3 - L'anniversaire

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Janvier 1970.


Mercredi . Aujourd'hui, il avait dix ans.

Quand Severus était petit, ses parents le lui fêtaient, son anniversaire. Il avait quelques souvenir. Ses parents autour de lui, un gâteau sur la table. Parfois, sa mère lui offrait un cadeau, mais ça, il s'en fichait. Ce qui manquait à Severus, c'était l'amour qu'il ressentait chez ses parents dans ces moments-là, l'affection qui l'entourait. L'impression qu'il était un être de valeur, qu'il méritait que l'on fête sa venue au monde.

Encore peu de temps auparavant, même s'il ne le fêtait plus depuis longtemps, sa mère n'oubliait jamais de le lui souhaiter. Elle pensait à lui, elle l'aimait. Mais c'était la troisième année d'affilée qu'elle oubliait complètement la date.

Eileen était déroutante. Par moment, elle débordait d'affection pour son fils qui le lui rendait en admiration. Mais par moment, elle était absente, sans intérêt pour lui. Ces dernières semaines, elle était triste, songeuse, apeurée, elle dégageait une léthargie qu'il avait du mal à identifier. Alors Severus était livré à lui-même, comme toujours.

Assis sur un banc du square – maintenant, il y entrait régulièrement, quand il n'y avait pas trop de monde – Severus contemplait une feuille morte qui voletait devant lui. Il avait toujours rêvé de faire bouger les choses par la force de son imagination. Et c'était possible, sa mère le faisait parfois, quand elle coupait les pommes sans toucher le couteau par exemple. Elle le faisait à chaque fois quand Tobias n'était pas là, mais lui aussi savait sûrement faire ce genre de choses.

La feuille morte était sur le point de tomber sur le sol. Elle tanguait, à quelques mètres au-dessus des gravier... Severus la regarda en se concentrant de toutes ses forces. La feuille tombait toujours vers le bas, un peu à plat, comme si elle était posée sur le vent mais qu'il n'était pas assez fort pour la soutenir. Le gamin, assis sur le banc, continuait de la fixer comme si sa vie en dépendait ; la feuille morte ralentit ; et cessa de bouger. Il leva les yeux, tout doucement ; elle tarda un peu à suivre son regard ; elle monta légèrement vers le ciel et enfin s'envola ; plus haut, toujours plus haut, avec le soutien émerveillé de Severus ; avant de redescendre lentement et de reprendre son rythme initial.

Severus se sentit capable de faire bouger les choses rien que grâce à son imagination.

SEVERUS ROGUE : Le sens d'une vie (ENFANCE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant