afin de rejoindre son bureau. Qu'est-ce qu'elle est belle ! Puis un message s'affiche :

« J'espère que tu as eu le temps de l'embrasser une dernière fois avant de partir... »

Après coupsМесто, где живут истории. Откройте их для себя