Mon COLOC... mon crush INTERDIT !

Chapitre 7 - Noah

Une fois sur le campus, je m'aperçois que j'ai neuf appels en absence d'Amélia... auxquels je choisis volontairement de ne pas répondre. Heureusement que j'ai désactivé ma position, sinon elle serait capable de venir à ma rencontre.

J'ai besoin d'être seul.

De réfléchir.

Ou pas...

J'ai besoin de la trouver, oui... Lui expliquer ma situation. Lui dire que notre vie va changer dans un avenir très proche. Je ne veux pas qu'elle l'apprenne de la bouche d'Amélia, tout à l'heure. Je me dois de le lui annoncer. C'est mon choix, après tout.

Et surtout, m'assurer que ce type ne lui veut pas de mal.

Tout autour de moi, des étudiants se pressent vers le parking. La journée touche à sa fin et il n'y a que Lucy pour faire des heures sup'. Combien d'entre eux se rendront-ils à une soirée tout à l'heure ? Combien partageront-ils un repas avec leurs pairs ? Combien s'éclateront-ils en se racontant les anecdotes de retour de vacances estivales ? Combien, hein ?

Un peu et cet imbécile pourrait lui proposer, après leur séance de boulot, d'aller boire un verre ensemble... Je me mets à rire jaune. Hors de question de laisser à cet idiot la possibilité de tenter sa chance. Car, oui, Lucy est canon. Elle risque d'attirer des regards affamés partout où elle passera. C'est sa force. Ça l'a toujours été, même avec quarante kilos de plus. Seulement, elle ne le remarquait pas. Peut-être, qu'à l'époque, les autres non plus ne le discernaient pas, mais pour moi, c'était évident.

Trop évident.

J'ai tenté de résister. De toutes mes forces. L'adage « on ne succombe pas à la petite sœur de son meilleur pote » représente un pacte sacré entre deux amis.

Dire que je m'imaginais bêtement pouvoir allier ces deux choses, que je croyais possible l'impossible. Même avec nos six ans de différence. Qu'est-ce que ça représentait au fond ? Une poussière microscopique à l'échelle de l'Univers. Cependant, à celle de Josh, cela n'aurait pas été possible.

Je ne saurais dire quand je suis tombé amoureux de Lucy. Vraiment amoureux, je veux dire. Au fond, je crois qu'elle m'a toujours perturbé depuis le jour où j'ai mis les pieds dans leur maison, la première fois, deux ans avant que tout s'écroule.

À la seconde où je l'ai vue, il s'est passé quelque chose d'indéfinissable. À ce stade, je ne me permettrais jamais de parler d'attirance sexuelle, de désir. Remettons les choses dans leur contexte, elle venait à peine d'entrer au collège, et moi, je m'apprêtais à terminer le lycée. Autant dire qu'une époque entière nous séparait.

Elle pétillait.

Ses yeux pétillaient.

Tout en elle pétillait.

Son regard, ses joues rondes, ses courbes pas comme les autres. Oui, c'est ça. Elle était elle, ne voulant pas ressembler à qui que ce soit. Son identité lui était propre : gourmande, anti-sportive, curieuse, bosseuse, elle ne cherchait pas à plaire ou à entrer dans des cases qui n'étaient pas les siennes.

Au début, je me sentais juste bien en sa présence. Un havre de paix dans ce monde de brutes. Ce que je préférais au monde ? Quand elle testait une nouvelle recette et me la faisait goûter. Dans ces moments-là, je ne sais pas ce qui lui plaisait le plus... Cuisiner ou attendre mon sourire ?

Les choses ont évolué aussi lentement que notre différence d'âge représentait un frein à toute relation – sans même mentionner Josh dans cette équation.