Locklear #1

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(désolée du retard ! <3)

"Il y a quatre choses dont je me souviendrai toute ma vie."

Baptiste respira calmement pour retenir ses larmes, et reprit, le visage triste. 

"4 choses, dont trois cadeaux de la vie. Les quatre choses que je vais raconter aujourd'hui, devant vous. La première, se fut toi. Toi, ma Louise. C'était en été, les grandes vacances de 2019. Je m'en rappelle parfaitement, comme si cet instant datait d'hier. C'était le 4e jour de notre voyage de trois semaines avec Lucas. Nous étions à Monaco, plage Larvotto pour être précis, et c'est d'ailleurs depuis ce jour ma plage préférée. Lucas et moi étions accoudés à un bar, comme deux jeunes en vacances, tout en se plaignant de la chaleur étouffante de juillet. Et tu étais apparue. Telle une déesse, dans ton magnifique bikini bleu pâle que tu ressortais chaque année. Je me rappelle de tout. Du temps, des couleurs, du bruit, de la commande même, c'était un caïpirinha, boisson que je trouve toujours aussi infecte au passage, désolée chérie mais tu m'as toujours pas convaincu.."

Un petit rire nerveux lui sortit quand il pensa à toute les fois où Louise lui faisait goûter cette immonde boisson, espérant qu'il aime, en vain. Il continua en chassant ses souvenirs douloureux. 

"Excusez moi. Lorsque le barman t'avais tendu ton cocktail vert, tu allais partir, mais cette envie de t'aborder m'avait soudainement prise. Là, sur le moment, sans aucune information sur toi. Tu avais peut-être un copain ? Voir même une copine ! Et pourtant, moi, je pensais déjà à notre mariage. Ainsi, pour l'unique fois de ma vie, j'abordais une fille, qui me plaisait, sans avoir un gage, ou autre délibité du genre. Car toi, Lou', tu avais ce truc, cette aura qui m'attirait à toi. Mais comme je l'ai dit il y a quelques instants, c'était la première fois, et la dernière, que j'accostais une fille, et je ne savais pas quoi dire ni quoi faire. J'avais lancé un "Si tu veux un deuxième verre, viens me voir, je serai ravi de te le payer.", non sans bégayer à chaque voyelle, évidement. On avait soudainement tout les deux un gros coup de soleil sur les joues. La situation était assez embarrassante pour moi, mais tu m'avais répondu un  "Avec plaisir.", accompagné de ton magnifique sourire, faisant naître un sourire idiot sur mon visage bronzé.  Lucas s'était bien fichu de moi quand je lui ai raconté, en espérant que tu reviendrais. Et tu étais venue. 1h après ce drôle de moment. Lucas avait prétexté une soudaine envie de se baigner, nous laissant seuls." 

Un sourire triste se dessina sur les lèvres du brun, il devait tout à son ami pour cela. 

"Et étonnement, ce ne fut pas gênant, pas avec des blancs. Nos discussions étaient fluides, on apprenait à se connaitre. On se revit le lendemain, puis le sur-lendemain, puis durant des fêtes, et au final, tous les jours pendant deux semaines. Tu illuminais mes journées et mes soirées. 

Je ne crois pas au coup de foudre vous savez, bien que Louise m'ait prouvé le contraire, mais si vous y croyez, vous, cette expression nous résume parfaitement. 

Lors de notre retour et jusqu'à mars, tu hantais mes pensées, jour et nuit. Les discussions et les appels n'étaient pas assez pour moi, je l'avoue, et c'est pour cela que quand notre très cher président annonça un confinement, je t'invita pour le vivre ensemble."

Le gamer leva les yeux, et ses yeux croisèrent ceux de Lorène, la meilleure amie de la fausse rousse, celle ci pleurant silencieusement, à l'écoute de chaque mot de Baptiste. 

"J'en viens au deuxième moment. En effet, tu avais accepté ma drôle de proposition, pour que dès le lendemain de ce fameux appel, tu sautais dans le premier train et m'avais rejoint à Paris. Nos retrouvailles étaient dignes d'un film bien cliché comme tu les aimes, toi me sautant dans les bras en ayant lâché ta valise, et moi, le sourire jusqu'aux oreilles. C'était si peu comique vu la situation, mais on ne pouvait pas s'arrêter de rire comme deux idiots, au milieu de Montparnasse, sous le regard pressé et arrogant des parisiens.

Le premier mois ensemble m'avait confirmé à quel point ta présence m'avait manqué. Nous flirtions dans ce petit appartement, et mi-avril, sur ce canapé auquel nous passions la plupart de nos journées, nous nous étions embrassés pour la première fois. C'était la première fois que je ressentais quelque chose d'aussi fort pour une fille, et je remercie la vie chaque jour que tu sois entrée dedans. Car chaque jour je tombais un peu plus amoureux de toi, de tes mimiques, de tes âneries, de ton sale caractère, de ton corps, bref, de toi Louise.

