De Charybde

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Après une bonne nuit de sommeil, Clélia se réveilla paisiblement, alla prendre son petit déjeuner et s'habilla. Un début de journée somme toute normal, mais elle ne savait pas pourquoi, elle sentait que cette journée allait très bien se passer. Elle prit son sac et ses affaires, puis se rendit gaiement au collège. Elle arriva un peu retard puisqu'elle ne serait pas réveillée à l'heure mais ce n'était pas grave, elle eut tout de même le temps de passer au casier pour déposer quelques affaires. Les deux premières heures de cour de la journée se sont très bien passés, les professeurs étaient souriant et les élèves plutôt silencieux. La journée parfaite. A la récré, elle alla gentiment voir Arthur pour prendre de ses nouvelles et pour savoir s'il avait moins mal à l'épaule. Mais en chemin, elle croisa le regard noir de Rose. Cette dernière se décala volontairement pour pousser Clélia.

« Oh excuse-moi Rose, s'excusa la jeune fille.

- Toi... Faut qu'on parle deux entre quatre yeux.

- Oui qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu lui veux quoi à Arthur ? Il est à moi je t'ai dit, ne t'avise plus de l'inviter chez toi ou de lui faire un câlin, ou ça pourrait très mal se terminer.

- Mais je n'ai rien fais de... commença-t-elle

- Tais-toi, je ne veux pas t'entendre. N'essaye pas d'être aussi proche de lui, sinon je saurais te le faire regretter.

- Rose je...

- Silence ! Je t'ai demandé de te taire ! Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

- Oui...

- Fais bien attention, ça pourrait très mal se terminer pour toi si tu t'approches encore de lui. J'ai les moyens de te détruire, tu comprends ce que je te dis espèce de sous-être ?!

- Oui... articula difficilement Clélia en penchant la tête vers le sol.

- Ne t'approche plus de lui. »

C'était presque certain. Cette journée commençait trop bien pour être réellement bien. La douleur qu'elle ressentait était immense, elle venait définitivement de perdre son amie. Elle n'avait jamais été très proche, probablement à cause du caractère moqueur et sarcastique de Rose, mais la douleur de la perdre était bien réel. Elle s'attachait sûrement trop aux gens. Fichue sensibilité ! Les larmes commençaient à monter, il fallait se retenir. Elle repensa à toutes leurs sorties entre amie, où Rose et elle discutait, parlait de leurs problèmes, de musique, d'acteurs, de séries... Elles proches pourtant, mais tout ça venait de finir. Pourquoi la vie était-elle si injuste ? Elle qui ne faisait rien de mal et qui faisait de son mieux pour aider les autres et être gentil, elle se retrouvait toujours dans des situations impossibles. Mais, plus que de se retrouver seule, Clélia eut une autre peur, bien plus grande. Elle était terrifiée à l'idée de perdre Arthur, puisque Rose lui faisait la tête. Clélia craignit de compromettre la relation qu'il y avait entre Rose et Arthur, et avait horriblement peur qu'Arthur ne veuille plus lui adresser la parole. Ce sentiment d'incertitude, de ne pas savoir si elle pouvait encore le regarder dans les yeux sans avoir honte, de ne pas savoir si elle avait détruit ou non leur relation, ce sentiment lui faisait vraiment très mal. Comme d'habitude, Rose était avec Capucine, Rosélia et Violette, alors Arthur était seul, appuyé sur ce fameux arbre. Elle le vit au loin, de dos, comme d'habitude. Mais cette fois ci, elle n'osa pas s'approcher. De peur qu'il lui reproche ce qu'il se passait sûrement Rose. Elle savait que c'était lâche de fuir ainsi ses problèmes, mais elle ne se sentait réellement pas capable de les affronter aujourd'hui. A cause des évènement récents lié à Rose et Lucas, Clélia chutait dans un puits sans fond, et se demandait quand sa chute allait s'arrêter. Mais elle ne savait pas que cette descente aux Enfers était loin de s'arrêter. Elle passa le reste de la récréation à penser au fait qu'elle venait de perdre une amie de longue date, et qu'elle allait peut-être perdre un de ses seuls vrais amis. Cette journée qui avait si bien commençait virait au cauchemar. A la cantine, la nourriture était odieuse, les professeurs qu'elle avait aujourd'hui n'était pas aussi souriant que les deux premières heures, et les minutes passait si lentement... Clélia avait beau espérer, cette journée ne faisait qu'aller de pire en pire. Elle trouva un peu de réconfort dans le cœur de madame Dubois. Elle était très gentille. Et puis surtout elle était jeune, elle comprenait mieux les élèves. Elle avait 28 ans, on lui en donnait 25. Au-delà de ça, c'était une professeure géniale. Elle avait su rendre le français passionnant aux yeux de Clélia. Et c'était par ailleurs la cour où les yeux d'Arthur s'illuminait. Il savait déjà tout, les formes de poèmes et de lettres, les figures de styles, il connaissait tout et pourtant on voyait des étoiles dans ses yeux. Peut-être qu'elle avait déjà lu ses poèmes ? Elle n'en savait rien. Elle lui demanderait sûrement. Enfin, si elle n'avait pas trop peur d'aller lui parler. A la récréation, elle vit Capucine au loin. Sa meilleure amie depuis plusieurs années, si gentille et toujours là pour elle. Elle marcha vers elle, et sourit quand elle vit que son amie marchait également vers elle. Elle s'apprêta à lui sauter dans les bras, quand celle-ci la repoussa violemment.

