Chapitre 17

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 Au vu de ce qu'avait dit la jeune prêtresse, Mélandrie avait insisté auprès des autres, et notamment de Camille, pour que les deux jeunes habitants des terres noires les accompagnent sans être enchaînés. La prétendante à la bravoure avait été plus que réticente, mais les arguments de la jeune ange avaient fini par payer et les deux adolescents marchaient à présent derrière Mélandrie sans entraves.

— Messagère ? Où nous dirigeons-nous ? questionna la prêtresse.

— Vers l'est. Là où se trouve la pierre de vent, répondit-elle.

— Mais nous n'y arriverons jamais ainsi ! À pied, cela prendra des jours ! Si nous passions par notre village, nous pourrions avoir des montures qui nous emmèneraient bien plus vite là-bas.

— Même si ça serait bien de pouvoir se déplacer rapidement, je sens que cette proposition ne va pas du tout plaire, grimaça Mélandrie.

Même s'il s'agissait de quelque chose de risqué vu l'hostilité des habitants des terres noires, elle savait qu'il s'agissait de la meilleure chose à faire. Elle traduisit donc la proposition de la prêtresse et ne fut pas déçue des réactions.

— Il n'en est pas question ! s'exclama Camille. Ce n'est pas parce que j'ai cédé pour les liens que je ne les considère pas encore comme des prisonniers. Nous n'irons pas dans leur village. Tout ce qu'on va y gagner, c'est de se faire tuer.

— De toute façon, nous allons devoir passer par une de leur ville un jour ou l'autre. Le cristal se trouve au beau milieu de la plus grande des terres noires ! Autant tester dans ce petit village si les arguments d'une prêtresse sont suffisants pour que nous ne soyons pas traités en tant qu'ennemis.

— C'est elle qui t'a parlé de la ville qui entoure de cristal ? Celui qui nous a parlé des terres noires n'en a pas fait mention, s'étonna Scyllia.

— Non je...

C'est vrai. Ni l'orc ni la prêtresse ne lui avaient parlé d'une telle ville. Et pourtant, elle avait deux images très claires en tête. La première était une vallée entourée de montagnes dont un grand nombre était creusé de grottes aménagées. La seconde était celle d'une ville aux habitations de un ou deux étages regroupées autour d'une grande pyramide d'où sortait un grand pilier de lumière.

— Il y a bien une ville autour de la pierre du vent, n'est-ce pas ? Demanda-t-elle aux habitants.

— Nous n'étions pas nés la dernière fois que les humains ont pu occuper ce territoire, mais de ce que les anciens m'ont appris, il y en a bien une. Vu que les ressources ne manquent pas, ceux qui y habitent n'ont pas besoin de se déplacer constamment.

— Il y a bien une ville, confirma Mélandrie.

— Mais faire ce test va-t-il vraiment être pertinent ? Questionna Alex. Nous allons dans un village d'humain alors que ça n'est pas eux qui habiteront dans cette ville et en plus ils connaissent ces enfants. La situation est clairement différente.

— Est-ce qu'il arrive que les autres races entrent dans un territoire qui n'est pas le leur ? Pour faire du commerce par exemple ? demanda la jeune ange aux deux adolescents.

— Vous voulez savoir si nous seront mal reçus par les autres peuples, c'est ça ? Devina-t-elle. Il y a un pacte entre eux. Si nous ne nous installons pas sur leurs terres, ça ne posera pas de problème, surtout si une prêtresse de la terre-mère vous accompagne. Cependant, vos habits font bien trop humains d'au-delà des montagnes. Je ne pense pas qu'ils vous laisseront tranquille. Vous attirerez trop l'attention et cela pourrait retarder votre voyage.

Ça, c'était un point qui pouvait aller dans leur sens. En se rendant dans leur village, ils pourraient y trouver des vêtements. Il ne restait plus qu'à convaincre Camille qui devait penser que tout ceci n'était qu'un stratagème pour les piéger. Pourtant, Mélandrie avait l'intime conviction qu'elle pouvait faire confiance à la jeune prêtresse.

Mélandrie tome 3 : Les terres noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant