chapitre 4

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Habillée d'une chemise et d'un pantalon trop grand pour moi, je me dirige vers l'arrière de l'orphelinat, avec Cassie évidemment. On va repeindre le bois du mur dont la peinture commence à beaucoup s'effriter. Nous posons deux seaux de peinture blanche à côté de nous et nous munissons de nos pinceaux.

- Allez, c'est partie, je fais.

On trempe nos pinceaux dans la peinture et au moment où nous nous apprêtons à peindre, le groupe des cinq garçons de tout à l'heure nous rejoint.

- Vous êtes pas les seules à vouloir gagner du fric les filles, fait Gary en déposant un énorme pot de peinture à côté des nôtres.

- C'est assez logique, répond Cassie.

Je détourne le regard et commence à peindre, en m'éloignant un petit peu d'eux. Pas que j'ai peur, mais je suis un petit peu mal à l'aise. Je grimace quand une odeur de cigarette me remonte jusqu'aux narines. Je tourne le regard et vois John en train de commencer à peindre pas loin de moi avec une cigarette à la bouche.

- Tu peux jeter ta cigarette s'il te plaît ?

Il me jette un coup d'œil et un sourire amusé prend place sur ses lèvres tandis qu'il s'approche de moi. Je recule et me retrouve vite coincée entre lui et le mur, sa fumée atterrissant droit sur mon visage. Il la prend entre ses doigts et dit :

- Pourquoi, ça t'pose un souci que j'fume à côté d'toi ma poule ?

Je fronce les sourcils.

- De un ça te bousille la santé, de deux ça sent extrêmement mauvais. L'odeur me dérange, alors je te prie de bien vouloir arrêter.

- Ouais, j'avais compris ça. Mais il y a un petit problème parce que tu vois, je m'en care de ce que ça peut te foutre.

Mes sourcils se haussent. Il a du culot ! Il mime un baiser avec ses lèvres avant de s'éloigner de moi et commencer à peindre, tout en se remettant à fumer. Énervée, je prends mon pot de peinture et m'éloigne loin de lui, puis me remets à peindre.

- Hey, moi c'est Rhett, mais tu le sais déjà, fait un des garçons en s'approchant de moi.

Lui au moins n'a pas de cigarette pendue à la bouche. Je hoche la tête pour toute réponse.

- Tu t'plaies ici ?

Je hausse les épaules.

- Disons que ça change. J'avais mes habitudes et mes repères dans notre ancien orphelinat. Le feu l'a engloutit sous ses flammes si subitement.

Il hoche la tête.

- Depuis combien de temps es-tu en orphelinat ? demande-t-il.

- Oh, trop longtemps. Et toi ?

- Depuis que j'ai trois ans.

- Oh.

Effectivement, ça fait long.

- Il y a souvent des visites ici ? je le questionne.

Il secoue négativement la tête.

- Quasiment pas. Une fois par mois grand maximum je dirai. Et sinon... ça te dirait de me rejoindre dans mon lit ce soir ?

J'arrête de peindre et me tourne vers lui d'un coup. Vient-il vraiment de me proposer une telle chose ?

- Euh... non merci.

Je récupère mon pot de peinture et m'apprête à m'installer ailleurs de nouveau mais il m'attrape par le bras.

- Excuse-moi, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, dit-il.

C'est un peu trop tard pour ça.

- Il n'y a pas de souci, je lui réponds.

Je tire sur mon bras et il me lâche. Je pars m'installer à côté de Cassie.

- Ils sont étranges les garçons ici. Ils sont tous comme ça dans le monde extérieur ?

- Je crains bien que oui. Sinon j'ai eu l'occasion de discuter un petit peu avec Gary, et je pense que ça ne va pas te plaire mais il a proposé qu'on aille en ville avec lui et les garçons demain, histoire qu'ils nous montrent les coins sympas et les boutiques de filles.

Je grimace. Je me serai bien passée de leur présence pour être honnête, mais mon amie a l'air trop heureuse pour que je ne dise quoique ce soit.

- Oh, c'est sympa de sa part, je réponds donc simplement.

1950's love storyWhere stories live. Discover now