« Tu te prend pour quoi toi sérieusement ?!

- Mais Capucine qu'est-ce que j'ai... commença Clélia, troublée

- Ça t'amuse de rendre Rose triste ? Lâche un peu son mec sérieusement t'es qui pour rendre mon amie aussi malheureuse ? Et t'ose encore venir me prendre dans les bras après nan mais sérieusement, s'énerva la meilleure amie de Clélia.

- Mais j'ai juste... tenta-t-elle de dire avant d'être encore interrompu.

- Mais tais-toi ! Tais-toi à la fin tu m'énerve ! Des années que tu viens pleurnicher sur mon épaule quand ça va pas, tu m'agace ! Et ne t'avise pas d'aller quémander du réconfort auprès d'Arthur. Si Rose se sent encore mal à cause de toi ça ira très mal Clélia.

- Capu je... Je suis désolé.

- Pas autant que moi » dit-elle sèchement avant de faire demi-tour et de retourner vers son groupe d'ami.

Elle venait de perdre... Elle venait de perdre sa meilleure amie. L'amie qu'elle aimait le plus, celle à qui tenait le plus, celle en qui elle avait une confiance absolue. Rose voulait donc vraiment détruite ce qu'il y avait de plus précieux pour elle, tout en l'éloignant d'Arthur. C'était terrible, elle ne savait plus quoi faire. Elle voyait Arthur, au loin, et hésitais à aller le voir. Lui savait toujours quoi dire, il avait toujours les mots pour calmer son angoisse. Mais le sombre nuage de Rose planait au-dessus d'elle. Elle avait peur de ce que Rose pourrait encore faire. Elle marchait, perdue comme une âme errante dans la cour, et senti soudain une présence chaleureuse. Une main bienveillante se posa sur son épaule. Elle reconnue Arthur.

« Eh Clélia, tu vas bien ? T'as l'air un peu perdue.

- Je... Je vais bien oui. Laisse-moi.

- Tu es sûre que ça va ?

- Je t'ai dit de me laisser ! Vas t'en ! » dit-elle tout en se retournant, tremblante et essayant de contenir ses larmes.

Arthur semblait déconcerté, et préféra s'éloigner. Clélia marcha quelques mètres, pour s'appuyer contre un mur, et fondit en larmes. Elle était tiraillée et savate que peu importe la décision qu'elle prendrait elle serait mauvaise. Elle sèche ses larmes, en espérant que la fin de la journée se lasserait mieux que le début.

Entre deux infinisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant