Chapitre 11

52 6 0
                                    

La soirée passe et je restais sceptique. Au début, j'avais pensé retrouver l'Adrian de la plage, mais j'avais trouvé l'Adrian qui m'avait collé un procès et je n'étais pas sûre de vouloir le revoir. Son attitude avait changé du tout au tout et je ne savais plus sur quel pied danser.

- Kiana, qu'est ce qu'il se passe ? me demande-t-il.

- Je suis désolée. Pour être honnête avec toi, j'ai la capacité de ressentir lorsque l'on surjoue. Et là, tout m'a l'air faux. J'ai l'impression que tu essaies de te donner une image face à moi. Tu sais que je suis militaire, ma vie professionnelle est assez dangereuse pour que je m'autorise une vie privée sincère et joyeuse. Et je n'ai pas l'impression qu'avec toi ça sera comme ça, que tu as une vie trop compliquée, froide et pas transparente.

Et là j'aperçois dans son regard une souffrance à peine voilée.

- Tu sais, dit-il doucement, je comprends, tout le monde pense ça de moi et j'en suis plutôt fier. J'ai pris du temps à fortifier cette image. Je me considère comme un prince maudit. Seul et fier dans sa tour d'ivoire et qui ne peut se permettre d'avoir personne de proche. Tu m'as dit une fois que du fait de ton métier, tu évites les relations, que ta famille n'a pas le choix que de t'accepter mais que tu ne voulais pas infliger ça à une personne. Sache que nous ne sommes pas si différents. Être si haut placé ne m'attire pas que des amis. Si tu savais le nombre de menaces de mort que je reçois. Ma sœur et ma mère ont constamment une garde rapprochée et moi-même je ne suis jamais seul. Tonio n'est jamais très loin. Je sais que tu penses que je ne suis pas entièrement sincère avec toi. Tu as peut-être raison. J'aimerais avoir une vie... simple et normale comme toi mais il y a des choses que je ne peux pas me permettre. Je pense que tu as raison, on ne devrait plus se voir.

- Pourquoi ce revirement ?

- Parce qu'aucune personne ne m'a vu plus de trois fois avec la même femme sinon quoi, elle attirerait le regard de beaucoup de mauvaises personnes.

- Et tu penses que j'ai besoin d'être protégée ? murmurais-je. Je peux me débrouiller toute seule.

Il tourna le regard vers la mer et garda le silence. Je l'observais et son visage était tiraillé par les souvenirs. Il voulait me dire quelque chose mais se retenait.

- Je ne vais pas fuir tu sais, dis le moi, qu'est-ce qu'il y a ? dis-je.

- J'ai été amoureux une fois, dit-il. J'étais jeune et con. Pour moi c'était la fille parfaite. Je me voyais finir ma vie avec elle.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé, demandais-je.

- Je n'ai pas réussi à la protéger. Elle est morte.

Il tourna la tête vers moi et sa douleur me transperça. Sa solitude était une bénédiction et une malédiction. De peur de perdre un être proche, il avait décidé de couper court à toute relation. Nous n'étions pas si différents. C'est pour ne pas me perdre que j'avais décidé de me recentrer sur moi. Je touchai ma cicatrice et baissa la tête. Peut-on réellement mener une vie normale quand la mort est notre compagnon de route ?

- Je suis morte une fois, dis-je calmement.

Il me regarda surpris mais n'ajouta pas de mots pour me laisser parler. Je portai la main à ma cicatrice et le regardai dans le blanc des yeux.

- J'avais perdu beaucoup de sang, entraînant une crise cardiaque. Je me suis sentie consciente, entendant tout ce qui se passait autour de moi alors que mon cœur s'était arrêté de battre. J'entendais les médecins qui criaient que je n'avais plus de pouls, ma mère qui s'était mise à crier de douleur et une lumière m'avait envahie. Je me sentais tellement bien et apaisée que je ne voulais pas en sortir. J'avais dix-sept ans et j'acceptais de mourir. Mais la vie m'a rappelé à elle. J'en ai eu mal et à mon réveil, j'avais décidé de tout quitter pour aller à l'armée. J'ai commencé pendant un an à m'entraîner seule. Et j'ai fait mon tatouage sur le cou avant de rentrer dans l'armée. Tout ça pour te dire Adrian, la vie est imprévisible et nous n'avons pas le contrôle dessus. On meurt tous un jour et peu importe les efforts que tu mettras pour me protéger, si je dois mourir, je mourrai. Et au contraire, si je dois rester pour construire ce monde alors je resterai.

Un peu de Love (En Réécriture)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora