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SOCRATE est orphelin des plaisirs virils, il a passé quinze années à observer la pierre d'un homme sans visage, qui comblait sa tombe du baptême de la vie.

Il y avait au-dessus de dates le nom qui cachaient certainement le goût des femmes qui lui manque toujours, ces envies qui font tourner les yeux vers les corps de jeunes filles en maillots sur la plage, ou derrière la vitrine du café du coin. Voilà encore un adolescent qui cherchait la luxure à travers la mort.

Il n'est jamais tombé amoureux de sa mère, et n'a jamais fait comme les garçons disaient ; regarder les épaules albes d'une dame, coupées de bretelles de dentelles noires, et où dans le reflet de la coiffeuse, on voit les lèvres rouges mordre leurs yeux de biche.

SOCRATE ne mirait que ses rêves, il confondaient ses excuses et ses désirs dans des illusions, jusqu'aux premiers béguins innocents. Pourtant, tout le monde le savait ; c'était lui le plus sale des gamins, et voilà comment il a grandit sous quelques affiches qui décorent encore son prénom.

SOCRATE c'est un pédéraste privé d'amour paternel, un bourgeois vigoureux sevré de virilité dans des bras maternels, embrassé de la féminité de ses attirances sous les lèvres rustres de ses livres atroces.

Ce qu'il aime le rend laid, son âme est pourrie et on dit souvent qu'il transpire ses péchés ; il faut que son corps se torde contre une jambe, que sa langue s'enroule autour de poussières et que ses yeux s'auréolent de chagrin vermeil pour qu'il commence à expier ses vices misérables.

Sa mère avale les dents d'étrangers pour retirer la tristesse et les remords qui la drapent, les hommes la dénudent des horreurs maternelles que son fils lui fait subir. Elle préfère embrasser l'injustice d'amour manqué sur la bouche froide de corps sans tête, plutôt que de comprendre un enfant torturé et privé des bonnes choses.

Finalement, SOCRATE est juste un orphelin.

brûler la paixWhere stories live. Discover now