KAIROS | PLK

quinze.

Je ne pensais pas que fuir serait mon premier réflexe suite à mon rapprochement avec Mathieu, mais il fallait croire que ce monsieur m'apprenait des choses sur moi-même.

Quant à lui, si il y avait bien une chose qu'on ne pouvait pas lui reprocher, c'était sa persévérance. Il m'avait contacté tous les jours pendant les deux semaines qui suivirent et il avait passé de longues minutes derrière la porte d'entrée de chez Tenerife à attendre que je lui ouvre.

Puis, il avait fini par se lasser de me courir après comme un vulgaire clebard. Voilà deux jours que la voie était libre pour moi. Plus de message, plus d'insultes marmonnées derrière la porte d'entrée, plus d'appels ni de notes vocales en pleine nuit.

Et frappez moi si vous le souhaitez mais cela commençait déjà à me manquer, toute cette attention qu'il m'avait donnée ces derniers jours sans que je lui donne quoique ce soit en retour. J'étais conne et surtout terrorisée.

Il avait une copine, comment moi je pouvais me permettre d'avoir des sentiments pour lui ? J'avais été une petite parenthèse dans sa vie de couple toute pourrie, il était certain qu'il n'avait rien de mieux à m'offrir.

« Selva ! C'est mon exercice sur les expansions du nom qui te rend comme ça ?

Hugo claquait des doigts devant mes yeux en ricanant. Je secouai légèrement la tête pour reprendre mes esprits. Mathieu avait la faculté de me retourner la tête.

— Désolé, grimaçai-je, j'étais dans mes pensées. Bon on en était où ?
— Bah, c'est quoi une expansion du nom... je comprends pas.
— Il me semble que t'as eu un cours sur ce sujet aujourd'hui, non ? Je lui jetai un regard malicieux On peut savoir ce qui était plus intéressant que ta prof de français ?

Ma question provoqua l'hilarité d'Hugo et de son voisin de table qui semblait lui aussi dans la confidence. Je pinçais mes lèvres entre elles pour me retenir de sourire.

— Je visais la capuche de Louis avec des mentos. T'aurais du le voir quand il a voulu mettre sa capuche dans le couloir à la fin du cours, leurs rires redoublèrent
— Il pleuvait des mentos !

Je ne pus retenir mon sourire. Ces gars avaient de la suite dans les idées malgré leur jeune âge mais je ne pouvais pas me permettre de les encourager dans leurs bêtises. Je finis par secouer la tête pour désapprouver.

— Du coup, ce qu'on va faire c'est que je vais aller voir Malik et quand je reviens, dans une dizaine de minutes, tu auras trouvé ce qu'expansion du nom signifie et tu auras fini le premier exercice. C'est d'accord ?
— Mais Selva..., rechigna Hugo, avoue que c'était drôle !
— C'est d'accord ? Répétai-je en l'ignorant
— Oui... »

Ce fut à mon tour de ricaner en voyant sa tête de chien battu. Je laissais les garçons dans la salle de travail et me promenai dans le bâtiment à la recherche de mon collègue qui était aussi mon responsable. Je le vis alors en train d'effectuer quelques mouvements de danse avec un petit groupe. Je lui fis signe que j'allais fumer en mettant mes deux doigts à ma bouche. Il brandit son pouce en l'air alors je grimpais les escaliers pour récupérer mon paquet de cigarettes puis redescendit pour rejoindre le devant du bâtiment. Je me posai sur la première marche du perron.

Je sortis mon téléphone dans un premier temps et mon cœur se mit à battre plus rapidement en voyant que Mathieu m'avait envoyé un message datant de quelques secondes.

« On peut partager une clope ? »

Je fronçai les sourcils, dubitative. Puis je vis les trois petites bulles annonçant qu'il écrivait.