La main de Baptise se crispa quand il prononça le nom de sa belle. Il utilisait le mal pour soigner son mal être, mais se tenir, là, devant tout les proches de sa bien aimée, le faisait trembler de tout son être. 

"La troisième chose est surement celle que je ne dirai pas devant les parents de Louise. Pas besoin de faire un dessin, je crois." 

Baptise et certaines personnes de la salle échappèrent un petit rire nerveux. 

"Navré d'avoir ça comme souvenir, M. et Mme. Duront."

Le jeune homme leva la tête, avec un petit sourire triste, et aperçût Lucas qui riait devant, et Lorène qui lui faisait les gros yeux, elle lui avait demandé, presque supplié, de ne pas dire ce passage à voix haute. Ses yeux glissèrent vers ceux des parents de Louise, son père riait légèrement, tandis que sa mère esquissait un petit sourire. Le seul but de ce moment était de détendre l'atmosphère, l'ambiance d'un enterrement n'est pas le meilleur, disons le. 

"Le dernier souvenir doit surement être un des pires moments de ma vie. Je m'excuse d'avance de l'exprimer devant tout le monde. Le 17 mars 2022. Comme la plupart d'entre vous le savent, j'ai un drôle de métier, je fais des lives sur internet, en jouant aux jeux vidéos, sur twitch. Et ce soir là, je bossais donc, quand j'ai reçu cet affreux SMS. "chéri, j'arrive dans 30 minutes, si t'as finis de live, tu peux mettre la table stp, je crève de faim ?". Message banal, que chaque couple peut recevoir lors d'un jour de semaine. J'arrivais donc à la fin du live, machinalement je prépare la table et range rapidement l'appartement, et je l'ai attendu. 45 minutes au lieu de 30, mais cela arrivait souvent, nous sommes dans le centre ville de Paris, les embouteillages sont un quotidien pour nous. Malgré tout, je l'appelle, inquiet. Quand il s'agissait de Lou' j'étais protecteur, quel que soit le moment, ou la situation."

Baptise sourit intérieurement, Louise lui reprochait sans cesse de trop en faire,  pas qu'il n'avait pas confiance en elle, mais qu'il tenait à elle comme à sa propre vie. 

"Elle m'avait répondu qu'elle arrivait dans 5 minutes, qu'elle était en bas de notre boulevard. Le plus dur dans tout ça, c'est que la dernière chose qu'elle est prononcée à quelqu'un, la dernière parole que j'ai entendu et retenu de ma bien-aimée, c'est "je t'aime mon coeur." Avec le recul, j'ai l'impression que c'était un adieu. Car oui Louise, c'est la dernière parole que tu as prononcé, avant que cette voiture, que je maudis chaque seconde depuis plus d'une semaine, te renverse et me fasse perdre la femme de ma vie. 

Cette voiture. Parlons en non ? Je ne pensais pas qu'un jour, une voiture me torturerait autant. A cause d'elle, j'ai perdu l'être le plus cher que j'avais, et je deviens fou. Je deviens fou, je vois son visage partout, chez nous, chez les autres, dans un lieu public, sur des pâtes, chaque annectode de nous, me revient. Oh, j'annonce également que je vends notre appartement. C'est dur, trop dur, de vivre quelque part où dans chaque pièce, chaque rue, chaque boutique, cela nous rappelle un souvenir. 

Lou' est surement la plus belle chose qui me soit arrivée, mais à l'heure où je vous parle, elle est surement la plus horrible. 

Je reprends mon discours en m'adressant à toi chérie,

Je t'aimais tellement, je t'aime tellement. Saches qu'on se retrouvera, là haut surement. J'espère que tu m'attends dans ton paradis, car tu es le mien."

Un silence s'abattit sur l'église. Un silence triste et profond. Les proches de Louise n'avaient jamais imaginé que quelqu'un parlerait de ce jour là, et encore moins son copain.

Quant à ce dernier, ses amis ne l'avaient jamais vu aussi mal en point qu'en ce moment là. Alors Lorrène et Lucas se levèrent, le prirent dans leurs bras, essayant d'atténuer ses larmes qui coulaient en silence. 

Personne ne pouvait comprendre ce qu'il ressentait, mais quand sa respiration se calma suite au geste affectif de ses amis, Baptise comprit. 

S'il devait attendre toute une vie pour la retrouver, il attendrait, et cette vie, il la vivrait pour elle, et seulement pour elle.

OS ZEventWhere stories live. Discover now