3. En l'honneur d'un amour

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A l'ombre d'un chêne, le visage pleine de sueur, une tête rousse réalisait une énième création. Comme toujours, elle ignorait si cela allait marcher ou même si cela serait vraiment utile. Elle se contentait de créer, chose qu'elle adorait.

Et à quelques mètres, tremblant d'excitation et d'appréhension, un jeune homme se tenait silencieusement, l'observant. Il lui était impossible de bouger. Face à lui se trouvait Atsuko Ryomen. L'enfant maudit. Il aurait dû être terrifié. Et pourtant, il était fasciné. Fasciné de ce qu'elle représentait.
Au village, les anciens racontaient à quiconque voulait l'entendre que Sukuna Ryomen avait une fille, mi humaine, mi démon. Qu'elle était aussi grande que Goliath et aussi puissante que sept hommes. On disait qu'elle avait les yeux des tigres et la langue d'une vipère. Que ses cheveux étaient terriblement long, lui permettant d'étrangler ou d'attraper quiconque l'approchant.
Si la fille de Sukuna ressemblait à ça, alors qui était cette créature à la peau basanée, l'envoûtant à chaque mouvement qu'elle faisait ? En effet, Atsuko ne ressemblait en rien à cette créature démoniaque qu'on décrivait. Elle était élégante, un air insolent scotché au visage, ce qui n'enlevait en rien à la lueur presque pure dans ses yeux. Chaque geste semblait être empreint de grâce. Ce démon, comme on aimait l'appeler,  avait tout d'angélique. Certes, elle était différente. Une femme qui portait des pantalons, tel un homme, et maniait le bois encore mieux que les meilleurs menuisiers du pays. Les anciens l'auraient traité d'hérésie s'ils avaient vu cela. Quiconque l'aurait mal vu. Mais pas Ti-An. Il aimait cette vue presque illusionnel. C'était même, sûrement, ce qui l'attirait.

La foudre.

C'est ce qui avait frappé son cœur lorsque leurs regards se croisèrent. Était ce un sentiment possible à expliquer ? Il semblerait bien que non. Il ne savait lui même pas comment il se sentait. Son corps était engourdi mais si vivant. Il avait l'impression que chaque partie de son corps, chaque organe, était paralysée de la plus belle des façons.

L'angoisse.

C'était là ce qui désignait cette sensation. Un sentiment ambigüe que beaucoup ont du mal à interpréter. Il ne s'en rendait pas compte, bien au contraire. Il y voyait ces fameux papillons dont tout poètes parlait. Un mélange d'excitation et de peur. Mais surtout de peur. L'amour faisait il vraiment cet effet ? La vue de cette fille le rendait tout, sauf naturel. Elle était tel un collier autour de son cou, le serrant si fort qu'il en avait du mal à sortir un mot. Et pourtant, c'est ce que le monde appelait « amour ».
Était ce l'interdit qui l'attirait autant ? Il n'en avait aucune idée. Mais après tout, une histoire avec la fille du plus grand fléau de ce pays lui était impossible. Cela lui laissait le droit de rêver, pas vrai ? Juste rêver. Rêver d'une relation idyllique et aventureux. Il ne s'était cependant pas contenter de rêver. Après tout, un esclave n'avait aucun avenir, aucune possibilité de mariage. Alors, Atsuko était une porte de sortie. Elle représentait la liberté, le pouvoir. Elle représentait la terreur des Ryomen. Qui oserait contester si une relation se formait ? Il prit donc le peu de courage qu'il avait, et d'un ton peu assuré, il souffla :

- Offrande. Pour toi.

Tout en disant cela, il tendit devant lui un panier plein de légumes, fruits et sucreries en tout genre : l'offrande du village pour éviter le courroux des Ryomen.
A son tour, Atsuko était paralysée. Jamais un villageois ne s'était adressé à elle, en dehors d'Hinata, son amie la plus chère. Bien au contraire, on la fuyait. Il suffisait qu'on apercevait ces marques. Ti-An venait de briser cette habitude. Pour la première fois, elle faisait face à un homme, plutôt charmant, la regardant droit dans les yeux. Elle y voyait de la crainte. Mais surtout un passé si douloureux qu'il n'avait plus peur de prendre ce genre de risque.
Alors, d'un grand sourire, elle l'accueillit. Lâchant ses outils, la rousse se dirigea à grande enjambées vers Ti-An. En aucun cas, elle ne cachait son excitation. Elle ne faisait que le fixait, sous tout les angles, profitant de chaque détails qu'elle pouvait apercevoir.

Blanche - Tome 2 - Itadori x OCWhere stories live. Discover now