Chapitre 24 - Baiser et canapé

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Cinq jours, sept, quinze. Un mois que Harry est retourné dormir dans son dortoir et que Rogue se sent de plus en plus irritable. Il est presque redevenu le professeur craint qu'il a été ces dernières années, rongé par un sentiment inconnu qui le pousse à attendre Harry toutes les nuits alors que, de toute évidence, le garçon n'a plus besoin de lui pour se sentir apaisé.

Il devrait être content, il a enfin trouvé une potion qui permet à son élève d'éloigner les angoisses et les cauchemars, mais aussi absurde que ça puisse paraître, il avait fini par s'habituer à sa présence. Et maintenant que le Gryffondor a choisi de découcher, c'est lui qui ne dort plus aussi bien qu'avant.

Oh, il continue à le voir défiler à moitié nu dans son bureau tous les soirs pour ses soins, mais depuis un moment, il le trouve plus distant, comme s'il était à nouveau mal à l'aise en sa présence. Et bien que ça lui coûte de l'admettre, cette marche arrière dans leur relation l'affecte de façon significative.

— Severus, s'il vous manque, dites-le lui, tout simplement, au lieu de torturer cette pauvre plante. Si vous le lui demandiez, je suis sûr qu'il accepterait de revenir passer la nuit ici.

Sans même relever la tête, Rogue soupire.

— Je ne « torture » pas cette plante, Albus, je teste une nouvelle potion. Et il est évident que je ne peux pas demander une chose pareille à un élève. Avez-vous vraiment été le directeur le plus puissant et respecté de cette école ? grimace le professeur en jetant enfin un œil au fantôme de l'ex-directeur qui volette entre le salon et la cuisine, semblant chercher une occupation pour se distraire.

— Allons, Severus, vous l'appréciez, il vous apprécie. Où est le mal ?

— Je ferai comme si je n'avais rien entendu.

Soupirant à son tour, le fantôme, s'éloigne de l'homme et traverse le mur donnant sur les couloirs. Ce qui fait relever la tête, ainsi qu'un sourcil, à Rogue. Il ignorait que l'esprit pouvait s'éloigner de lui, il ne l'avait jamais fait jusque-là. Mais à peine a-t-il reporté son attention sur son ouvrage, que Dumbledore reparaît, l'air plus excité que jamais.

— Il est là, Severus ! Harry !

— Comment ça, « il est là » ? demande le professeur en posant son couteau, attentif, pour une fois, aux jérémiades du fantôme.

— Derrière cette porte. Il hésite à frapper.

— Il hésite...

Mais pourquoi diable cet abruti hésite-t-il ? Après s'être introduit chez lui toutes les nuits pendant des semaines, voilà qu'il fait le timide ? Quel Billywig le pique, encore ?

Abandonnant son chaudron, le Maître des Potions s'élance vers la porte, vite, avant que cet idiot de Gryffondor ne change d'avis et ne rebrousse chemin, et l'ouvre.

— Potter !

La main levée, prête à heurter la porte, et ce, depuis plusieurs minutes, déjà, Harry sursaute.

— Professeur ?!

Il le voit tous les jours, que ce soit en cours, dans la grande salle ou dans cette même pièce, au moment de ses soins, et pourtant, ce soir, dans la pénombre, le garçon semble différent. Il le regarde avec de grands yeux presque apeurés, et semble aussi peu sûr de lui que le jour où ils se sont rencontrés.

— Que faites-vous là, Harry ? Il est tard. Vous devriez vous reposer, ou mieux encore, étudier, les examens sont dans quelques jours.

— Justement, professeur... je...

Les Larmes du Phénix (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant