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Entre les quatre murs du grand salon, la musique et la lumière se mélangent l'une à l'autre, s'épousant pour cogner toujours plus fort contre les parois, et l'air tout entier devient brûlant.

Les fenêtres ouvertes pour laisser entrer le minuscule vent de l'été, le volume puissant des baffles hurlantes s'échappe jusque dans le jardin de la propriété, vibrant dans l'atmosphère et gavant les poitrines de son.
Perchés sur les meubles, quelques stroboscopes déjà bien fatigués jouent encore leur rôles, crachant des jets colorés sur la foule euphorique, et les ombres qui se dessinent entre les rayons des projecteurs baignent la maison d'une ambiance agitée.
Il fait chaud.

Sur l'imposante table en bois toute en longueur, des restes de repas survivent à la chute presque malgré eux, souvent bousculés par un verre posé là, une clope éteinte au hasard dans une assiette à moitié vide, et les cendres de cigarettes se mêlent aux flaques d'alcool renversé entre les couverts.
L'odeur singulière de la transpiration et de rhum naviguant à sa guise dans l'espace, quelques nuages de nicotine flottant au plafond sans trouver la sortie, la soirée pulse à son maximum malgré l'heure particulièrement tardive.

Sur une chaise, un téléphone oublié ici affiche un peu plus de trois heures du matin, l'écran collant de soda dégoulinant dans les haut-parleurs qui ne fonctionneront peut-être plus dans quelques minutes.

Sur le carrelage, tout un tas de bordel jonche le sol, une chaussure abandonnée, une serviette en papier malmenée par les semelles qui la piétinent depuis un bon moment, deux ou trois mégots soufflés par la musique, et les corps qui se déchaînent au dessus semblent ne pas s'en formaliser le moins du monde.
Collés les uns aux autres, se balançant au rythme de la mélodie grisante, leurs voix se soulèvent en même temps que les paroles du chanteur, jouant les chœurs désorganisés et pas toujours très justes.

Leurs bras au dessus de leurs têtes secouent leurs mains comme des vagues folles, les souffles accélérés par l'agitation brassent l'air toujours plus chaud autour d'eux et, en plein centre de la marée humaine, Mina hurle sa joie en crachant des insultes enjouées.
Ses cheveux tombant sur son front couvert de sueur, leur teinture rose électrique reflétant les éclats de la lumière autour d'elle, elle tourne sur elle-même en fermant les yeux, l'alcool faisant tanguer ses jambes dans le mouvement.
Sur son visage parfait, encore riche de sa jeunesse, des rougeurs apparaissent malgré tout à travers son maquillage, colorant ses joues échauffées, et une coulure de mascara brise l'harmonie de sa pommette gauche.

Comme beaucoup de ses amis ce soir, comme beaucoup d'autres de son âge, elle profite de la folie furieuse d'un samedi soir, la température élevée de l'été accentuant la sensation d'étouffement dans ses poumons à mesure qu'elle agite son corps sur la musique.
Dans son dos, un torse vient se calquer à sa colonne vertébrale, épousant les formes de sa cambrure, et deux mains masculines se glissent sur ses flans pour l'accompagner dans sa chorégraphie improvisée.
L'ivresse dans les veines, ses paupières s'ouvrent sur ses iris presque aussi noirs que ses pupilles, et un sourire fend son visage éméché quand elle perçoit le souffle d'Hanta sur sa joue.

Comme souvent dans ces moments là, il viendra bientôt plonger ses lèvres dans le creux de son cou, et il déposera une ligne humide sur sa peau.
Ses cheveux longs et bruns, détachés pour l'occasion, chatouilleront le galbe de son épaule, il mordra sa clavicule, et elle soupirera d'envie en se tournant vers lui.
Plus tard, elle invitera ses doigts sous le tissu de sa chemise déjà partiellement ouverte, pour effleurer ses abdominaux, elle caressera le relief de ses muscles, et elle se penchera près de la ligne de sa mâchoire pour l'entendre geindre de satisfaction.

Comme souvent, le samedi soir, elle finira sa nuit entre ses bras, elle refermera ses cuisses autour de son bassin, et elle ouvrira la bouche pour lui demander de la prendre un peu plus fort.
N'importe où fera l'affaire, même si cette maison n'est pas la sienne, ils s'enverront sûrement en l'air dans la première pièce qui croisera leur chemin, et si l'urgence les secoue trop, alors ils baiseront même dans les escaliers devant la porte.
Quand le soleil se lèvera, ils se rhabilleront, et ils se salueront comme des amis.
Comme les fois d'avant.

Breαthe meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant