Chapitre 14

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PARTIE DEUX




"Ce qui ne peut dɑnser ɑu bord des lèvres s'en vɑ hurler ɑu fond de l'ɑ̂me."

                                                                                                   Christian Bobin
























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— Je vous présente Galeïon, la ville de lumière et de l'amour. Ici prospèrent joie, fidélité et romantisme. Comme vous pouvez le voir sur votre gauche, les maisons sont faites de pierres aussi claires que les pavés de cette cité. Nous les gagnons directement de nos ancêtres qui se sont évertués à construire des habitations aussi simples d'extérieures que sophistiqués de l'intérieur. Galeïon est connue pour sa beauté luxuriante qui fera briller vos yeux d'un millier d'étoiles.

Barentown paraît immonde face à Galeïon. Ici tout est clair, lumineux, comme plus vif. À Meridia, les villes sont sombres, cernées d'un épais brouillards en toute occasion. Le soleil se fait rare, les gens sont austères et peu vivables. Alors qu'ici, le petit peuple a l'air solidaire et abordable. Il n'y a pas de comparaisons à faire : les deux pays sont complètement différents.

Iveyis se tourne vers nous alors que nous remontons bientôt la fin de l'allée. Celle-ci débouche sur un long chemin bordé d'arbustes et de rosiers, bien plus rose que celles du château de sa suprématie. Le soleil passe à peine à travers les feuillages, ce qui rend le sentier un peu plus sombre qu'à l'intérieur de la ville.

— Nous arriverons tout droit au palais au bout de cette allée, déclare Iveyis en prenant le temps de marcher.

C'est comme si elle souhaitait que nous imprimions ces paysages majestueux dans nos esprits. Je finis par lâcher le bras du roi, gardant les miens le long du corps. Je le sens qui me jette un coup d'œil mais je préfère me concentrer sur la route. Je me sens idiote dans cette robe ridiculement bouffante. Ce corset me comprime la poitrine et les jupons me donnent envie de mourir tant il fait chaud. Je le déteste pour m'avoir forcé à porter cette horreur.

— Qu'est-ce qu'une ambassadrice ? demandé-je soudainement.

Je ne sais même pas si je suis autorisée à poser des questions, à prendre la parole mais Erkel ne semble pas dérangé par mon intervention. Enerkel, Erkel... Quel prénom bizarre ! Pour une personne bizarre, avouons-le.

Ivayis semble ravis de m'entendre poser des questions et répond en se tournant vers moi :

— Je suis comme la domestique principale de la maison. J'accueille les visiteurs, je prépare des apéritifs si nécessaires, rappelle les réunions auxquelles doivent assister Leurs Majestés, m'occupe d'entretenir la maison correctement, toutefois sans trop me surcharger !

Son rire est un chant pour mes oreilles. Elle ressemble à un ange flottant dans l'air. Cette femme est juste sublime et je me demande bien comment elle pourrait servir deux horribles souverains, comme le prétend Erkel. Il a dû me mentir. Areena et Maverick ne peut pas être si horribles !

— Je suis aussi la conseillère de Sa Majesté la reine, rajoute-elle doucement. Sa confidente, si vous préférez.

— Les autres sont-ils arrivés ? demande alors Erkel en interrogeant la maîtresse de maison.

— Pas encore, ils arrivent d'ici la fin de semaine. Vous êtes nos premiers invités, Leurs Majestés ont hâte de vois rencontrer !

Bien qu'elle soit d'une grande beauté et prestance, ses paroles sont comme... apprises. Automatiques. Ses sourires sont figés, ses yeux étincelants alors qu'elle avance avec grâce et légèreté. À côté de moi, Erkel fait tache avec ses vêtements noirs de la tête aux pieds. Derrière lui, Torin se contente de balayer l'horizon du regard d'un air suspicieux. Comme s'il cherchait une faille, une erreur dans le système.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 3Where stories live. Discover now