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Troisième blanc dans la salle. Finalement, ça pourrait bien devenir une habitude. Qu'il me laisse bouche bée, je veux dire.

- Une alliance ?
- Oui, une alliance !
- Écoute, Jojo... tu as l'air d'un garçon gentil et drôle mais...
- Mais ?
- Je n'ai que dix-sept ans, tu ne crois quand même pas que je vais me marier ?!

Voilà, c'est dit.

- Attends, quoi ?!

Maintenant, il rit à gorge déployée.

- On s'est mal compris, Melody. Quand je parle d'alliance, je ne parle pas de la bague de fiançailles ! Je parle de former une équipe temporairement pour maximiser nos chances de renverser les Traqueurs !
- Ahhh...

Oups, ça m'a échappé. Je plaque les mains sur ma bouche et, en comprenant mon erreur, je commence à devenir aussi rouge que Flash McQueen.
Et Jojo n'arrête pas rire, il est plié en deux.

- Désolée, j'avais mal compris...
- Oui j'ai vu ça ! réussit-il à dire entre deux fous rires.
- Bon, tu peux arrêter de rire, maintenant...

Et le voilà qui repart de plus belle.

- Excuse-moi, c'est plus fort que moi...

Il parvient à se calmer un peu.

- Tu as vraiment cru que je te demandais en mariage alors qu'on se connaît à peine ?
- Eh bien... Non... enfin, si, mais ça me paraissait bizarre...

Que quelqu'un m'arrête, je suis en train de m'enfoncer.
De son côté, Jojo semble avoir repris un minimum de contenance.

- Pfiou... désolé !
- C'est pas grave...
- Bon, parlons affaires ! Tu acceptes ma proposition ?

Là, ça commence à devenir sérieux.
Il faut que je choisisse bien.
Il est peut-être très sérieux, et, à nous deux, on pourrait parvenir à nos fins.
Ou bien il me tend un piège. C'est peut-être un test des Traqueurs pour vérifier ma fiabilité et ma loyauté. Si ça se trouve, c'est un Traqueur qui fait semblant de m'offrir son amitié pour s'assurer de mon entière dévotion à la mairie de New York. Et dans ce cas, si j'accepte la proposition, il se rendra compte que je fomente un plan de rébellion depuis le début, il m'amènera à ses supérieurs, et je me ferai juger, puis torturer, voire tuer et...

- Ola, doucement ! Je vois ton cerveau carburer à cent à l'heure ! Je ne te demande pas une réponse immédiate, prends ton temps pour y réfléchir. Enfin, si tu pouvais me rendre ton verdict avant demain, quand même...
- Oui, oui, laisse-moi cinq minutes, s'il te plaît.
- Aucun souci !

Je dresse mentalement la liste des pour et des contre. Et finalement... un argument l'emporte. Ce garçon s'appelle Joe, et il ressemble terriblement à Jojo le lapin. Et puis, il a l'air si gentil... il ne pourrait pas me trahir... si ? Bon, d'accord, c'est nul comme argument.
Oh, et puis zut ! Je n'ai rien à perdre ! Si je refuse, je serai condamnée à éradiquer toute ma vie ce qui me tient le plus à cœur : la musique. Si j'accepte... au mieux, on réussit à restaurer la musique à New York et je deviens chanteuse en organisant mon FGM (flashmob géant macarena) à mon premier concert. Au pire, je meurs. Mouais, c'est pas la perspective qui m'enchante le plus. Tant pis. Je préfère risquer ma vie pour ce que j'aime le plus, quitte à la perdre.
Alors j'ai fait mon choix.

- C'est d'accord !

Jojo, qui semblait profondément perdu dans ses pensées depuis quelques minutes, sursaute et un immense sourire vient éclairer son visage.

- C'est vrai ? Tu acceptes ?
- Oui. Je n'ai rien à perdre et un allié n'est pas de trop.
- Formidable ! J'ai hâte qu'on imagine des plans machiavéliques !

Et il part d'un rire digne des méchants de dessins animés. D'accord, je suis tombée sur un fou, en fait.
Avant de commencer à regretter, je lance un autre sujet de conversation.

- Et donc... tu veux renverser le gouvernement de New York ? Pourquoi ?
- Ah, c'est tout simple : je veux devenir maire, et c'est impossible de le faire autrement qu'en faisant un coup d'état. Et après, je deviendrai roi du monde ! Mwahaha !

D'accord...

- Vu la tête que tu tires, je suppose que tu m'as cru.

Je me suis encore fait avoir ?

- Tu es trop crédule, Melody, on va devoir bosser là-dessus !
- Alors c'est quoi, ta vraie motivation ?
- La même que la tienne ! Je veux rétablir la musique dans notre ville ! Et aussi dans le monde entier...
- Hein ?
- Quoi, tu n'es pas au courant ?

Il commence à me faire peur.

- Il n'y a pas qu'à New York que la musique est interdite. La loi s'applique à tous les continents de la Terre.
- Quoi ?!
- Autrement dit, tu ne peux chanter nulle part sur Terre. À moins que tu ne saches respirer dans l'espace.

Mon plan va s'avérer un peu plus compliqué que prévu.

SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant