2. En un battement de cil

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De longues mains, gracieuses et fines, se promenaient dans les cheveux de Tatsuki. Gojo Satoru ne pouvait s'en empêcher. Il les peignait et les arrangait, souriant face à la couleur toujours blanches de ces derniers. L'idée qu'on pourrait la méprendre pour sa fille le faisait sourire. Il est vrai qu'ils se ressemblaient terriblement. Bien qu'elle était naïve et impulsive, encore loin d'être une femme, elle lui ressemblait.

- T'as bientôt fini ?

Un soupir exagéré de l'homme fût sa seule réponse.

- Tu comptes venir me peigner les cheveux tous les soirs ?

- Et tout les matins, si toi et Itadori arrêtaient de découcher.

Le jeune couple n'avait pas cessé, ces derniers jours. Ils avaient enchaîné les nuits blanches, rattrapant les baisers et les étreintes qu'ils avaient manqué. Du moins, ce qu'il pouvait se permettre. Aucun d'eux n'avait oublié ce que chacun abritait en soi. Et parfois, lorsqu'ils allaient trop loin, le dégoût prenait place. Atsuko ne s'était jamais plaint de leur proximité. Elle était toujours silencieuse, se contentant de profiter de pouvoir à nouveau voir et toucher. Sukuna, lui, bien au contraire ne faisait que se plaindre. Bien qu'il était capable de s'isoler et de se déconnecter lors de ces moments intimes, quel père accepterait que le corps de sa fille soit touché par un homme ? Car, en effet, Tatsuki ressemblait de plus en plus à Atsuko. Parfois, il semblait voir sa chevelure rouge, passait du coin de l'œil. Mais n'était ce vraiment qu'une illusion ? Les deux jeunes filles s'étaient unies. La mort et la vie ne faisaient plus qu'un. Qui savait quels conséquences cela pouvait avoir sur les deux âmes ? Seules Atsuko et Tatsuki savait. Elles le sentaient. Elles se sentaient se manger l'une l'autre. Mais jamais elles n'en avaient parlé, bien trop terrifiées de ce qu'il pourrait advenir. Et pourtant, elles savaient toutes les deux la vérité : la mort ne pouvait revenir à la vie. Le temps était compté pour Atsuko.

Face au miroir de sa chambre, Tatsuki profita de la solitude pour parler à son amie.

- Atsuko, j'ai une question qui me tourmente.

- Je sais. Comment je suis morte ?

- Oui...

- L'amour m'a tué.

Et elle arrêta tout mouvement. A l'intérieur d'elle, une vague de souvenirs, loin d'être les siens, l'envahit. Et les larmes coulèrent. Les siennes ou celles d'Atsuko, quelle importance ? Elle était juste brisée de savoir que le seul amour d'Atsuko l'avait fait autant de mal. Au point d'en perdre la vie.

- J'aurais du savoir que le seul homme à vouloir mon bien était mon père. Il est un peu brutal mais il est terriblement aimant, tu sais.

Près d'elle, dans le miroir, se trouvait le reflet d'Atsuko.

- Quand je serais parti, prends soin de lui. Il n'est pas mauvais.

Et sa gorge se serra. Pour la première fois, Atsuko avait évoqué son départ.

- On peut encore trouver une solution. Il suffit juste d'en parler.

- Non. Tu imagines, la souffrance et la peur que mon père va ressentir ? Je préfère qu'il y croit jusqu'au bout au lieu de chercher vainement, au point d'en devenir fou.

Tatsuki la comprenait, plus que quiconque. Elle était prête à lui prêter ce corps, qu'elle vive jusqu'au dernier instant. Qu'elle ressente la mer de nouveau. Que la sensation de la terre sous ses pieds soit bien réel. Que cet air inspiré, elle le sente traverser son corps. Tatsuki était prête à se donner, elle même, pour le bonheur de celle qu'elle considérait comme sa sœur.

Blanche - Tome 2 - Itadori x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant