- et comment compte-tu me ramener, exactement?
la brune sursauta. elle s'était perdue dans ses pensées, assez longtemps pour que sa voisine finisse son verre.
- en vous demandant votre adresse et en vous y amenant.
l'adulte fit vibrer ses lèvres sur un "pff" en laissant tomber sa tête contre le comptoir.
- veut pas rentrer.
- soyez raisonnable, vous n'allez pas dormir ici.
- j'ai arrêté d'être raisonnable à partir du moment où j'ai commandé mon deuxième verre.
la brune soupira. elle n'avait pas l'habitude de cette attitude de la part de son interlocutrice. il faut dire qu'elle jouait à la perfection le rôle qu'elle s'était imposé, tellement que ça en était presque devenu naturel pour elle.
- quoi, je t'emmerde? faut dire que c'est vraiment minable. soule, seule, au comptoir d'un bar. pathétique. souffla la châtaine.
sa voix s'était étranglée au fur et à mesure de ses mots, si bien qu'à la fin de sa prise de parole, elle avait les larmes aux yeux.
- s'il-vous-plaît, ne pleurez pas.
- oh, par pitié, tutoie-moi.
la brune cligna des yeux en reculant imperceptiblement. ce genre de comportement n'était pas cohérent. et tout ce qui n'était pas cohérent la déstabilisait. il faut dire que l'alcool n'était pas étranger à la demande.
la châtaine leva à nouveau son doigt, mais la brune posa sa main dessus et la rabattit avec douceur sur le comptoir avant que le barman n'ait pu voir quoi que ce soit.
- ça sera assez pour ce soir, non?
- passe-moi ta bière, au moins.
la plus jeune hésita. elle soupira et rompit le contact de leurs mains pour remettre une mèche de ses cheveux raides derrière son oreille.
- alleeez, après huit verres de whisky c'est pas ça qui va me mettre au tapis!
- vous n'êtes pas cohérente.
- s'il-te-plaaaaît!
la châtaine s'appuya au bras de la brune qui était vers elle, et celle-ci se crispa.
- vous n'êtes pas cohérente. d'un ton sec, froid et tendu.
la brune regardait droit devant elle et avait contracté la mâchoire. sentant qu'elle avait atteint une limite à ne pas dépasser, même si le whisky lui embrumait l'esprit, la châtaine rompit le contact physique et râla en louchant dans son verre vide.
- tu m'emmerdes.
la brune ne répondit pas, laissant s'installer un silence relatif, puisque la musique électro à présent emplissait la salle.
- qui êtes-vous vraiment? finit-elle par demander avec appréhension.
