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Le jeune blond s'installa sur une vieille chaise en fer, dans la pièce dépourvue de fenêtres. Le commissaire se massa le front en fermant les yeux, luttant contre le mal de crâne qui le prenait depuis cette nuit. Il sortit à nouveau son carnet et son stylo, avant de les poser méthodiquement sur la table.

— Bien, soupira-t-il. Tu confirmes être Pierre-Louis Berger ?

— ... Vous ne me reconnaissez pas ?

— C'est juste une formalité. Notre entretien est enregistré.

— Oui, c'est moi.

L'ami d'Austin baissa la fermeture éclair de sa veste et la retira, se sentant soudain submergé par une vague de sueur. L'inspecteur l'observa dans le blanc des yeux, ce qui le mit mal à l'aise. Au bout d'un moment, il bredouilla :

— Alors ? Vous avez du nouveau ?

Jenvier lui rit au nez, en sortant le portable d'Austin de sa poche.

— Ça, pour avoir du nouveau...

Il se racla la gorge en observant l'écran, et énonça :

— Je sais pas ce qui te prend. Retrouve-moi sur le parking de Décathlon à 15h. Personne d'autre n'est au courant, je te le jure sur la vie de Carla.

Le visage de Pierre-Louis se décomposa. Le commissaire lui adressa un faux sourire et ajouta :

— C'est daté du Dimanche 5 avril. Et Austin a accepté de te voir.

Le jeune blond déglutit, ne sachant où se mettre. Il balaya la pièce fermée du regard, cherchant à tout prix à éviter le regard de l'inspecteur. Mais ce dernier demeura immobile, la mâchoire serrée. Les mains jointes, il entremêla ses doigts et serra les poings.

— Tu sais que c'est grave, de mentir à la police...

Le rythme cardiaque de Pierre-Louis s'emballa. Sentant les larmes monter, il se canalisa et secoua lentement la tête. Jenvier se pencha vers lui et afficha une mine suppliante.

— Pourquoi est-ce que tu ne veux pas m'aider ?

Le jeune blond ne put réprimer une petite larme. Il bredouilla dans un sanglot :

— Vous ne comprenez pas. Il n'a rien fait de mal...

— Je ne crois pas que ton ami retienne cette petite contre son gré, assura le commissaire. Seulement, j'ai besoin d'aide pour le prouver. J'ai besoin de ton aide.

Pierre-Louis sécha ses larmes et croisa les bras, s'enfonçant dans sa chaise, et jaugea l'homme qui se tenait en face de lui. Il soupira en affichant un air désespéré, peinant à croire qu'il allait lâcher le morceau si facilement.

— Je suis allé le voir pour lui demander ce qu'il fichait. Il n'avait pas de but précis. Il voulait juste... partir, vous voyez. Cette gamine lui est tombée dessus après s'être enfuie de son foyer, je crois. C'est tout.

Jenvier s'empara de son stylo et remplit quasiment entièrement une page blanche. Après quelques secondes de réflexion à faire tournoyer son stylo, il fronça les sourcils.

— Il ne t'a pas dit pourquoi il se rendait vers le sud ?

Pierre-Louis haussa les épaules.

— Je vous l'ai dit. Il n'avait pas de but précis.

Un silence s'installa entre les deux hommes. D'abord hésitant à insister, L'inspecteur rabattit la couverture de son carnet et le replaça dans sa poche. Il jeta un coup d'œil à sa montre gousset et rangea le portable dans la poche arrière de son pantalon. Le jeune blond se gratta les avant-bras d'un air angoissé.

— Qu'est-ce qu'il va m'arriver ?

— Rien du tout, si tu m'as dit la vérité.

Il se leva et ouvrit la porte d'une poigne souple, en plongeant l'autre main dans la poche de sa veste.

— Quoi qu'il en soit, ils se mettent en danger, tous les deux. On doit les retrouver.

Pierre-Louis accourut vers la porte en acquiesçant brièvement. Il baissa les yeux en passant devant le commissaire. Ce dernier le retint par le bras.

— Je peux voir que tu me prends pour le méchant... J'essaye simplement d'être juste.

Le garçon hocha la tête d'un air triste et murmura :

— Ouais.

Il quitta la pièce, s'enfonça dans le couloir et poussa la porte du commissariat, sans jamais se retourner vers Jenvier.

Le Journal des VagabondsWo Geschichten leben. Entdecke jetzt